Aix-en-Provence. Pharaon, Osiris et la momie au musée Granet : mystères, beautés, croyances de l’Égypte ancienne

Publié le 25 septembre 2020 à  9h15 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h13

Jusqu’au 14 février 2021, le Musée Granet d’Aix-en-Provence abrite une exposition hors du commun «Pharaon, Osiris et la momie». On peut y découvrir la collection égyptienne du musée aixois, qui est digne des plus grands musées égyptiens du monde, des œuvres issues des collections du Louvre ainsi que des musées d’Avignon, Marseille, Guéret, Lyon, Turin, Heidelberg ou encore Leyde. Cette exposition de dimension internationale bénéficie du commissariat scientifique de Christophe Barbotin, conservateur général au département des antiquités égyptiennes du Louvre et de Bruno Ely, conservateur en chef du musée Granet.

Christophe Barbotin présente l’exposition devant le colosse de pharaon debout, sculpture de l’époque ramesside (XIIe-XIIe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Christophe Barbotin présente l’exposition devant le colosse de pharaon debout, sculpture de l’époque ramesside (XIIe-XIIe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Une planche spectaculaire de l’ouvrage Description de l’Egypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’Armée française (Photo Michel Egéa)
Une planche spectaculaire de l’ouvrage Description de l’Egypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’Armée française (Photo Michel Egéa)
Haut de pilier osiriaque. Fin de la XVIIIe dynastie (fin du XIVe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Haut de pilier osiriaque. Fin de la XVIIIe dynastie (fin du XIVe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)

On a souvent qualifié Aix-en-Provence de belle endormie. Mais en matière de collections égyptiennes, il faut croire qu’entre deux siestes, quelques collectionneurs éclairés n’hésitaient pas à acheter bas reliefs, vases canopes, ouchtebtis et autres amulettes en provenance de la vallée du Nil. D’importantes et superbes collections ont été ainsi constituées entre le XVIe siècle, témoin du regain d’intérêt des érudits pour l’Antiquité et le XIXe siècle qui vit se succéder les expéditions menées par le général Bonaparte. Fauris de Saint-Vincens, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, François Sallier, François-Marius Granet, Bourguignon de Fabregoules, entre autres, ont constitué, en leur temps, de somptueux cabinets de curiosités rassemblant leurs «emplettes» égyptiennes et levantines. C’est pour étudier les papyrus de Sallier, hélas partis depuis vers le British Museum, que Jean-François Champollion séjourna par deux fois à Aix-en-Provence en 1828 et en 1830… Des collections qui, dans leur totalité ou partiellement, sont venues constituer le fonds égyptien du Musée Granet. C’est ce fonds, qui n’était plus sorti des réserves depuis 1995, qui est mis à l’honneur. 153 objets le composent et sont présentés au long de trois salles thématiques enrichis d’une cinquantaine d’objets prêtés.
Fragment de stèle dédiée à Osiris et aux divinités associées.  Probablement règne de Séthi 1er (vers 1264-1279 av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Fragment de stèle dédiée à Osiris et aux divinités associées. Probablement règne de Séthi 1er (vers 1264-1279 av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Momie de Varan du Nil. Epoque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Momie de Varan du Nil. Epoque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Cercueil de Ptahirdis (VIIe siècle av. J.-C.)  et momie (Xe-XIe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)
Cercueil de Ptahirdis (VIIe siècle av. J.-C.) et momie (Xe-XIe siècle av. J.-C.) (Photo Michel Egéa)

Au sein de la première salle consacrée aux collectionneurs aixois, où le visiteur est accueilli par un portrait de François Sallier, on se penchera sur une illustration de l’ouvrage Description de l’Égypte, ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’Armée française. On peut y voir plusieurs monuments qui étaient visibles en Égypte rassemblés sur une seule gravure. La deuxième salle est consacrée à Pharaon, Osiris et aux dieux d’Aix-en-Provence. Dès l’entrée, c’est le colosse d’un pharaon debout, en granit rose, qui impressionne. Tout autour est disposée la statuaire des serviteurs du royaume, prêtres, fonctionnaires et scribes. La deuxième partie de la salle, consacrée à Osiris, Isis et Horus, mérite qu’on s’y attarde. Le regard sera bien entendu capté par le spectaculaire haut de pilier osiriaque, grande figure d’Osiris, mais il ne faudra pas passer à côté de ce qui est, pour nous, l’une des grandes pièces de l’exposition, un fragment de stèle à Osiris et aux divinités associées, merveille de sculpture. La troisième partie de cette deuxième salle est consacrée aux cénotaphes érigés par les dignitaires autour du tombeau d’Osiris à Abydos, aux autres dieux présentés à Aix et au culte des animaux. C’est cette dernière thématique retiendra toute l’attention du visiteur avec, en pièce maîtresse et unique, la momie d’un varan du Nil qui fait désormais partie du fonds égyptien du musée Granet après avoir été exhumée des collections du feu muséum d’histoire naturelle de la Ville. D’autres objets, témoins de la zoolâtrie en vogue dans l’Égypte tardive, sont à découvrir avec attention et surprise, comme ce sarcophage de poisson ou les momies d’un ibis et d’un petit crocodile. La troisième salle, la plus spectaculaire, est consacrée à la tombe et au culte rendu au mort pour sa survie éternelle. Si tous les objets exposés sont dignes d’intérêt, il va sans dire que le cercueil de Ptahirdis et la momie qu’il contient, appartenant au musée Granet, et les 18 mètres linéaires du Livre des morts de la dame Tabaakhet, conservé au Louvre, peuvent être considérés comme les deux pièces maîtresses de cette déambulation studieuse et surprenante au cœur d’un univers très souvent source de fantasmes… Pharaon, Osiris et la momie ne sont pas prêts de les faire s’éteindre.
Michel EGEA

Pratique. Jusqu’au 31 octobre, du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures ; du 1er novembre au 14 février, du mardi au dimanche de 12 heures à 18 heures. Fermeture hebdomadaire le lundi ; fermeture annuelle les 1er janvier et 25 décembre – Informations au 04 42 52 88 32 – museegranet-aixenprovence.fr

Un étage didactique

La visite se poursuit au 1er étage du musée dans un esprit plus pédagogique, ludique et de vulgarisation en direction de tous les publics grâce à des dispositifs numériques réalisés spécialement pour cette exposition. Ainsi, trois sections se développent selon trois thématiques différentes : la vie après la mort par le moyen d’une vidéo et de textes présentant la conception de la mort dans l’Égypte ancienne. La thématique importante de l’écriture sera abordée dans la deuxième section avec la présentation exceptionnelle des fac-similés de papyrus de l’aixois Sallier (chez qui se rend par deux fois Champollion), l’occasion de revenir sur la formidable aventure du déchiffrement des hiéroglyphes. Le 3e temps fort sera consacré à la présentation des restaurations d’objets parfois spectaculaires de la collection égyptienne du musée Granet, comme l’Osiris en bronze qui sera accessible aux malvoyants, mais aussi de la momie du varan du Nil, pièce exceptionnelle, qui sera présentée en 3D. Un espace sera dédié aux enfants avec des jeux et des projections de films. Le parcours se terminera par la version pédagogique du jeu «Assasin’s Creed» édité par Ubisoft accessible au public. L’exposition ainsi conçue cherche à toucher un public très large fait d’amateurs de la civilisation égyptienne et de dispositifs multimédia pédagogiques.


BD et Musée – Regards croisés

À l’occasion de l’exposition Pharaon, Osiris et la momie, et dans le cadre de l’opération menée par le ministère de la Culture «BD 2020, La France aime le 9e Art », le musée Granet s’associe aux Rencontres du 9e Art pour proposer un dialogue entre bande dessinée et collections d’Égypte antique. L’illustrateur Djilian Deroche est invité au musée pour une rencontre et animer une série d’ateliers afin de partager ses expérimentations menées lors de la réalisation de son livre «Les Dieux de l’Égypte». Dans le même temps, une exposition imaginée à partir de l’univers graphique de Djilian Deroche et de son livre publié aux éditions De La Martinière Jeunesse nous invite à découvrir autour de grands tirages, l’intégralité des illustrations originales qui présentent les principales divinités de la mythologie égyptienne à travers leur histoire et leurs combats, leurs points forts et leurs points faibles, leurs symboles, les mythes qui les entourent et tout ce qui constitue leur légende.
Pratique. Du 28 septembre au 24 octobre, au Lieu 9 – Office de Tourisme d’Aix-en-Provence, du lundi au samedi de 8 h 30 à 18 heures. Fermé les dimanches et jours fériés. Entrée libre

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