Carnet de voyage d’Alvine Barles. Cameroun : rencontre avec l’artiste Zak Ndam concepteur de la SpiriCulture

Publié le 10 juillet 2023 à  13h30 - Dernière mise à  jour le 25 août 2023 à  12h11

Mon dernier séjour au Cameroun du 31 Mai au 24 juin 2023 était pour moi l’occasion de partir sans ma famille, de me reconnecter avec la terre qui m’a vu naître et grandir. C’est également l’occasion pour moi de toucher du doigt la réalité des investissement portuaires, de rencontrer différents acteurs du secteur Maritime clé de voûte de mon projet de thèse. Ce retour aux sources m’a conduit, tour à tour, à Douala (capitale économique), Kribi (station balnéaire Sud du Cameroun) deux villes portuaires et Yaoundé (capitale politique ma ville natale). Le début de ce séjour est marqué par ma rencontre avec l’artiste plasticien Zak Ndam concepteur de la SpiriCulture qui mérite d’être partagé.

 

Un retour aux sources sous le signe de la découverte de la « SpiriCulture »

Douala 1er juin, première matinée depuis l’appartement meublé que je loue au quartier Akwa (Nom donné par les premiers explorateurs de la côte camerounaise qui tire son origine du nom du roi d’un clan de la tribu Douala King Akwa) qui est un quartier animé du centre-ville proche du port où cohabitent hôtels de luxe, restaurants, magasins supermarchés et vendeurs à la sauvettes… Je suis réveillée ce matin-là par les bruits de klaxon de véhicules, motos et rideaux métalliques des boutiques situées au rez-de-chaussée de l’immeuble. Amatrice de café, je décide de troquer mon rituel matinal par un petit plaisir typiquement Camerounais. Un petit déjeuner local composé de haricots rouges, de beignets et d’un bol de bouillie, spécialité locale connue sous le nom de beignets haricots (BH). Je quitte le confort de mon appartement à la recherche d’une « mamie makala » vendeuse de beignets que je trouve à 300 mètres de l’appartement en bordure de route sous un grand parasol. Elle propose ce plat typique.

Assiette de BH chez mamie makala (Photo Al Barles)
Assiette de BH chez mamie makala (Photo Al Barles)

Rien à voir avec le plat de BH servi par la maison Gucci à l’ancien footballeur international camerounais Samuel Etoo fils. « le goût de ça  » ! un régal … je retrouve les saveurs de mon enfance et la chaleur tropicale. Mon voisin, un moto taximan (conducteur de moto taxi) entame la causette intriguée par ma présence. Je réponds avec bienveillance et notre petit déjeuner se termine par un selfie.

Al Barles et un moto taximan de Douala (Photo Al Barles)
Al Barles et un moto taximan de Douala (Photo Al Barles)

De retour à l’appartement, j’appelle l’artiste qui me donne rendez-vous à 11 heures. Le temps pour lui de récupérer à son domicile les œuvres qu’il doit me remettre.
Le rendez-vous pris à son lieu d’exposition situé sur le site de Chococho, boulangerie mythique de la capitale définitivement fermée au quartier Bonapriso est à 10 minutes de mon logement. Passionnée d’art contemporain, j’étais loin de m’imaginer l’effet de cette rencontre pleine de générosité, d’énergie et de partage.

Douala (Cameroun) une belle rencontre avec le concepteur de la SpiriCulture

Je me retrouve en face d’un personnage dont la mystique, la spontanéité, l’éloquence et la passion avec laquelle il me parle de son Art attire ma curiosité. Cette rencontre fortuite est similaire à une dizaine d’années de connaissance mutuelle. Ne dit-on pas qu’il Il n’y a pas de hasard dans la vie, mais des rendez-vous ? Me voilà au rendez-vous de la SpiriCulture et de la Spirigraphie.

Zak NDAM, l’artiste de la manifestation de l’amour dans la transcendance

Zak Ndam sis à Chococho Bonapriso Douala (Photo Al Barles)
Zak Ndam sis à Chococho Bonapriso Douala (Photo Al Barles)

Zak Ndam artiste plasticien natif de Foumban (Ouest Cameroun), résident à Douala, lauréat de la Cameron Creativity Awards 2023 dans la catégorie sculpture. Actuellement présent au 52e festival culturel de Fort-de-France en Martinique.

Zak Ndam au Hilton Hôtel Yaoundé (Photo DR)
Zak Ndam au Hilton Hôtel Yaoundé (Photo DR)

Bienvenue dans le jardin de la SpiriCulture

Tableau perlé autobiographie (Photo Al Barles)
Tableau perlé autobiographie (Photo Al Barles)

Tout comme l’agriculture est la culture des aliments physiques pour se nourrir, « la SpiriCulture» telle que décrite par son concepteur est la culture des vertus dans le jardin monde mental pour nourrir les êtres. Autrement dit, c’est la culture des aliments invisibles dont nous dépendons à savoir l’amour, la bienveillance, le pardon, la tolérance …

Elle a pour but d’apprendre à se nourrir de valeurs subtiles, immatérielles fondement de la culture. L’artiste de la SpiriCulture incarne les pouvoirs de la vertu à contrario de l’assertion classique « en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés » C’est un mage dans cet univers : univers considéré comme « un comprimé de substances, plein d’essence de quintessence, d’énergie qui vitalisent la vie, l’homme » Tout comme une œuvre d’Art, il est indispensable d’entrer en communion, en contact avec l’univers.

L’art africain et la SpiriCulture

Pour la SpiriCulture, l’Art africain multidimensionnel et sacré est un langage, un enseignement, un médicament. « Il est alimental parce qu’il nourrit, enseignemental parce qu’il éduque, médicamental qui guérit ».

Pour cet artiste plasticien, l’Art ne se limite pas à l’objet. Au-delà, l’art à un sujet fondamental supérieur. Nos ancêtres l’avaient compris avec la symbolique du masque. Dans un monde pris en otage par les antagonismes, les malentendus, le but de la culture est de « venir dans la nature naturelle, éveiller, réveiller la nature supérieure ». C’est dire que «la culture harmonise la nature inférieure (brute, instinctive, animale)». L’art africain à travers la symbolique du masque est un mystère. Tout ce qu’on voit est un masque (l’univers est un masque) au-delà du masque se trouve l’esprit. « Se limiter au masque c’est perdre le Nord, l’orient, la lumière, la sagesse ». «Lorsqu’on se limite au masque, on est pris en otage par la race, le tribalisme, le marqueur social qui sont des illusions». L’être humain doit apprendre à se nourrir des valeurs immatérielles, la culture à cet effet devrait investir les écoles, les programmes officiels car l’art sous le prisme de la SpiriCulture est un facilitateur de rencontres entre les cultures multiples.

La SpiriGraphie instrument de la SpiriCulture

La SpiriCulture est un mode de vie qui conjugue science, moralité, spiritualité, philosophie pour l’épanouissement global de l’homme. C’est l’art de s’identifier au-delà de tout comme un esprit bienfaiteur participant à l’édification d’un monde meilleur. C’est une pratique qui permet à l’individu de se transformer positivement. Elle a une démarche plastique qui est la SpiriGraphie : technique artistique qui place l’âme au cœur de la création. Les instruments utilisés sont les pensées, les paroles, les actions pour créer des merveilles.

SpiriGraphie Main de l’esprit (Photo Al Barles)
SpiriGraphie Main de l’esprit (Photo Al Barles)
Quelques œuvres de Zak Ndam : les lauréats, la main du triomphe, par le temps, la puissance de l’harmonie (Photos Al Barles)
Quelques œuvres de Zak Ndam : les lauréats, la main du triomphe, par le temps, la puissance de l’harmonie (Photos Al Barles)

Artiste engagé pour l’épanouissement individuel et collectif, dans un monde pris au piège des crises multiples ce concept culturel mérite d’être vulgarisé de par son universalité à l’heure ou négrophilie, wokisme, islamo-gauchisme, suprémacisme blanc prennent en tenailles les peuples. « Le bien être humain ne saurait être effectif en marge du geste créatif »

Les beaux sont là, vous passez vos vacances en Martinique prenez le vol de nuit 8723 aller-retour entre la Martinique et le Cameroun au festival Fort-de-France au jardin du parc Aimé Césaire. N’hésitez pas à flâner dans l’espace artisanat où vous découvrirez les œuvres de Zak NDAM.
Maître Zak Ndam, Concepteur de la SpiriCulture/Fàh-nyounyouo – Accueil | Facebook
Zak Ndam (@zakndam) • Photos et vidéos Instagram
52e Festival Culturel de Fort-de-France

Alvine Barles, professeure d’Histoire-Géographie, pur produit de l’immigration est arrivée dans le Sud de France il y a une dizaine d’années. Elle partage classiquement son temps entre l’enseignement, la recherche et des activités associatives en France et à l’étranger. Avec une quinzaine d’années d’expérience dans le secteur éducatif, cette passionnée de pédagogies alternatives milite pour une éducation « praxis » adaptée aux réalités actuelles et aux défis de demain. Elle se positionne aussi comme une citoyenne du monde. Originaire d’un pays du Sud riche en ressources naturelles elle s’interroge sur les questions de développement des sociétés. Trouver les solutions aux maux qui minent les pays du Sud en particulier reste un défi personnel. Son projet de thèse «Les mutations socio-économiques et culturelles liées à l’évolution du transport maritime en Afrique subsaharienne dans la maritimisation des économies» témoigne de cet engagement.

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