Camp des Milles : un stage de citoyenneté pour éviter amende ou prison.  

Une convention entre le Camp des Milles et le tribunal d’Aix-en-Provence vient d’être signée.L’objectif étant d’offrir des peines alternatives pour les auteurs d’infraction à caractère antisémite, raciste ou discriminatoire. Dans le site-mémorial, les valeurs de tolérance et de respect de la personne humaine sont mises en avant. Les stagiaires peuvent y découvrir ce que peut entraîner le rejet de l’autre.

Alain Chouraqui, président de la Fondation Camp des Milles entouré de Jean-Luc Blachon procureur de la République  d'Aix-en-Provence et Hélène Judes présidente du tribunal judiciaire d'Aix-en-Provence (Photo Joël Barcy)
Alain Chouraqui, président de la Fondation Camp des Milles entouré de Jean-Luc Blachon procureur de la République d’Aix-en-Provence et Hélène Judes présidente du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence (Photo Joël Barcy)

 

 Des expérimentations concluantes

 Cette signature fait suite à une première expérience avec le tribunal de Marseille. Depuis 2022, une soixantaine de stagiaires se sont rendus au site-mémorial. Ils sont en général une dizaine lors de chaque session. Le programme commence par une visite puis des ateliers. «Une interaction se crée entre les stagiaires. Dans ce lieu ils sont contraints de prendre du recul, de faire un pas de côté», constate Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles. « Ce lieu génère un choc émotionnel et cognitif. Ils comprennent que la posture de rejet de l’autre peut être dangereuse voire conduire à des drames ».

Prise de conscience

En une journée de stage (c’est certainement un peu court !) impossible de changer totalement les états d’esprits mais les mentalités évoluent. Un pôle spécialisé de 3 personnes accueille les stagiaires. « La plupart des auteurs d’actes racistes ou discriminatoires ne savent pas pourquoi ils sont là », note Alain Chouraqui mais progressivement les choses évoluent. « On s’aperçoit qu’il y a une prise de conscience. Certains nous disent que leur acte était plus grave qu’ils ne pensaient ».

Un repère fort et concret

Le camp des Milles, le seul encore totalement intact, offre un repère fort et concret pour des stagiaires, âgés majoritairement de 20 à 30 ans, qui n’en n’ont souvent plus. « Ils sont en général enfermés dans leur manière de voir, de rejeter l’autre, là, ils touchent du doigt où mène ce rejet de l’autre, la passivité, la soumission à l’autorité. Un cheminement se fait », explique Alain Chouraqui.

Gagnant-gagnant

Cette convention doit permettre de tirer des bénéfices globaux. Pour les auteurs d’actes racistes, ils évitent amende ou prison. Côté justice, elle apporte un contenu à la sanction. Quand on connaît la récidive après la prison cette opération semble positive. Enfin pour la fondation du camp des Milles c’est une manière de travailler avec l’autorité judiciaire qui est souvent attaquée et de donner des repères humanistes et républicains à ceux qui sont envoyés par les magistrats à la suite de faits délictueux.

Joël BARCY

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