CONSEIL GENERAL

Publié le 2 avril 2013 à  3h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h12

Jean-Noël Guérini ni pour la Métropole, ni pour le statu quo

Interpellé par la droite lors de la séance du 29 mars, le président du conseil général a réaffirmé sa position sur la Métropole. Favorable à un pôle métropolitain, à l’instar de 108 des 119 maires des Bouches-du-Rhône, il estime que seule l’autorité de l’Etat peut résoudre les problèmes de la cité phocéenne.

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Au détour de deux délibérations sur les orientations stratégiques et budgétaires de la délégation Economie et de celle dédiée à l’Aménagement du territoire, Grands projets structurants Marseille et Coopération intercommunale, l’interpellation est signée Martine Vassal (UMP), présidente du groupe « Avenir pour le 13 », très en verve ce vendredi 29 mars. « J’aurais pensé que MM. Gachon et Masse puissent intervenir sur la Métropole. Je trouve que la politique du conseil général devrait tenir compte de cette perspective et, puisque vos amis sont au pouvoir, que le gouvernement puisse écouter les incantations socialistes d’un des plus grands départements de France », observe-t-elle.
Nullement pris au dépourvu, Jean-Noël Guérini (PS) a d’emblée rappelé qu’il demeurait « prudent » sur ce dossier tout en s’interrogeant ouvertement : « c’est quoi une métropole ? ». Et le président du conseil général des Bouches-du-Rhône de poursuivre : « Je ne vais pas poser le point complet de l’épineuse question de la reconfiguration de notre territoire : ce n’est pas de notre compétence. Nous sommes encore dans l’attente du projet de loi qui est actuellement au Conseil d’Etat, et je crains que la tournure prise par l’absence de réel dialogue n’entraîne de fâcheux blocages. » Soulignant qu’« il est important que les maires puissent intervenir », il observe que « les questions posées par un grand nombre de maires, qui se font l’écho d’inquiétudes concrètes de la population, n’ont toujours pas de véritable réponse ». Ce qu’il déplore : « Je crains qu’une fois encore, des technocrates réservent à notre territoire un traitement que je me contenterai de qualifier de « spécifique ». »

« Je ne veux pas que la Métropole soit une leurre »

Dans ce contexte, Jean-Noël Guérini réaffirme publiquement quelle est sa position sur ce dossier, une position qui n’a pas varié d’un iota depuis la visite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Marseille en septembre dernier. « S’il suffisait de redessiner la carte intercommunale pour régler la question de la drogue et du chômage dans la deuxième ville de France, il n’y aurait pas besoin de longs débats ! », tranche-t-il d’emblée. Il estime par ailleurs qu’« il faut regarder la réalité en face et poser la question des moyens, sans se bercer d’illusions, à l’heure où les dotations sont à la baisse et le seront encore en 2014 ». Appelant à « prendre en compte cette donnée économique », il assène : « Je mesure les visées des uns et des autres dans le cadre de cette métropole : je laisse ça de côté. Mais je ne veux pas que celle-ci soit un leurre nous faisant perdre de vue la situation économique délicate dans laquelle nous sommes. Je veux bien qu’il y ait des erreurs de méthode. Elles dissimulent mal cependant un désaccord de fond qui mérite d’être rappelé. »
En faisant référence, sans le nommer, au pôle métropolitain, un modèle d’organisation territoriale qui préserve les intercommunalités en faveur duquel se sont exprimés 108 des 119 maires du département, il s’interroge : « Pour quelle raison refuse-t-on à notre territoire un mode d’organisation qui est retenu pour le Grand Paris, à qui je le rappelle, le gouvernement vient d’octroyer 30 Mds€ pour améliorer les transports. » Sur ce fameux « 30 à 0 » dénoncé par la droite marseillaise, il demeure prudent. Et en ce vendredi Saint, il est « comme Saint-Thomas : tant que je n’ai pas d’éléments, j’attends ».

Le conseil général « prêt à transférer » compétence et moyens « à une autorité organisatrice des transports, unifiée et intégrée »

Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre. « J’ai toujours dit que les transports étaient au cœur de la problématique du développement de notre territoire. Je n’ai jamais ménagé mes efforts, au cours de ces dernières années, pour faire avancer ce dossier, ô combien complexe. Je le dis une nouvelle fois, le conseil général est prêt à transférer cette compétence et ses moyens à une autorité organisatrice des transports, unifiée et intégrée. Afin d’y parvenir, il est nécessaire que le Syndicat mixte des transports prolonge ses travaux », réaffirme-t-il.
Jugeant que « la très majorité des élus demande, simplement et clairement, à être traitée de manière équivalente et souhaite la mise en place d’un établissement public opérationnel de coopération », Jean-Noël Guérini considère que « des propositions réalistes ont été formulées ». « A l’évidence, on ne donne pas l’impression d’en tenir compte », dénonce-t-il. Ainsi, alors que Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, s’apprête à venir rencontrer le G23, le groupe de travail « Métropole » constitué au sein de l’union des maires des Bouches-du-Rhône, le président du conseil général comprend « le refus des maires de participer aux réunions de la mission de préfiguration présidée par le préfet Thery ». « Dans ces conditions, on nous promet une structure métropolitaine plus institutionnelle qu’opérationnelle. Dresser ce constat, ce n’est pas plaider pour la statu quo », insiste-t-il. Avant de résumer à l’adresse du Premier ministre qui fut pendant plus de deux décennies maire de la capitale bretonne : « Les 108 maires demandent que ce qui se fait à Nantes se fasse dans le département des Bouches-du-Rhône ».
Et Jean-Noël Guérini de conclure : « Si la Métropole réglait tous les problèmes de la ville de Marseille, j’applaudirais et j’y serais favorable. Mais la seule chose qui peut les règles, c’est l’autorité de l’Etat. Il faut que se dégage un consensus pour que Marseille devienne une priorité nationale pour le gouvernement, en lui attribuant pas seulement des moyens, mais en faisant aussi en sorte que l’autorité de l’Etat, sous celle du Premier ministre, s’impose à Marseille en termes d’objectifs économiques. »

Serge PAYRAU

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