Opéra de Marseille. La saison du centenaire dévoilée : épique et bien en voix

Six productions lyriques, dont une création, un Requiem de Verdi, des concerts : les temps sont durs mais le navire lyrique marseillais vogue encore avec à sa barre le capitaine Maurice Xiberras qui maintient le cap de la qualité des distributions. On fêtera donc dignement les 100 ans de l’Opéra de Marseille à partir du 26 septembre et jusqu’au 10 juin 2025.

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Michele Spotti, Jean-Marc Coppola et Maurice Xiberras ont présenté la saison du centenaire. Photo Christian Dresse.

« Comment ça va l’art lyrique en France ? » Pas très bien mon bon monsieur… Comme d’autres pans de la culture il est atteint par la pandémie des réductions de subventions de la part de l’État et des institutions obligeant nombre d’opéras de l’hexagone à revoir leurs programmations à la baisse. Le rapport assassin de la Chambre régionale de la Cour des Comptes publié l’été dernier, aux commentaires parfois excessifs et souvent injustifiés, laissait craindre du gros temps sur les rives du Vieux-Port. Il n’en est rien et, avec principalement l’appui financier de la Ville, le navire chargé de notes et de partitions est armé pour voguer sur les eaux du centenaire.

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C’est Norma qui ouvrira la saison 2024/2025 avec Karine Deshayes dans le rôle-titre. Photo Cosimo Mirco Magliocca.

Alors que le Palais Garnier n’existait pas encore (il sera inauguré en 1875), le Grand Théâtre de Marseille accueillait la création de « Norma » le 19 novembre 1852. Et c’est l’ouvrage de Bellini qui ouvrira la saison du centenaire en septembre. Avec Karine Deshaye dans le rôle-titre qu’elle a abordé l’été dernier au Festival d’Aix-en-Provence en version concert. La mezzo-soprano avait séduit à cette occasion sur la scène du Grand Théâtre de Provence et elle retrouvera l’incarnation de la prêtresse dans une mise en scène d’Anne Delbée, face au Pollione d’Enea Scala et sous la baguette de Michele Spotti le directeur musical maison. Sortez les mouchoirs, la « Madama Butterfly » incarnée par Alexandra Marcellier devrait ensuite émouvoir, mise en scène par Emmanuelle Bastet et dirigée par Paolo Arrivabeni; cinq représentations sont proposées du 14 au 24 novembre.

(LA)HORDE danse à l’Opéra

Retour de Michele Spotti à la tête de son orchestre le 19 janvier pour ouvrir l’an 2025 avec la Messe de Requiem de Verdi, œuvre monumentale qui sera servie par le quatuor Angélique Boudeville, Marianna Pizzolato, Ivan Ayon-Rivas et Simon Lim. Coproduction régionale « Rusalka » de Dvorak donnera ensuite l’occasion de retrouver avec plaisir Lawrence Foster, à qui l’orchestre de l’Opéra doit tant, ainsi que Sébastien Guèze qui incarnera le Prince de ce conte.

Désireux d’associer les artistes locaux à sa programmation, le 2 mars, l’opéra proposera l’ « Orfeo » de Monteverdi donné par le Concerto Soave sous la direction de Jean-Marc Aymes avec une mise en espace de Jimmy Boury ; cet ouvrage que l’on dit être le premier opéra de l’histoire de la musique n’a jamais été représenté à Marseille. D’autres rendez-vous avec des acteurs marseillais du spectacle vivant, notamment le Ballet National de Marseille (LA)HORDE en décembre, sont aussi à l’affiche.

Le retour de Sigurd

En 1924, pour l’ouverture du nouvel opéra de Marseille cinq ans après sa destruction par un incendie, on avait donné Sigurd de Reyer. La dernière représentation in loco de l’œuvre remonte à 1995 et pour célébrer à la fois le centenaire de la scène et les 140 ans de l’ouvrage, c’est une nouvelle production de cette épopée qui est programmée en mars dans une mise en scène de Charles Roubaud, dont on connaît le talent pour magnifier les blockbusters lyriques, Jean-Marc Zeitouni étant à la direction. Pour tirer le rideau sur cette saison, c’est « Le Trouvère » qui a été convié, Michele Spotti à la baguette, Louis Désiré à la mise en scène et deux têtes d’affiche très attendues: Angélique Boudeville sera Leonora et Teodor Ilincai, Manrico. On en rêve déjà…

 

Au cours de la conférence de presse de présentation de cette saison, Jean-Marc Coppola, adjoint au maire en charge de la culture confiait qu’une rénovation de l’Opéra était envisagée sur plusieurs années ( jusqu’en 2030) et qu’un budget conséquent de 45 millions d’euros pourrait être affecté aux travaux. Il nous disait aussi que le changement de statut de la maison lyrique était toujours à l’étude. Croisons les doigts pour que tout soit mené à bien et que Marseille demeure l’une des places fortes historiques de l’art lyrique en France.

Michel EGEA

L’Odéon toujours chantant…
Seule salle en France à proposer une saison consacrée à l’opérette, l’Odéon a encore de joyeux jours à vivre entre 2024 et 2025. Ce sont les yeux de velours de « La Belle de Cadix » qui ouvriront le bal fin novembre. Il faudra ensuite attendre janvier 2025 pour découvrir «Le Grand Mogol », l’opérette d’Audran créée à Marseille en 1877. Suivront « La Belle Hélène », une création mondiale de Campo, « La Petite Sirène », accessible au jeune public à partir de 7 ans, « Au Pays du soleil » de Vincent Scotto. C’est la comédie musicale de Rodgers « La Mélodie du bonheur » qui bouclera la saison d’opérette à l’Odéon.

Pratique: Les programmes complets des saisons de l’Opéra et de l’Odéon sont à retrouver sur les sites opera.marseille.fr et odeon.marseille.fr 
Renseignements : pour l’Opéra au 04 91 55 11 10 ou au 04 91 55 20 43 ; pour l’Odéon au 04 13 94 85 20. Le renouvellement des abonnements se fera du 28 mai au 15 juin et les nouveaux abonnements seront pris à partir du 18 juin. Pour les places à l’unité une ouverture exceptionnelle des ventes aura lieu le 25 juin à partir de 9 heures dans le hall de l’Opéra et à la billetterie de l’Odéon.

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