Chantier du stade Vélodrome : la CGT dénonce un « dumping social »

Publié le 10 juillet 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h42

Une quarantaine de militants de la CGT a envahi le chantier du stade Vélodrome à Marseille, ce mardi 9 juillet, pour provoquer une prise de conscience suite à l’accident dont a été victime un ouvrier espagnol le 20 juin dernier. Outre les conditions de travail qu’il juge « inquiétantes », le syndicat dénonce le recours massif à des salariés « low-cost », venus essentiellement du Portugal, d’Espagne et de Pologne.

Selon la CGT, on compte 160 employés de GFC Construction, filiale de Bouygues Contrcution, et plus de 600 salariés sous-traitants représentant 240 entreprises sur le chantier du stade Vélodrome à Marseille. (Photos S.P.)
Selon la CGT, on compte 160 employés de GFC Construction, filiale de Bouygues Contrcution, et plus de 600 salariés sous-traitants représentant 240 entreprises sur le chantier du stade Vélodrome à Marseille. (Photos S.P.)
Le syndicat dénonce le recours massif à des salariés
Le syndicat dénonce le recours massif à des salariés
Provoquer une prise de conscience suite à l’accident dont a été victime un ouvrier espagnol d’une quarantaine d’années (*), travaillant pour une entreprise sous-traitante de GFC Construction (filiale de Bouygues Construction), le 20 juin dernier : c’était le sens de l’action du syndicat CGT du BTP 13 dont une quarantaine de militants a envahi, ce mardi 9 juillet aux premières heures de la matinée, le chantier du stade Vélodrome à Marseille. « On sait par la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) que sur ces chantiers, car en plus du stade il y a des centres commerciaux et des habitations, on compte 160 employés de GFC Construction et plus de 600 salariés sous-traitants qui représentent 240 entreprises, assure Joël Ellen, secrétaire départemental de la CGT du BTP 13. Or, alors que notre fédération a une politique revendicative sur l’emploi, beaucoup de ces personnes sont des travailleurs « low-cost » essentiellement portugais, espagnols et polonais. Et ça, sur les gros chantiers de Marseille, ça devient monnaie courante. » Outre les chantiers du stade Vélodrome qui emploieront « plus de 700 salariés au plus haut du pic d’activité », le responsable syndical évoque aussi les Terrasses du Port et les chantiers d’Euroméditerranée.
En outre, si la CGT n’est pas représentée au sein de GFC Construction, ce qui complique la possibilité de mener une action syndicale alors que les chantiers sont interdits au public, le syndicat affirme cependant que le contrôleur du travail lui a confié qu’il y aurait « pas mal de problèmes ».

« Nous avons de forts soupçons qu’ils ne soient pas payés au prix qu’il faudrait »
La centrale a donc distribué des tracts ce mardi pour inciter les ouvriers à se mobiliser afin d’améliorer leurs conditions de travail que la CGT juge « inquiétantes ». Dans ce but, elle a même traduit ses tracts en espagnol et en polonais. Mais « les ouvriers ont dû être briefés pour ne pas ouvrir leur bouche », estime Joël Ellen, car rares sont ceux qui se sont saisis des tracts tendus par les militants syndicaux.
Face à cette mobilisation, la direction du site a accepté de faire visiter à une délégation de quatre syndicalistes « la base vie » du chantier. « A vue d’œil, il n’y a pas de problèmes particuliers sur cette base vie », reconnaît le secrétaire départemental du syndicat CGT du BTP 13.
Ce qui ne l’empêche pas de dresser « un constat dramatique » et de dénoncer un « dumping social ». « Sous l’égide de la concurrence libre et non faussée et sur l’autel de la rentabilité financière, comme on ne peut pas déplacer la production, on déplace les salariés. Alors qu’aux dires des employeurs du BTP, 5 000 emplois sont supprimés chaque mois, ils sont en réalité remplacés », dénonce Joël Ellen. Et le responsable syndical de souligner que « la CGT n’est pas opposée à la venue de travailleurs en France à condition que la législation française soit respectée ». « Or, nous avons de forts soupçons qu’ils ne soient pas payés au prix qu’il faudrait », avance le secrétaire départemental. Une situation d’autant plus inacceptable à ses yeux qu’elle est alimentée par « de l’argent public, car derrière les finances sont publiques ».

Serge PAYRAU

(*) L’ouvrier, employé par une entreprise sous-traitante en charge de la charpente, a été grièvement blessé à la suite de la chute d’une poutre de plusieurs centaines de kilos. Alors que l’hebdomadaire « France Football » avait annoncé par erreur sa mort dans son édition du mardi 2 juillet sur la foi de déclarations de la CGT, Bruno Botella, président d’Arema – société chargée de la reconfiguration du stade dont GFC Construction est un des actionnaires – a démenti l’information le lendemain, se disant « choqué » et assurant que l’état de santé de l’ouvrier, qui « a subi plusieurs opérations » à l’hôpital de la Conception, s’était « amélioré ». « Au point qu’il devrait pouvoir quitter l’hôpital marseillais où il a été soigné pour rejoindre dans les prochains jours un établissement madrilène pour y effectuer sa rééducation », précise Bruno Botella. Et la CGT d’expliquer que, selon les informations dont elle dispose, l’artère de l’épaule de l’ouvrier avait été « arrachée » et avait mis « 40 minutes à cautériser ». « D’où nos inquiétudes », souligne Joël Ellen, ce qui avait conduit le syndicat à donner foi aux rumeurs annonçant la mort de l’ouvrier.

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