Cinéma. « Sans jamais nous connaître » d’Andrew Haigh:  film fantastique et tragédie amoureuse d’une beauté absolue

C’est l’histoire d’un homme (Adam) qui a manqué tous les rendez-vous importants de sa vie. Avec ses parents, avec son amant, avec son entourage privé et professionnel. C’est une sorte de confession d’un homme blessé qui tente de se réconcilier avec lui-même. C’est une déchirante histoire d’amour et de fantômes.

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Paul Mescal et Andrew Scott dans « Sans jamais nous connaître  » (Photo Parisa Taghizadeh/Blueprint Picture/Film)

« Sans jamais nous connaître » est un long métrage signé Andrew Haigh porté par un quatuor d’acteurs superbes. A savoir Andrew Scott (Adam), Paul Mescal (Harry, son amant), Jamie Bell, (son père, acteur qui débuta au cinéma en 2000 dans le rôle de Billy Elliot), et Claire Foy (la mère d’Adam).  Le synopsis en est simple. « Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de la banlieue de Londres où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans. » Ne dévoilons pas davantage l’intrigue mais précisons que ce film qui serre la gorge oscille entre récit fantastique et tragédie amoureuse. Ce que l’on sait d’emblée, c’est que les parents d’Adam sont bel et bien morts. Et que leur fils, orphelin inconsolable qui a grandi dans l’ombre de leur absence s’entretient avec eux dans un dialogue plein de tendresse et qu’il les voit concrètement. Pour le reste…chut… mais ce que l’on saisit c’est la tension existant entre Adam et Harry qui s’entrecroisent, s’entrechoquent, se perdent et se retrouvent portés par une photo et une musique ajoutée sublime .

 Plusieurs interprétations possibles

Film d’esthète, film sur le deuil, sur la liberté d’aimer qui on veut, et comme on l’entend « Sans jamais nous connaître » surprend, intrigue, et offre plusieurs niveaux de lecture et une grande quantité d’interprétations différentes. Avec son scénario miraculeux adapté par le réalisateur du roman Présences d’un été (publié en France chez Philippe Picquier en 2006), de l’auteur japonais Taichi Yamada, « Sans jamais nous connaître » est sans doute le film le plus triste qui se puisse concevoir. C’est pourtant un hymne à l’amour qui n’est jamais sinistre. Ses prises de vues flamboyantes y sont sans doute pour beaucoup. Ce n’est pas non plus un film gay communautariste, son propos étant universel. Le duo Andrew Scott/Pascal Mescal étant tout simplement superbe , on est saisis par les scènes d’intimité de leurs deux personnages, et on se met presque à croire… aux revenants… Accueilli dans le monde entier par une critique unanime, et des spectateurs retournés, voilà un film rare, unique, autant sur le fond que sur la forme. L’onirisme et le réel tragique portés à un tel niveau d’incandescence…. ça porte la griffe du chef d’oeuvre !

Jean-Rémi BARLAND

 

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