CNRS. Des femmes et des enfants néandertaliens victimes d’un cannibalisme sélectif à Goyet

L’étude d’un assemblage d’os humains néandertaliens découvert dans la Troisième caverne de Goyet (Belgique) met en évidence un cannibalisme sélectif ayant ciblé principalement des femmes adultes et des enfants il y a entre 41 000 et 45 000 ans.

Destimed cnrs CANNIBALISME
Restes humains néandertaliens de la Troisième caverne de Goyet (Belgique). Les os, fortement fragmentés, présentent des traces caractéristiques de fracturation et de percussion sur os frais, témoignant d’un traitement intentionnel des corps. Les individus (GNx, pour « Goyet Neandertal » x), au nombre minimal de six, ont été identifiés par analyses génétiques : XX indique un sexe féminin et XY un sexe masculin. © Institut royal des Sciences naturelles de Belgique/Scientific Reports

Le profil biologique des victimes, identifié pour la première fois, dévoile qu’elles faisaient partie d’un groupe extérieur à la communauté où elles ont probablement été amenées pour y être consommées à des fins d’alimentation, plutôt que dans un contexte rituel, comme le suggère la présence de traces similaires à celles retrouvées sur les os d’animaux consommés par les occupants du site de Goyet1. Tout juste publiés dans Scientific Reports, ces travaux sont menés par une équipe de recherche internationale et impliquant des chercheurs du CNRS2, de l’Université de Bordeaux et de l’Université d’Aix-Marseille.

En replaçant l’ensemble de ces analyses dans le contexte de la fin du Paléolithique moyen3, marqué au nord de l’Europe par une forte diversité culturelle au sein des groupes Néandertaliens et par la présence émergente d’Homo sapiens dans les régions voisines, cette forme de cannibalisme dirigée contre des individus extérieurs particuliers pourrait refléter l’existence de tensions territoriales entre groupes, qui précèdent la disparition des Néandertaliens dans la région.

Ces conclusions s’appuient sur dix ans de recherche qui ont impliqué une réévaluation de la collection de Goyet4 à l’aide d’analyses ADN, de datations radiocarbone, de mesures isotopiques pour déterminer l’origine géographique des individus et de reconstitutions virtuelles permettant l’analyse morphologique de ces ossements humains parfois très fragmentés.

 

Notes :

1 – Sélection des membres inférieurs et fracturation systématique des os pour accéder à la moelle, plus nutritive.

2 – Relevant du laboratoire « De la préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologie » (CNRS/Ministère de la Culture/Université Bordeaux). D’autres chercheurs du Centre de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Aix-Marseille Univ/CNRS/INRAE/IRD) sont impliqués.

3- Période de la Préhistoire qui s’étend d’environ 300 000 ans avant notre ère à 40 000 ans avant notre ère.  En Europe elle est principalement associée aux Néandertaliens.

4 – Hébergée à l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (Bruxelles, Belgique).

 

Bibliographie:

Highly selective cannibalism in the Late Pleistocene of Northern Europe reveals Neandertals were targeted prey. Quentin Cosnefroy, Isabelle Crevecoeur, Patrick Semal, Mateja Hajdinjak, Alba Bossoms Mesa, Johannes Krause, Guido Alberto Gnecchi-Ruscone, Cosimo Posth, Hervé Bocherens, Thibaut Devièse & Hélène Rougier. Scientific Reports, le 19 novembre 2025. 

https://doi.org/10.1038/s41598-025-24460-3

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