Le Premier ministre espagnol reste en poste

Pedro Sanchez n’aura pas fait attendre les Espagnols trop longtemps. Mercredi, il avait mis sa démission dans la balance après l’ouverture d’une enquête préliminaire contre son épouse, déclarant, via « une lettre aux citoyens », se donner jusqu’à ce lundi 29 avril pour communiquer sa décision, provoquant la consternation dans le pays. En effet, fait unique en Espagne, il s’était depuis retiré de toute activité publique.

C’est vers 11 heures, que le dirigeant socialiste, au pouvoir depuis 2018, a annoncé, depuis le Palais de la Moncloa, qu’il restait en poste, à la tête d’une coalition fragile, élue depuis moins d’un an et qui ne cesse de traverser crises et turbulences.

Depuis l’annonce de sa mise en retrait, le Premier ministre espagnol qui doit lancer la campagne des régionales prochainement, a reçu de nombreux témoignages de solidarité, y compris dans les rues, où sont descendus les Espagnols de gauche, notamment à Valence et Madrid, en soutien au chef de gouvernement.

L’enquête pour « trafic d’influence et corruption » qui vise l’épouse de Pedro Sanchez, Begoña Gómez, a été ouverte le 16 avril après une plainte de l’association « Manos limpias », considérée comme étant proche de l’extrême-droite. Elle porte, selon les informations des médias espagnols, sur les liens que cette dernière aurait noué avec Globalia, au moment où sa filiale, Air Europa, négociait avec le gouvernement Sanchez l’obtention d’aides publiques. Le parquet a demandé jeudi le classement de cette plainte uniquement basée sur des articles de presse, bien que le juge en charge du dossier n’ait pas encore dévoilé la suite qu’il donnerait à cette enquête.

Moqué par l’opposition de droite qui l’accuse de vouloir se victimiser, Pedro Sanchez s’est montré très offensif dans sa déclaration de maintien ce lundi matin: « J’assume la décision de rester avec plus de force que jamais », a martelé le chef du gouvernement  dans son allocution solennelle retransmise à la télévision, portant le débat sur la question du traitement de la vie publique. Selon lui, il ne s’agit donc pas  » du destin d’un dirigeant en particulier; il s’agit de décider de quel type de société nous voulons être. Notre pays a besoin de cette réflexion, cela fait trop longtemps que nous laissons la boue contaminer notre vie publique ».

S’il a démontré à plusieurs reprises sa capacité de résilience, Pedro Sanchez se retrouve confronté une nouvelle fois à une crise majeure dans un pays de plus en plus polarisé politiquement, voire dans une société qui se fracture notamment sur les enjeux indépendantistes, alors même qu’il est pourtant comptable d’un bilan économique relativement exceptionnel en Europe. Une crise qui, malgré la fermeté du responsable socialiste, pourrait laisser des traces dans l’opinion et renforcer encore l’instabilité politique de ces derniers mois.

P.C0.

 

 

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