Aix-en-Provence – L’orchestre Français des Jeunes et Nelson Freire : le meilleur pour Brahms

Publié le 18 décembre 2015 à  6h38 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h57

Nelson Freire et David Zinman aux saluts à l’issue de l’interprétation du concerto de Brahms (Photo M.E.)
Nelson Freire et David Zinman aux saluts à l’issue de l’interprétation du concerto de Brahms (Photo M.E.)

Jeudi soir au Grand Théâtre de Provence; 24 heures plus tard à la Philharmonie de Paris: le millésime 2015 de l’Orchestre Français des Jeunes boucle son année sur une session hivernale de haut niveau.
D’autant plus que pour ces deux concerts, et pour servir le magnifique concerto n°2 de Brahms, c’est Nelson Freire qui s’activait sur l’ivoire et l’ébène du Steinway. Excusez du peu ! C’était donc le romantisme exacerbé de Johannes qui était attendu, en ce jeudi soir, à Aix-en-Provence par une salle qui, si elle n’était pas remplie à ras bord, avait cette qualité de silence qui préside aux grands concerts. Et avant Brahms, la mise en bouche était signée Berlioz et l’entrée Rachmaninov.
Berlioz avec la joyeuse ouverture du «Carnaval Romain», toute de finesse et de chaleur italienne. Pour les cordes de l’OFJ, l’occasion de mettre déjà en avant leurs qualités, notamment des couleurs expressives et très latines. Le tout sous la direction du maestro Zinman, qui n’a pas mis beaucoup de temps à devenir l’idole des jeunes musiciens de l’orchestre. Un directeur musical qui affectionne particulièrement le répertoire russe et qui a su donner une émouvante profondeur à l’interprétation des Danses Symphoniques de Rachmaninov qui, si elles ont été composées aux États-Unis, terre d’exil, n’en transpirent pas moins à chaque seconde les fragrances qui s’élèvent au-dessus des villages bordant la Volga. Ici aussi les cordes sont superbes, tout comme les vents qui font preuve d’une présence assurée et les percussions, essentielles à la recréation d’une atmosphère slave. Tout ceci pour patienter jusqu’au point d’orgue, le concerto de Brahms… Que dire sur cette interprétation sinon qu’après un premier mouvement ou on se cherchait un peu entre le soliste et l’orchestre, tout basculait rapidement dans le nid d’amour du romantisme; Nelson Freire, jeu limpide, soin du détail, trouvant une belle union avec un orchestre de velours, suave et ample, précis et engagé. De la belle ouvrage et un troisième mouvement, andante, qui n’est pas près d’être oublié avec ce dialogue superbe entre le piano et le violoncelle de Louise Rosbach à vous faire frissonner de bonheur. Du beau travail, ponctué fort logiquement par les applaudissements d’une salle conquise.
Michel EGEA

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