Sheila au Grand Théâtre de Provence, voilà un événement pour le moins inattendu. Le lieu étant davantage destiné à recevoir des concerts de musique classique, des productions d’opéra, des spectacles de danse mais ce soir-là il a vibré au son de la variété disco, rock, funk.

Sheila au GTP a touché le public . (Photo : Darius Salimi)
Un public venu en nombre a passé la moitié de la soirée debout, battant des mains, et parfois dansant sur les sons très appuyés qui entouraient la chanteuse. Cela aussi était atypique! Moins étonnant le lien d’amour que l’ex-vedette aux couettes -jugeant que « l’heure de la sortie était le meilleur moment de la journée » et qui lançait dans un de ses titres « Je t’aime pour ton sourire, je t’aime pour ta douceur, je t’aime pour tout ce qui est dans ton cœur »- a noué avec ses fans. Qui étaient-ils venus applaudir d’ailleurs ? La star à l’énergie folle qui malgré ses quatre-vingts ans a toujours la pêche et une énergie incommensurable de débutante ? Ou eux-mêmes se retournant sur leur jeunesse en ces temps où ils célébraient l’école qui était finie ? Un peu des deux en fait. « Bang Bang » par exemple se rappelant avec qui il ou elle a entendu ce tube planétaire, et combien il ou elle demeure ému de le chanter à tue-tête avec Sheila en personne. D’émotion la chanteuse n’en a pas donné beaucoup sur ce titre, choisissant une version très rock, comme tout l’ensemble du concert en définitive.
Deux heures de show
Durant presque deux heures, l’artiste s’est déployée de long en large sur la scène du G.T.P. d’Aix-en-Provence, où un son appuyé habillait l’ensemble. Entourée de musiciens complices : à la guitare : Anthony Magloire La Grève, à la basse : Philippe Gonnand, à la batterie : Cédric Affre, placés sous la direction musicale et les guitares d’Eric Azhar qui est son compagnon dans la vie, accompagnée par la choriste Severine Caparros, Sheila a commencé la soirée par une entrée en chansons de son nouvel album intitulé « A l’avenir ». Un opus où elle fustige le racisme, dénonce avec « La rumeur » la calomnie concernant son identité dont elle fut victime, et y parla de l’amour qui ne rime pas forcément avec toujours. C’est de la belle ouvrage dans sa réalisation, sans être forcément inoubliable. Quelques titres en anglais, dont une reprise, parapluie en mains de «Singin’ in the rain » un dialogue constant avec le public, invité à se lever et à danser, (ce qu’il fit), Sheila a le sens de la scène et sa voix n’a pas tremblé. On peut regretter cependant un certain manque d’ampleur dans le propos et un accompagnement musical par trop bruyant. Il n’est pas efficient me semble-t-il de proposer « Bang bang » justement de façon aussi tonitruante. Guitare sèche, et simple voix auraient peut-être suffi pour véhiculer davantage d’émotions. Mais peu importe ! Les fans sont sortis avec la pêche, et ont attendu nombreux Sheila dans le hall pour une très longue séance de dédicaces.
8.0 tour
Avec ce « 8.0 tour » dont la dernière date était justement à Aix-en-Provence, l’interprète des « Rois mages en Galilée suivant l’étoile du Berger » a célébré cette chanson populaire dont Marguerite Duras a dit qu’il ne fallait pas se moquer car ce qui est grave pour nous c’est que « Capri, c’est fini ». Avec élégance, avec humilité et sa générosité coutumière, Sheila a remercié tous ceux l’entourant sur scène, ainsi que l’ensemble de l’équipe du G.T.P. Dominique Bluzet semble avoir réussi son pari de convier au GTP un public différent.
Jean-Rémi BARLAND



