« Je m’appelle Émile. Oui. Vous avez bien entendu. Émile. C’est comme ça et pas autrement. Joli prénom, vous ne trouvez pas ? Je trouve que c’est le plus beau prénom du monde. aujourd’hui nous allons parler beaucoup de moi et un peu de vous. De vous qui me regarder vivre, réfléchir, inventer, rêver ! Comment… ? Grandir ?. . Ainsi s’exprime Émile qui trouve que rien n’est normal dans le monde. Encore moins sa taille.
Ce sont les rêves qui font grandir les enfants
Alors il décide d’être un géant. Et s’il le décide c’est qu’il en est un. Car, comme le dit une chanson : «Ce sont les rêves qui font grandir les enfants. » Et voilà notre Émile en chasse de hauteur. De vue surtout et d’âme. Et il deviendra géant, puisqu’il le veut. Ses amis sont sa camarade de classe et surtout cette vieille dame, sa copine car il sent bien qu’elle connaît toutes les choses de la vie et qu’elle pourrait bien les lui enseigner. Car lorsqu’il interroge sa mère à ce sujet elle répond : «ouh là là tu me fatigues. Tu es un clown mais tu me fatigues. » Pourtant pour Émile « clown » c’est pas une injure et il les aime bien les clowns. Car « il se maquille, il marche sur le sable. Il raconte des blagues. » Alors voilà notre Émile qui s’invente un spectacle où il pourrait faire l’aventure. Un spectacle sur lui où il parlerait des autres. Avec humour, bienveillance et affection. Un spectacle où il dirait comment organiser son anniversaire, faire de la danse, de la boxe, ou comment regarder les dessins animés de la politique. Ou bien collectionner les joins de culasse, élever son poulpe géant, sans gêne ni retenue. Enfin créer un spectacle qui ferait du bien.
Un spectacle qui fait du bien
Sorti tout droit des albums à succès de Vincent Cuvellier, « Émile fait le spectacle » nous fait du bien. On porte un plâtre comme une montre, on a une chauve-souris comme animal domestique. Il n’y a pas de problème, que de drôles de solutions. Avec sa langue bien pendue et ses avis sur tout, Émile nous fait voyager dans sa bulle, libre et fantasque, sous le lointain regard de sa mère. Multipliant les terrains de jeu grâce à une astucieuse scénographie, l’acteur Guillaume Marquet a de nouveau six ans. Nous aussi d’ailleurs et on s’amuse comme des petits fous en attendant l’heure du goûter. Émile nous fait retomber en enfance et ça fait drôlement du bien. D’autant plus que rien Ici n’est mièvre, les seuls sirops sont ceux des goûters d’Émile, on parle avec intelligence aux enfants de sujets parfois graves, on les prend pour des futurs géants de l’imaginaire, et l’utilisation intelligente de la vidéo très inventive s’abstient de toute paraphrase. Avec générosité et humilité la metteuse en scène Nathalie Sandoz offre un moment suspendu hors du temps et qui, produit par le Théâtre du Passage a la particularité d’être co-produit par le Théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Provence. Alors chapeau bas !
Jean-Rémi BARLAND