Marseille. Plus de 6 000 personnes en marche blanche « Justice pour Mehdi » sur fond de narcotrafic

Plus de 6 000 personnes se sont rassemblées samedi 22 novembre à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, 20 ans, abattu dix jours plus tôt. Organisée par sa famille et l’association Conscience, fondée par son frère Amine Kessaci, la mobilisation -encadrée par un important dispositif de sécurité -a mêlé recueillement et colère, sur fond de soupçon d’assassinat d’intimidation visant le militant anti-drogue.

La « marche blanche » s’est tenue sur le lieu même du meurtre, au rond-point Claudie-Darcy, baptisé en mémoire d’un policier tué en 1994. Vêtus de blanc pour beaucoup, les participants ont défilé en silence avant plusieurs prises de parole. L’ampleur de la mobilisation en fait l’une des plus importantes de ces dernières années dans la cité phocéenne contre le narcotrafic. Des rassemblements ont également eu lieu dans une vingtaine d’autres villes françaises, signe d’une émotion qui dépasse Marseille.

Au cœur de la journée, la famille Kessaci a alterné hommages et messages d’alerte. La mère de Mehdi, Ouassila Benhamdi, déjà endeuillée par la mort d’un autre fils en 2020, a appelé à mettre fin à « l’emprise meurtrière » des réseaux. Amine Kessaci, désormais protégé par la police, a demandé un sursaut collectif face à la peur imposée par les trafiquants. Plusieurs habitants ont évoqué un quotidien étouffé par les points de deal, les fusillades et l’insécurité.

La marche a aussi pris une dimension politique. Des élus locaux et des responsables nationaux de bords différents ont fait le déplacement, dont la présidente de l’Assemblée nationale, illustrant une volonté affichée de « faire bloc » contre le narcobanditisme. Une présence transpartisane qui souligne le sentiment d’un tournant : pour ses proches comme pour une partie des autorités, la mort de Mehdi s’inscrit dans une logique d’intimidation visant son frère, devenu figure de la lutte citoyenne contre le trafic.

En toile de fond, Marseille reste l’un des épicentres français du trafic de stupéfiants, marqué par une violence armée récurrente. L’enquête sur la mort de Mehdi se poursuit, confiée à des services spécialisés, tandis que le gouvernement promet de durcir la réponse contre les réseaux criminels. Pour les proches de la victime, cette marche blanche devait surtout rappeler que les familles et les quartiers refusent de « s’habituer » à ces morts.

La rédaction

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