Avec « Rossini, Sì ! », Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie ont ouvert, dans le cadre de leur résidence aixoise, une série de trois concerts donnés cette saison au Grand Théâtre de Provence. Ce premier concert, intégralement consacré aux œuvres du compositeur italien, a permis d’apprécier la voix somptueuse de la mezzo américaine Isabel Leonard.

Une explosion de joie, de bonheur et de chaleur, comme un feu d’artifice musical tiré un soir d’hiver pour faire oublier la morsure des temps vécus par ce monde. En composant un programme unissant ouvertures et airs de quelques opéras de Rossini, Jérémie Rhorer a presque fait œuvre de salubrité publique. Nous en voulons pour preuve les visages inondés de sourires qui étaient ceux du public qui emplissait la grande salle de musique aixoise au moment de quitter cette dernière. Il faut dire que ce répertoire, outre sa qualité, sa chaleur et son côté souvent pétillant, a permis la mise en valeur du son très personnel du Cercle de l’Harmonie dont les membres jouent des instruments d’époque.
Sous la direction enjouée et dynamique de Jérémie Rhorer, son créateur il y a 20 ans, l’orchestre est un interprète sensible et idéal du charme discret du romantisme. Et même s’il est ardu de pratiquer des cuivres qui n’ont pas encore été équipés de pistons, les couleurs qu’ils procurent sont irremplaçables. Les tutti sont veloutés, charnus avec des cordes soyeuses, des bois chaleureux et un piccolo qui aurait mérité, à notre sens, un salut particulier ; car cet instrument au son, à nul autre pareil, peut-être très désagréable à l’oreille s’il n’est pas joué à la perfection. Jeudi soir, il le fut parfaitement par une flûtiste attentive et précise. Autant dire que les ouvertures du Barbier de Séville, de Sémiramis, de Guillaume Tell, du Turc en Italie et de La Pie Voleuse furent idéalement mises en valeur et que l’accompagnement de la mezzo-soprano Isabel Leonard fut de la même veine. Tant mieux car la classe, la prestance et le talent de la dame le méritaient bien. Une voix puissante, ronde et précise, de l’humour et de la passion, une ligne de chant percutante, des graves suaves et des aigus tendus, un vibrato totalement maitrisé : l’américaine a fait plus que séduire, elle a conquis, d’un coup d’un seul, le public avec quatre airs couvrant le panorama lyrique du génie Rossini. Un concert en Rossini majeur, assurément !
Michel EGEA



