Lâché par le monde politique de la droite et du centre, qui a préféré se ranger derrière Martine Vassal, Frédéric Collart, professeur en chirurgie cardiaque va continuer sa campagne sous le label de son parti « Marseille à coeur ». Une campagne en solitaire, à côté des partis, mais « avec le soutien des Marseillais que je rencontre lors de multiples réunions». Entretien.

Le 26 septembre 2024 vous avez organisé votre premier meeting dans une salle comble aux Docks des Sud. La dynamique semblait être au rendez-vous mais elle est retombée comme un soufflet…
Ma volonté de faire campagne avec un projet transpartisan, porté par la société civile, a reçu l’assentiment de la population en général car les gens en ont marre de la politique telle qu’elle est pratiquée. Mais il n’y a pas eu d’adhésion du monde politique, qui est resté dubitatif. On n’a pas le même logiciel. Le poids des partis l’a emporté et Martine Vassal emmènera les couleurs de la Droite et du Centre.
J’imagine que c’est une déception. Mais pensiez-vous vraiment que les leaders politiques de la région pourraient vous soutenir ? Vous n’avez pas péché par naïveté ?
Pas du tout. A l’automne 2024, Renaud Muselier avait indiqué qu’il n’irait pas à la mairie de Marseille. Martine Vassal disait qu’elle ne voulait que la Métropole.
Alors vous vous êtes dit, Marseille c’est pour moi ?
C’était en tout cas une possibilité, il y avait un espace. Depuis, Renaud Muselier s’est engagé aux côtés de Martine Vassal et aujourd’hui, elle veut être à la tête de la Ville et de la Métropole ! Quand on connaît la lourdeur de la gestion d’une ville comme Marseille, le cumul est, soit dit en passant, invraisemblable. Je vous rappelle qu’en décembre dernier, les sondages n’étaient pas très bons pour elle. Dans ces sondages, en cas de soutien de la droite et du centre, je faisais presque jeu égal avec elle.
Vous vous doutiez qu’en lançant votre parti « Marseille à coeur» en 2022 et en effectuant votre premier grand meeting en septembre 2024 l’avenir n’allait pas être pavé de roses ?
Le monde politique n’ouvre pas facilement sa porte à la société civile, je l’ai découvert. Sans se déclarer chacun veut y aller, obtenir ou garder son poste. J’en ai été victime.
Aujourd’hui vous êtes lâché par tous ceux qui étaient à votre meeting en septembre 2024. Ils se sont rangés derrière Martine Vassal. C’est une déception ?
Je n’ai pas de regrets, je vis une aventure exceptionnelle avec de multiples rencontres. J’ai un comité directeur d’une cinquantaine de personnes, on travaille sur des thématiques. « Marseille à coeur » compte un millier d’adhérents.
Mais cela ne suffira pas pour gagner une élection. Il faut être soutenu politiquement. Là c’est une campagne en solitaire.
Mon entourage y croit. Moi je suis plus cartésien, je me doute qu’il faut une dynamique des partis pour l’emporter. Mais il est encore trop tôt pour savoir si notre campagne va prendre. Si on va combler notre déficit de notoriété. Les Marseillais vont s’y intéresser 3 ou 4 mois avant le premier tour. Alors attendons. Nous allons commander des sondages pour voir où « Marseille à coeur » se situe. Après on verra quelle stratégie mener.
Si je comprends bien, vous êtes candidat… mais pas officiellement
Je me déclarerai officiellement dans plusieurs semaines. Je devrais me mettre en disponibilité de l’hôpital entre la mi-octobre et la mi-novembre. En fonction des retours sur le terrain, qui sont bons, et des sondages, je verrai si je me retire ou si d’autres candidats représentent mes attentes. Mais je ne me maintiendrai pas si je n’ai aucune chance de l’emporter au risque de créer une division, même si je suis en dehors des partis.
Vous êtes conseiller départemental sans étiquette mais proche du centre droit, si vous n’y aller pas, vous pourriez rejoindre Martine Vassal ?
Je travaille avec elle au Département mais je ne m’engagerais pas avec elle si son projet ne représente pas ma vision de Marseille sur le fond et sur la forme.
Vos trois priorités sont l’ordre, la justice sociale et l’ambition. La présidente de la métropole coche déjà quelques cases ?
Oui, mais quand je parle d’ordre cela ne se limite pas à la sécurité. Je veux une remise en ordre des compétences des collectivités locales. Les déchets par exemple ce n’est pas à la Métropole de les traiter mais aux mairies de secteurs pour être au plus près des problèmes des citoyens. En ce qui concerne la justice sociale, je suis un humaniste, je veux qu’on offre un destin aux plus jeunes des cités, qu’on ramène de l’emploi dans les quartiers. Enfin que le logement social soit une vraie priorité.
Un pied à droite et à gauche en quelque sorte…
Une mairie ne se gouverne pas à droite ou à gauche, il faut une vision beaucoup plus large. En tout cas c’est ma vision de la politique d’une ville.
En conclusion vous poursuivez vos réunions politiques et vous annoncerez votre candidature officielle d’ici la fin de l’année à condition que la mayonnaise prenne. Dans le cas contraire vous vous retirez ou vous rejoignez Martine Vassal si forme et fond de son programme vous conviennent ?
Je ne veux pas être le candidat d’une aventure qui n’a pas de sens. En revanche si une dynamique se créée ces prochaines semaines, si l’idée d’une candidature de la société civile prend et que des sondages me placent en bonne position, les choses peuvent évoluer. Mes troupes y croient mais encore une fois j’irai si la possibilité d’être maire s’offre à moi. Dans le cas contraire j’en tirerai les conséquences. Je ne suis pas là pour faire perdre quelqu’un. Je ne me réveille pas en voulant être maire à tout prix.
Joël BARCY