Appel du 18-Juin à Marseille. Renaud Muselier recadre Dominique de Villepin : Quelle mouche t’a piqué?

Quelques heures  après la participation de Dominique de Villepin à la commémoration de l’appel du 18 juin du général de Gaulle à Marseille, Renaud Muselier, le président (Renaissance) de Provence-Alpes-Côte d’Azur a fustigé, via une déclaration publique, les propos tenus par celui dont il fut le secrétaire d’État aux Affaires Étrangères (2002-2005). Appropriation du gaullisme,  proximité avec le maire de Marseille Benoît Payan, conflit au Proche-Orient, 7 octobre, sa position sur le conflit israélo-palestinien…

Renaud Muselier interpelle Dominique de Villepin © Destimed
Renaud Muselier interpelle Dominique de Villepin © Destimed

Déclaration publique de Renaud Muselier à l’attention de Dominique de Villepin

Cher Dominique de Villepin,
Quelle mouche t’a donc piqué ? Comment imagines-tu t’exprimer au nom des gaullistes, pour défendre l’indéfendable et soutenir l’insoutenable ?
Au moment où le Rassemblement National veut récupérer la Croix de Lorraine, s’approprier le gaullisme, au point que certains font leur déclaration de candidature aux municipales, un 18 juin, au micro de France Bleu Provence ?
Espérant peut-être singer le Général – comme toi.

Mais la croix de Lorraine, donnée par mon grand-père l’Amiral Muselier à notre pays, comme symbole de la France libre, n’est pas ta propriété.
Dominique, crois-tu que le Général aurait, comme toi, abandonné Israël, seule démocratie du Proche-Orient, face aux islamistes, aux terroristes, aux mollahs et ayatollahs de toutes obédiences ?
Crois-tu que le Général serait resté silencieux sur le drame d’un peuple de Gaza sacrifié par le Hamas, qui s’en sert comme d’un bouclier au point de cacher ses dirigeants sous des hôpitaux ?
Pourquoi ne parles-tu jamais du 7 octobre, des otages, qui sont la clef du conflit et la condition de la paix ? Pourquoi ne parles-tu jamais des accords d’Abraham, torpillés par les terroristes ce 7 octobre 2023 et qui auraient permis la paix, la vraie ?
Pourquoi te sens-tu légitime à t’accaparer le gaullisme que tu dévoies ? Parce que tu as prononcé un discours, lorsque j’étais Ministre à tes côtés, à l’Assemblée générale des Nations-Unies ? Mais tu n’étais à l’époque que la voix du Président Chirac, véritable gaulliste, lui. Il n’aurait jamais accepté que tu tiennes ces positions.
Tu ne peux pas cautionner cela.
Tu n’as pas le droit de jeter de l’huile sur le feu en te réclamant du gaullisme. Tu ne peux pas non plus venir à Marseille te pavaner, alors que tu n’as rien fait pour cette ville quand tu étais Premier Ministre.
Tu ne peux pas t’afficher aux côtés de Benoît Payan, qui veut jumeler Marseille avec une ville palestinienne, sans aucune préparation ni précaution.
Tu aurais dû venir aux côtés de ton vieil ami politique, de tes amis gaullistes, pour porter une voix d’équilibre, d’apaisement, de raison.
Ton comportement en ce jour sacré pour le gaullisme n’est pas acceptable : s’il te voit, le grand Charles se retourne certainement dans sa tombe !

Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président délégué de Régions de France

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Dominique de Villepin était aux côtés de Benoît Payan à la commémoration de l’appel du 18 juin du général de Gaulle à Marseille. ©Franck Maillé

Renaud Muselier a ainsi réagi à la suite d’un entretien de Dominique de Villepin accordé à La Provence, ce mercredi. L’ancien Premier ministre considère entre autres qu’il n’y a plus de gaulliste dans le paysage politique français. «Les uns négligent la justice sociale, les autres contestent l’ordre républicain. Et pourtant, face à l’ampleur des défis, nous avons besoin d’une exigence de gaullisme pour restaurer une France libre, humaniste et indépendante», déclare  Dominique de Villepin.  L’ex chef du gouvernement affirme notamment soutenir la démarche du maire de Marseille de jumeler Marseille avec une ville de Cisjordanie et confie vouloir «saluer Benoît Payan» à l’occasion de sa visite à Marseille. «Il est un homme engagé pour sa ville et même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous avons en commun de vouloir davantage rassembler plutôt que diviser», juge Dominique de Villepin.

Patricia CAIRE

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