Avignon. Théâtre du Chêne noir : un programme 2025-2026 ambitieux

« Ce n’est un secret pour personne : au théâtre du Chêne noir, nous cultivons une passion sincère pour les grands auteurs. Et lorsqu’ils sont portés par des artistes inspirés, que demandez de mieux ? », confie d’emblée Julien Gelas, le patron (après son père Gérard Gelas) du mythique Théâtre avignonnais. Et d’ajouter  en guise de credo artistique de sa présentation de saison 2025-2026 : « La culture fait société. » Effectivement au programme ce seront Maupassant, Ionesco, Voltaire, Feydeau qui jalonneront les rendez-vous donnés tout au long de l’année.

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Zadig © Théâtre Chêne Noir

Venir dans cette salle, c’est rencontrer des réalités, et c’est aussi se rencontrer un peu plus soi-même, et Julien Gelas de citer Stendhal : « L’art est un miroir que l’on promène le long du chemin. Tantôt il reflète l’azur du ciel, tantôt la boue de la route…mais il éclaire. » Dont acte avec des pépites qui sont aussi littéraires comme la rencontre qui s’est passée le 29 novembre à 20heures avec Bernard Werber animée par Patrick Baud, ou toujours présentées par ce même conférencier  le 6 décembre dernier des histoires à la belle étoile intitulées « La veillée ». Patrick Baud on le retrouvera encore le 10 avril 2026 à 20heures  présentant Albert Moukheiber, chercheur en neuro-sciences et psychologue clinicien, dans le cadre du « Rendez-vous du Chêne »

Zadig dans une mise en scène de Gérard Gelas

Evénement du 12 au 14 décembre à 20heures avec l’adaptation, la mise en scène et la scénographie du « Zadig » de Voltaire, conçues par Gérard Gelas. Nous vous en reparlerons ici même puisque ce spectacle sera redonné les 17 et 18 décembre prochains. Avec ce personnage, et à travers un conte philosophique dont il a le secret, Voltaire va nous entraîner dans une succession de péripéties et d’aventures qui, au gré des rencontres, nous éclaireront sur ce qu’il convient de connaître de la déloyauté de certains, lorsque l’on fait ses premiers pas dans la vie d’adulte.

Avec une ironie mordante, Voltaire se moque de la société comme du pouvoir en place, de tous les fanatismes, de la lâcheté de certains et du peu de confiance qu’il convient d’accorder à d’autres. Heureusement, il est aussi question d’amour, et de ses conséquences parfois heureuses. D’amitié enfin, détentrice de nos secrets. « Le ciselé de la langue voltairienne, ainsi que la profondeur du propos de ce conte, m’ont convaincu d’en faire une pièce de théâtre, afin que la jeunesse d’aujourd’hui, comme celle d’hier, puisse se rafraîchir à une pensée que n’asserviront jamais les algorithmes,  pour l’instant, dans les portables. Eteignons-les, levons la tête, et que le spectacle commence ! », nous dit Gérard Gelas, qui a confié les rôles à Liwen Liang, François Santucci et Guillaume Lançon.

« Le Horla » de Maupassant avec Guillaume Loublier le 24 janvier à 21 heures

Destimed Guillaume Loublier dans LE HORLA Photo Sandra Puchois
Guillaume Loublier dans “Le Horla” (Photo Sandra Puchois)

C’est Guillaume Loublier, comédien d’exception, qui se chargera de nous raconter « Le Horla » de Maupassant dans une adaptation qu’il a co-signée avec Julien Gelas qui ose avec brio le parallèle entre le monde de l’auteur et le numérique, imaginant un nouveau personnage à l’oeuvre originale à savoir une intelligence artificielle nommée Anxia. Laura Charpentier, comédienne et artiste française originaire de la région Occitanie propose ici une mise en scène inventive. À l’image du personnage du Horla, prisonnier de son angoisse, refuser ce travail de réflexion mènerait à l’irrationnel, Guillaume Loublier résume le tout par ces mots : « Il vaut mieux faire grandir nos échanges que nos fantômes ».

« La rencontre » de Charles Pépin avec Thierry Lhermitte les 12 et 13 février 2026 à 20heures

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Thierry Lhermitte © Céline Nieszawer

Sur scène comme à l’écran Thierry Lhermitte est impressionnant. Il sera au Chêne noir les 12 et 13 février 2026 à 20heures, dans « La rencontre » de Charles Pépin mise en scène par le fantasque et génial Steve Suissa. «On croise plein de gens, mais les rencontre-t-on vraiment ? Qu’est-ce qu’une vraie rencontre ? D’où vient son pouvoir de changer notre vie, de nous révéler à nous-mêmes ? Comment se rendre disponible à cette aventure dans un monde d’algorithmes et de bulles d’entre-soi ?», nous dit-on en guise de présentation. De ce seul en scène écrit par Charles Pépin, et adapté de son best-seller La rencontre, une philosophie, Thierry Lhermitte revient sur les rencontres qui ont marqué sa vie – de ses potes du Splendid à celle… de son cheval ! – et nous pose une question vertigineuse : en ne prenant pas le risque de la rencontre, se pourrait-il que nous passions à côté de nous-mêmes ?

 Robin Renucci, le patron de La Criée dans « La leçon » de Ionesco le 10 mars 2026 à 20heures

Destimed Robin Renucci Photo ©Jean Christophe Bardot
Robin Renucci Photo ©Jean-Christophe-Bardot

Il est l’âme théâtrale de La Criée, et revient au Chêne noir avec « La leçon de Ionesco. Coproduit par le Théâtre National de Marseille, dont il est le patron Robin Renucci signe là un spectacle haut en couleurs avec à ses côtés sur le plateau Christine Pignet et Inès Valarcher. Lorsque le langage devient instrument de domination, que peut-il advenir sinon le pire ? Robin Renucci porte ici la modernité du texte de Ionesco et son théâtre violemment comique et dramatique.

Comment faire acte de partage des connaissances et créer du désir d’apprendre ? C’est d’abord la notion de transmission qui aura conduit Robin Renucci à raviver La Leçon. Dans ce texte écrit en 1950, le savoir est imposé. Un professeur reçoit une élève. Lui, écrit Ionesco, est d’abord « excessivement poli et très timide », tandis qu’elle, est « bien vivante, gaie et dynamique ». Mais à mesure qu’il l’interroge sur la géographie, l’arithmétique, la linguistique, l’homme entre dans un délire langagier qui devient instrument de torture. La jeune fille est chosifiée, manipulée, abusée et finalement anéantie. Cela donne un moment théâtral terrifiant et burlesque.

D’autres moments forts dont « Variations d’amour » lecture musicale signée Nicolas Pagnol avec Vincent Fernandel.

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Vincent Fernandel dans “Variations d’amour” (Photo Sophie Di Malta)

Beaucoup d’autres beaux moments seront à l’affiche  dont « Variations d’amour » le 29 janvier à 20 heures une lecture musicale des textes de Marcel Pagnol signée Nicolas Pagnol avec sur scène Vincent Fernandel. Les mots de l’auteur rencontrent la poésie des compositions de Franck Ciup, dans un écrin tissé d’extraits d’œuvres célèbres et de correspondances personnelles. Le tout produit par  la Compagnie «Dans la cour des grands », la seule en Europe labellisée par Marcel Pagnol. Pionnière avec son concept « l’Art des Collines », elle séduit plus de 350 000 spectateurs en 15 ans grâce à ses Randonnées et Balades théâtrales. Fidèle à l’héritage de Marcel Pagnol, elle demeure une référence dans l’interprétation de ses œuvres.

On le voit « Le Chêne noir » fait aussi entendre la musique. Et il y aura beaucoup d’autres événements la mettant à l’honneur.

Jean-Rémi BARLAND

Théâtre du Chêne noir – 8 bis, rue Sainte Catherine – 84 000 Avignon – Plus d’info et réservations sur  chenenoir.fr

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