« House of Cards ». Où va la démocratie israélienne ? par Gilbert Benhayoun

Publié le 24 avril 2020 à  7h51 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h15

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Le déroulé des événements politiques en Israël est digne du feuilleton télévisé House of Cards ? Essayons de les résumer brièvement.

1. Les élections législatives.
– Il n’y a qu’une seule chambre, la Chambre des députés (Knesset). Un texte doit être voté à trois reprises pour constituer une loi.
– Israël n’a pas de constitution écrite (désaccord sur le contenu dès la création de l’État en 1948). Une série de lois dites fondamentales forme la «constitution».
– Le pays en entier constitue une seule circonscription.
– C’est un scrutin de liste. Pour entrer au Parlement une liste doit obtenir 3.25% des bulletins de vote, ce qui représente 4 députés, puisque la Chambre comprend 120 députés.
– A l’issue des élections, et dans l’hypothèse où aucune liste n’obtienne la majorité, soit 61 sièges, le Président du pays désigne un député à qui reviendra la charge de former une coalition de listes afin d’atteindre la majorité.

2. Historique des 18 derniers mois.
Après deux tours d’élection aucune majorité n’a pu se dégager. A la troisième tentative, un accord vient d’être signé entre les deux grands partis : Le Likoud, dirigé par Netanyahu et une partie du parti Blanc-Bleu, dirigé par Gantz, ancien Chef d’État-major de l’Armée israélienne.

3. Le futur gouvernement.
– Il sera pléthorique (le plus grand depuis la création d’Israël). C’est le prix à payer, car il fallait contenter tout le monde.
– Le compromis permettra à Netanyahu de rester Premier ministre dans les 18 prochains mois et à l’automne 2021, Gantz devra lui succéder pour 18 mois également.
– Le Parlement devra voter une nouvelle loi fondamentale qui permettrait la création d’un Vice Premier ministre.

4. Les questions en suspens.
– Le nouveau gouvernement va-t-il procéder à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, avec le risque d’une rupture avec la Jordanie et l’Egypte et un refroidissement avec les autres pays arabes, tel l’Arabie Saoudite, les États du Golfe, le Maroc ? L’Union européenne a déjà fait savoir, en des termes inhabituellement forts qu’une telle décision altérerait les relations avec Israël.
– Le mode de désignation des juges à la Cour suprême sera-t-il modifié dans un sens souhaité depuis longtemps par la droite qui considère que la Cour intervient de manière inopportune dans la vie politique, et qui critique la Juristocratie.
– Ce souhait se comprend lorsqu’on note que la Cour peut s’opposer à la désignation de Netanyahu comme Premier ministre (il est actuellement un Premier ministre intérimaire) du fait de ses trois inculpations. Cette hypothèse, défavorable à Netanyahu, a été prévue dans le texte de compromis signé entre Gantz et Netanyahu. Si la Cour suprême s’oppose à la nomination de celui-ci comme Premier ministre, alors Gantz devra aussi démissionner ce qui devrait entraîner de nouvelles élections, la quatrième de 18 mois ! La Cour suprême prendra-t-elle le risque d’une telle situation lourde de conséquences économiques et sociales.
Mais alors qu’en est-il de la pandémie et de conséquences pour la population. Bonne question !

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Le Professeur Gilbert Benhayoun est le président du groupe d’Aix -qui travaille sur les dimensions économiques d’un accord entre Israël et les Territoires palestiniens- qui comprend des économistes palestiniens, israéliens et internationaux, des universitaires, des experts et des politiques. Son premier document, en 2004, proposait une feuille de route économique, depuis de nombreux documents ont été réalisés, sur toutes les grandes questions, notamment le statut de Jérusalem ou le dossier des réfugiés, chaque fois des réponses sont apportées.

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