CPME Sud : Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général nationale revient sur les dossiers des retraites et de l’assurance chômage

Publié le 18 juillet 2019 à  8h24 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h05

La CPME Sud et son président Alain Gargani viennent d’accueillir Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CPME nationale qui est longuement intervenu sur les réformes des retraites -le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye s’apprête ce jeudi à annoncer ses propositions pour réformer le système de retraite français- et de l’assurance chômage et, sur l’importance qu’il accorde au paritarisme. Un paritarisme qu’il veut voir refondé.

A droite Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire généralde la CPME nationale a été reçu par Alain Gargani, président de la CPME Sud au centre entouré des membres de celle-ci. (Photo D.R/CPMESUD)
A droite Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire généralde la CPME nationale a été reçu par Alain Gargani, président de la CPME Sud au centre entouré des membres de celle-ci. (Photo D.R/CPMESUD)

Alain Gargani, le président de la CPME Sud, se félicite de la venue du secrétaire général de la CPME nationale: «Il a pu rencontrer des organisations territoriales et des fédérations et syndicats de métiers pour évoquer les grandes questions auxquelles nous sommes confrontées». Jean-Eudes du Mesnil du Buisson entrera directement dans le vif du sujet en insistant sur trois points: l’ambition de son organisation de pousser le gouvernement à infléchir sa position sur la réforme de l’assurance chômage et de faire entendre la position des entrepreneurs dans la réforme des retraites. Il avancera également qu’il est urgent de refonder de manière urgente et profonde le paritarisme, ajoutant: «Il est important pour moi de confronter les solutions que nous proposons à ceux qui font remonter les problèmes, à partir du terrain». Alain Gargani rappelle, en ouverture de l’échange, le poids des TPE-PME: «99,9% des entrepreneurs français sont à la tête de TPE-PME. Et, parmi elles, 150 000 sont adhérentes de notre organisation ce qui représente 3 millions de salariés. Pour notre seule région Sud 70 000 TPE-PME sont adhérentes représentant 210 000 salariés». «Les chefs d’entreprises ont besoin de choses simples: de business, de la croissance et de la confiance. Nos adhérents peuvent compter sur nos cellules d’experts et sur les événements que nous organisons pour échanger sur leurs expériences et leurs difficultés», assure-t-il.

Assurance chômage: «la lettre de cadrage du gouvernement était telle que nous ne pouvions pas trouver un accord»

Une fois la représentativité affichée, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson peut avancer sur les propositions de la CPME. Il déplore en premier lieu: «L’échec des négociations sur l’assurance chômage. Nous n’avons pas trouvé d’accord car la lettre de cadrage du gouvernement était telle que nous ne pouvions pas trouver un accord». Il explique : «Si le gouvernement croit qu’en taxant les entreprises qui créent des emplois en CDD il va permettre la création d’un plus grand nombre de CDI il se trompe. Il ne fait qu’augmenter les charges des entreprises et c’est un mauvais coup porté à l’emploi». Alain Gargani ajoute: «l’emploi, la formation, l’inadéquation entre l’offre et la demande sont des sujets récurrents qui nécessitent une réponse globale. Il y a notamment des personnes qui refusent un CDI pour des problèmes de transport ou de garde des enfants, il y a aussi des problèmes de compétence. Il faut trouver des réponses à ces questions en termes de formation, d’accompagnement». La CPME se dit d’autant plus choqué que le secteur public ne sera pas concerné par cette mesure. Jean-Eudes du Mesnil du Buisson dénonce ensuite la dégressivité de l’indemnisation des plus hauts salaires que le gouvernement veut instaurer «alors qu’il n’y a pas de chômage chez les cadres à ce niveau de salaire». Et de s’interroger sur le mécanisme: «Si on réduit l’indemnisation sans réduire les charges patronales cela revient à une augmentation des cotisations». Rappelle que dans le même temps: «Nous avons trois millions de chômeurs qui perçoivent des indemnités alors que nous cherchons du personnel. Comment ne pas voir qu’il y a notamment un problème de formation? Et la réponse du gouvernement en ce domaine nous inquiète. Nous avons la sensation d’un retour au jacobinisme avec des lourdeurs administratives que cela implique alors qu’il importe de s’adapter au terrain, d’être réactif. Comment également ne pas voir qu’il faut accompagner les entreprises à la transformation numérique. Les banques sont certes là lorsqu’il s’agit d’acheter un robot mais il n’y a plus personne lorsqu’il est question de former le personnel.»

«On a besoin de corps intermédiaires»

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson en revient à l’importance qu’il accorde au paritarisme «car dans une société on a besoin de corps intermédiaires, de lieux d’échanges, de zones tampons. Le paritarisme est utile quand le chacun pour soi est construit pour les plus gros, pas les plus petits. Mais trop de mécanismes retirent des responsabilités aux gens autour de la table. Il faut certes avoir une feuille de route de l’État mais après les partenaires sociaux doivent prendre les décisions». Puis d’en venir à la réforme des retraites. «Un ballon d’essai vient d’être lancé par le Haut-Commissariat à la réforme des retraites. Il ne nous convient pas pour plusieurs raisons dont la première est que l’on ne peut pas financer l’ensemble du système par les seules réserves du privé et, d’autre part, si la réforme doit se traduire par une explosion des cotisations des indépendants cela ne va pas manquer de poser également un problème». Et de mettre en exergue les propositions de la CPME: «Si nous approuvons l’idée d’un système universel nous souhaitons que l’on distingue d’une part un régime de base, sorte de premier étage, applicable à tous les actifs avec les mêmes règles et d’autre part un deuxième étage complémentaire, distinct pour chacune des trois catégories d’actifs que sont les salariés du secteur privé, les travailleurs non-salariés, y compris les professions libérales et les salariés de la fonction publique ou ceux relevant des régimes spéciaux».

«L’âge légal d’ouverture des droits à la retraite doit être relevé de 62 à 63 ans»

Puis d’avancer un certain nombre de propositions: «L’âge légal d’ouverture des droits à la retraite doit être relevé de 62 à 63 ans, de manière claire et transparente. Et ce sans entrer dans les mécanismes complexes de décotes et de surcotes car c’est déjà suffisamment complexe pour ne pas le rendre encore plus». La CPME souhaite que le calendrier de convergence sur l’âge minimal légal d’ouverture des droits à la retraite des régimes spéciaux soit accéléré et le cumul emploi retraite maintenu. «Enfin le mécanisme de mise en retraite d’office d’un salarié pourrait être ramené de 70 à 67 ans».
Michel CAIRE

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