La colère gronde à l’Ehpad du Clos Saint-Martin – qui fait partie de la douzaine d’établissements, pour personnes âgées et vulnérables gérées, par l’association l’Entraide. En effet, à la mi-septembre les résidents et leurs familles, tout comme les gestionnaires, ont appris par la télévision la fermeture administrative de l’établissement. C’est la stupeur et l’incompréhension dans cet Ehpad qui compte alors 73 résidents. Un collectif des familles s’est créé pour s’opposer au transfert, parfois à 40 km, de résidents âgés.

Incompréhensible

Le lieu est paisible au cœur de cette petite ville des Bouches-du-Rhône mais la colère est profonde. Pour les familles cette décision de fermeture apprise par les médias est incompréhensible. Les autorités de contrôle reprochent un défaut de qualité et une mauvaise gestion des risques. Depuis, deux administrateurs judiciaires se sont succédé. Le dernier en date, indique dans un courrier, être chargé d’organiser le transfert de l’ensemble des résidents vers l’un des 75 établissements répertoriés dans un périmètre de 40 km. 125 places ont été identifiées annonce la missive.
« On refuse »

Depuis cette annonce à la mi-septembre un collectif des familles s’est créé. La volonté est de s’opposer farouchement à la fermeture de cet établissement qui est à proximité de leur domicile et leur permet de rendre facilement visite à leurs parents. « Nous habitons tous près de nos parents et nous vivons avec eux dès lors qu’ils sont ici, relate Régine Velly, la fille d’une résidente. Moi je vais promener mon chien et je viens faire coucou à maman. S’il fait un rayon de soleil, je prends deux ou trois dames de l’Ehpad, je les mets dehors et je discute avec elles. Cela fait de la détente et de l’entretien et ça les pousse vers le haut. S’ils les mettent à 50 km je ne pourrais plus faire cela. » « Ma mère ne pourra pas le supporter, enchaîne Claude Escriva. On habite à 7 km d’ici, elle a de la visite tous les jours, si on l’envoie dans un établissement à 40 km ce ne serait plus possible et donc cela l’isolerait et elle ne tiendrait pas le coup. »
« Très déstructurant »

Les résidents ont majoritairement entre 90 et plus de 100 ans. Les 2/3 ont encore toute leur tête selon le collectif, ce transfert dans un lieu inconnu à cet âge pose un réel problème de repères que le collectif dénonce. « C’est très déstructurant pour nos familles, confie Carole Fournier-Withef, la présidente du collectif. Personnellement, ma mère cela la contrarie énormément. J’estime que c’est une maltraitance psychologique et on pourrait même aller vers un tribunal pour ça car c’est vraiment de la maltraitance psychologique. »
Mise à niveau

Les familles estiment qu’elles sont les mieux à même de vérifier la situation de leurs parents au sein de l’Ehpad. « Nous sommes là souvent, tout n’est pas parfait comme les salles de bains qui ne sont plus adaptées mais nos parents sont bien ici. Ils ont de nombreuses activités. Alors plutôt que de fermer, qu’ils mettent progressivement les chambres à niveau plutôt que de transférer nos parents à des kilomètres », estime la présidente du collectif. Les familles font bloc, elles n’ont visiblement jamais été aussi soudées. Elles ont mandaté un avocat et compte faire un recours contre la décision de fermeture prise par l’ARS et le département des Bouches-du-Rhône
Reportage Joël BARCY
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