6e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (Jour 13) – Le quatuor Hagen pour un concert exigeant

Publié le 8 avril 2018 à  11h36 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h41

Les musiciens du quatuor Hagen, tout entiers au service de la musique. (Photo Caroline Doutre)
Les musiciens du quatuor Hagen, tout entiers au service de la musique. (Photo Caroline Doutre)
C’est en présence de Roselyne Bachelot, grande spécialiste de musique, férue de l’œuvre de Verdi -son livre sur le compositeur italien est d’ailleurs apprécié des néophytes, et des spécialistes d’opéra- que s’est tenu, au Théâtre du jeu de Paume d’Aix-en-Provence dans le cadre du Festival de Pâques, le récital donné par le Quatuor Hagen. Réunissant Lukas Hagen, et Rainer Schmidt, au violon, Veronika Hagen, à l’alto et Clemens Hagen, au violoncelle, cette formation s’est imposée à travers le monde pour sa grande capacité à passer d’un compositeur à l’autre en gardant toujours le même esprit d’exigence. Pas de fantaisie chez ces musiciens, et dès le début du concert consacré au Quatuor n° 3 de Beethoven, les Aixois présents ont pu s’en rendre compte. Tout est carré, sec, précis, et ne suscite que peu l’émotion. Les choses s’amplifiant avec le Quatuor pour cordes en mi mineur de Anton Webern (1770-1827). Impulsée au compositeur par Schönberg auprès duquel il étudia, cette œuvre s’inspire d’un triptyque alpestre du peintre Segantini. Ce sont donc des couleurs, des sensations qui doivent sourdre de cette musique. Mais donnée avec cette rigueur presque martiale, nous avons du mal à nous faire un avis. A la partition austère, s’ajoute un parti-pris minimaliste proche de l’ascèse. Difficile donc de s’enthousiasmer à l’écoute de ce que nous ont proposé les Hagen. Même approche avec le Quatuor en sol mineur de Debussy, œuvre du compositeur écrite comme en défi à César Franck, auquel il cherche à se confronter. Quatre mouvements riches en difficultés diverses avec ce deuxième mouvement (repris en bis par les Hagen), fait de pizzicati tous exécutés avec un talent sûr. L’ouverture du dernier mouvement par le violoncelle transporte et la quintessence du beau sonne clair et précis. Là encore, la rigueur du jeu est intense, et on saluera chez les Hagen cette volonté de suivre la partition dans l’esprit et à la lettre. Un concert pour initiés, et musicologues savants, ce qui après tout est un choix tout à fait respectable, et qui a été servi par des musiciens virtuoses tout entiers au service non de leur ego mais de leur art.
Jean-Rémi BARLAND

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