Le Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée (CMI) met en évidence les obstacles à l’intégration économique et politique des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Publié le 29 avril 2013 à  5h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h49

Le 5 avril dernier, le CMI a rassemblé environ 70 représentants du monde universitaire, de la société civile ainsi que des représentants d’institutions internationales de développement afin de discuter des conclusions du nouveau rapport de la Banque Mondiale intitulé Opening Doors: Gender Equality in the Middle East and North Africa. Une rencontre qui fait suite à la présentation officielle du rapport à Beyrouth en mars dernier.

Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région MENA  (PHOTOS PATRICIA MAILLE-CAIRE)
Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région MENA (PHOTOS PATRICIA MAILLE-CAIRE)
Tara Vishwanath, économiste principale au Département de la réduction de la pauvreté et de la gestion économique
Tara Vishwanath, économiste principale au Département de la réduction de la pauvreté et de la gestion économique
Nada Tarbush, de la Délégation Générale de Palestine auprès de l'Union Européenne, la Belgique et le Luxembourg
Nada Tarbush, de la Délégation Générale de Palestine auprès de l’Union Européenne, la Belgique et le Luxembourg
Hiba Chreim Saleh, coordinatrice au Liban du Réseau Méditerranéen contre la traite des femmes ainsi que Ahmed Ben Ghazi, Directeur Général d’Axis Capital et ancien Président du Conseil Stratégique au CMI (2010-2012)
Hiba Chreim Saleh, coordinatrice au Liban du Réseau Méditerranéen contre la traite des femmes ainsi que Ahmed Ben Ghazi, Directeur Général d’Axis Capital et ancien Président du Conseil Stratégique au CMI (2010-2012)

Le rapport a été introduit par Inger Andersen, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région MENA, qui souligne que la vague de changements qui déferle sur la région depuis deux ans offre des occasions pour promouvoir l’égalité des sexes, mais induit aussi des risques de retour en arrière. Comme l’écrit Inger Andersen dans l’avant-propos du rapport : « Il n’y a pas que sur les places publiques où la contestation s’est installée, nous avons vu des femmes dont les aspirations évoluent rapidement mais sont de moins en moins concrétisées… C’est certainement là un problème important auquel nous devons faire face tandis que la région subit de profondes mutations ».
La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a déployé des efforts admirables au cours des quatre dernières décennies pour réduire les inégalités entre les sexes, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Mais, paradoxalement, ces investissements dans le capital humain ne se sont pas accompagnés d’un accroissement de la participation des femmes à la vie économique et politique, et le taux d’intégration des femmes au marché du travail dans la région MENA est inférieur de moitié à la moyenne mondiale.
Le rapport souligne que, dans la région MENA, les créations d’emplois dans le secteur privé ont été trop limitées pour absorber le nombre important et croissant de jeunes demandeurs d’emploi. De plus, dans cet espace déjà étroit, les femmes ne peuvent rivaliser sur un pied d’égalité. Les jeunes femmes sont confrontées à des taux de chômage pouvant aller jusqu’à 40 % dans beaucoup de pays de la région. Pour les responsables de l’action publique, l’un des défis essentiels consistera à créer un ensemble important et diversifié de possibilités d’emploi pour les femmes et les hommes.
Même si l’on crée des emplois, il faut engager des efforts ciblés sur plusieurs fronts pour accroître la participation des femmes à la vie économique et politique, et ces efforts doivent être adaptés à la situation de chaque pays. Cela nécessite de modifier les politiques pour obtenir l’égalité des femmes au regard de la loi, de s’attaquer aux insuffisances et aux inadéquations en matière de compétences, et de promouvoir résolument la participation économique, civique et politique des femmes.
Tara Vishwanath, économiste principale au Département de la réduction de la pauvreté et de la gestion économique, a exposé un ensemble de recommandations à partir des conclusions du rapport : « Certains pays vont devoir combler les inégalités qui subsistent entre les sexes dans les domaines de l’éducation et de la santé, et améliorer la fourniture de services », déclare-t-elle. « Tous les pays vont devoir développer activement des possibilités économiques pour les femmes en supprimant les obstacles à leur participation à la vie active et en encourageant l’esprit d’entreprise. Il est également important de donner plus de poids à la voix des femmes et de garantir leur accès à un système juridique équitable ». Le rapport rappelle que l’élaboration de politiques efficaces dépendra du contexte national et devra s’appuyer sur les faits et les données disponibles.
De nombreux participants à la rencontre se sont accordés à dire que la diffusion d’un tel rapport arrive à un moment opportun pour la région MENA et ont souligné la nécessité de mobiliser le potentiel de ses femmes. Selon Nada Tarbush, de la Délégation Générale de Palestine auprès de l’Union Européenne, la Belgique et le Luxembourg, « la persistance des normes patriarcales nécessiteront des efforts émanant de la société civile, incluant notamment des campagnes de sensibilisation et d’information sur l’égalité de genre. » De telles actions restent en effet cruciales selon Hiba Chreim Saleh, coordinatrice au Liban du Réseau Méditerranéen contre la traite des femmes ainsi que Ahmed Ben Ghazi, Directeur Général d’Axis Capital et ancien Président du Conseil Stratégique au CMI (2010-2012).

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