Cinéma. Rencontre avec Louka Meliava qui a tourné dans « Le mystère Henri Pick » de Rémi Bezançon

Publié le 2 février 2019 à  20h15 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h47

« Le mystère Henri Pick », le film de Rémi Bezançon sera Projeté au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-provence en avant-première ce 8 février. Rencontre avec l’un des acteurs Louka Meliava qui affirme que «jouer c’est un métier d’être humain».

Louka Meliava (Photo D.R.)
Louka Meliava (Photo D.R.)
C’est entièrement en costume d’époque que Louka Meliava a tourné une scène dans le film de Remi Bezançon «Le mystère Henri Pick». «J’y incarne, le Français Georges d’Anthès qui le 27 janvier 1837 tuera en duel dans la forêt de Saint-Pétersbourg l’écrivain Alexandre Pouchkine dont il avait séduit la femme», explique-t-il. Un froid de canard, des flingues d’époque et au final un excellent souvenir. D’autant plus marquant que le roman d’où est tiré le film n’a pas grand-chose à voir avec l’auteur russe qui connut une fin tragique. Le pitch en est simple. Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne, une jeune éditrice découvre un manuscrit extraordinaire qu’elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n’aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu’il s’agit d’une imposture, un célèbre critique littéraire décide de mener l’enquête, avec l’aide inattendue de la fille de l’énigmatique Henri Pick. Univers proches de ces hussards de la littérature tels que Nimier, Blondin, Déon, les chapitres écrits par David Foenkinos l’auteur du roman sont des merveilles de narration à double entrée. On comprend alors ce qui a pu séduire le réalisateur Rémi Bezançon, dans cette histoire en trompe-l’œil, véritable hymne à la littérature et au mentir-vrai romanesque, que l’acteur Pierre Hancisse (on a dit ici tout le bien que l’on pensait de son travail), a enregistré en lecture intégrale pour une version audio éditée dans la collection Ecoutez/Lire des éditions Gallimard. Même si Louka Meliava embarqué dans l’aventure après avoir été contacté par la directrice de casting Nadia Natal, ne connaît toujours pas le roman de David Foenkinos, il a adoré le scénario qu’il a lu entièrement, et particulièrement apprécié ces quelques heures de tournage de ce long métrage de Rémi Bezançon. Une fable sociale drôle et émouvante à voir en avant-première au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-Provence le 8 février à 20h15. «Un film épatant », souligne David Foenkinos en personne et où Fabrice Luchini -qui sera présent avec le réalisateur au Cézanne lors de la rencontre avec les Aixois- tient le rôle principal aux côtés de Camille Cottin.

Un acteur très physique

Jouer en costumes Louka Meliava l’affectionne d’autant plus qu’il s’est déjà plié à cette discipline dans «La belle et la bête» le film réalisé par Christophe Gans où il interprète Tristan avec Vincent Cassel, André Dussollier, Léa Seydoux. «Je me suis régalé sur le tournage que j’ai commencé le 29 novembre 2012, c’est-à-dire le jour de mes vingt ans dans la ville de Berlin que j’adore, dans ces studios magnifiques de Babelsberg, bourrés de décors immenses. J’avais mon cheval Lucky, et c’était un rêve de gosse qui se réalisait», raconte-t-il. C’est là qu’il a sympathisé avec Vincent Cassel «un type formidable», avance-t-il. Un acteur puissant qu’il a retrouvé en 2014 sur «Un moment d’égarement » le film de Jean-François Richet, (où il joue Romain), remake de celui de Claude Berri, produit par son fils Thomas Langmann. «Quand il m’a revu, Vincent m’a lancé : « qu’est-ce que tu fais-là ? » et on s’est immédiatement marrés de manière complice». On constatera à toutes les prestations de Louka Meliava qu’il est un acteur très physique. Pratiquant la capoeira, la boxe, la natation, l’équitation, le foot, il vit ses activités comme le moyen de respirer mieux, de travailler le côté instinctif que doit posséder tout bon comédien. «J’ai fait du sport une approche philosophique. C’est pour moi une ascèse, un art de vivre, une façon de mieux appréhender l’instant présent». Bosseur, et perfectionniste, Louka Meliava est sans cesse en mouvement, au sens noble du terme. Il ne se déplace pas en agité mais en homme curieux de tout, jamais là où on l’attend. «J’ai beaucoup appris le jazz, le hip-hop, par exemple, et j’aime apprendre. Pour « La belle et la bête » j’ai eu des cours d’épée, et dans « Camping 3 », je me suis entraîné à chanter et jouer de la guitare. A chaque tournage j’espère que je vais découvrir de nouvelles choses ».

Comédies et drames

Comme chaque acteur Louka Meliava alterne comédies et drames, marie le léger et le grave. Dans «Camping 3» de Fabien Onteniente où il joue Benji. «J’ai passé des moments formidables avec Franck Dubosc. Je voulais aborder la comédie et là je n’ai pas été déçu. Franck Dubosc est un pro en la matière, qui se connaît par cœur et qui peut refaire une scène en modifiant un détail qui change tout. Et puis, c’est un type bienveillant qui m’a déstressé et qui est d’une générosité extrême. On s’est là encore bien marrés, et j’ai progressé durant le tournage idyllique qui se passait à Arcachon.» On disait que Louka Meliava n’aimait pas les positions figées. Pour preuve HP saison 1 cette série télé produite par Lincoln TV/OCS qui a reçu le Prix de la meilleure série 26’ au Festival de la fiction de La Rochelle 2018 et dont il est particulièrement fier. «J’y incarne Ulysse, un interné pyromane et pour le rôle, j’ai creusé avec Émilie Noblet, la réalisatrice -dont on précisera qu’elle a suivi des études à Aix-en-Provence-, une partie de moi que je n’avais pas encore mise à jour. C’était fantastique ce rôle de composition qui m’a obligé à me surpasser.» Ajoutons «Respire» de Mélanie Laurent, où Louka Meliava a travaillé avec un certain Thomas Olivarès, de la bande de Michalik sur «Edmond» ou encore «Éternité» deTran Anh Hung avec Audrey Tautou, et Bérénice Bejo, film qu’il juge «touchant », et on comprendra que malgré sa jeune carrière Louka Meliava enchaîne les plateaux.

«Je bouffe du cinéma tous les jours»

«Le cinéma c’est ma passion, poursuit-il, J’en bouffe tous les jours, et le jeu c’est comme quand j’étais un gamin. Je me suis aperçu que j’avais toujours rêvé de faire ça.» Né le 29 novembre 1992 à Paris, Louka Meliava est allé ado à Contis dans les Landes, où il y avait un festival de courts-métrages. « J’ai compris que j’aimais le cinéma en travaillant comme ouvreur, et à 15 ans, j’ai commencé à prendre des cours au Cours Florent ». Puis ce sera l’école Supérieure de Comédiens en alternance du Studio Asnières. Si Louka Mliava est tombé dans la marmite du 7e art très jeune le théâtre nourrit aussi sa vie.

Des amis de théâtre nommés Tigran Mekhitarian et Samuel Yagoubi.

C’est auprès de Jean-Pierre Garnier que Louka s’est perfectionné en théâtre, cet art qu’il aime aussi pour ses longues répétitions et ce dialogue avec ses partenaires. Avec deux rencontres essentielles en la personne de Samuel Yagoubi (son meilleur ami), et l’acteur-metteur en scène Tigran Mekhitarian dont on a dit ici le plus grand bien qui s’étaient retrouvés sur «Les fourberies de Scapin », mis en scène par Tigran, et qui fut un succès au Festival d’Avignon. « Je suis arrivé sur le projet plus tard, à cause de tournages cinéma où j’ai remplacé un comédien sur le rôle de Sylvestre, non plus à Avignon, mais au Théâtre de Menilmontant», explique Louka avant de confier : « Tigran, on s’est rencontrés au Cours Florent, et on a tissé des liens très forts. J’aime sa manière de diriger qui consiste à rajouter une couleur aux choses, à laisser de la place pour la rigolade, et qui prend en compte la relation que l’on a dans la vie réelle.» Expliquant que dans «Les fourberies de Scapin» «Tigran voulait mettre en évidence la différence de style entre Samuel qui bouge tout le temps et moi qui suis plus statique. Sa démarche a enrichi sa mis en scène». Louka Meliava redit volontiers que «jouer c’est se dévoiler, que c’est un moment de partage» et au moment où il vient d’interpréter au Théâtre 13, Clémentin et Walter dans «Les Yeux d’Hanna» de Luc Tartar mis en scène par Cécile Tournesol -avec Tigran Mekhitarian ou en alternance dans le rôle de Rachid, l’acteur Théo Askolovitch, un autre formidable comédien dont nous allons parler prochainement-, Louka lance comme une manière de montrer son attachement à ses semblables : « Jouer c’est un métier d’ »Être » humain » (au sens d’exister). Un rappel à des fondamentaux humanistes qui nous font dire au sujet de cet acteur solaire et empathique qui suscite pour le définir ces élogieuses et superbes paroles de Sartre à la fin des «Mots» : «Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ».
Jean-Rémi BARLAND

«Le mystère Henri Pick» de Remi Bezançon en avant-première au cinéma Le Cézane d’Aix-en-Provence, le 8 février à 20h15. En salles le 6 mars 2109
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