Un conte de fées par Gilbert Benhayoun

Publié le 11 février 2014 à  19h57 - DerniÚre mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h18

Sofiya Nigatu et Ishay Hadas
Sofiya Nigatu et Ishay Hadas
Il ne s’agit pas de l’annonce, tant espĂ©rĂ©e d’une baisse des impĂŽts
pour les mĂ©nages bien sĂ»r, mais d’une simple histoire vraie qui s’est dĂ©roulĂ©e en Éthiopie. En 2004, un israĂ©lien, Ishay Hadas, 58 ans, de passage pour 24 heures dans une petite ville miniĂšre d’Éthiopie au nord d’Addis-Abeba, accompagnant une expĂ©dition archĂ©ologique, dĂ©cide de se rendre dans le seul bar de la zone. Ce n’était qu’une simple tente doublĂ©e d’un bordel. LĂ , il remarqua une des serveuses dont l’allure, le visage ne semblaient pas correspondre au lieu. Il apprit qu’elle n’avait que 19 ans. Pour lui, manifestement elle n’était pas Ă  sa place. Elle avait un air innocent qui ne cadrait pas au lieu, et qui ne pouvait le laisser indiffĂ©rent. Aussi il dĂ©cida de lui poser une question. Que ferait-elle si elle avait suffisamment d’argent Ă  dĂ©penser ? Quelle ne fut sa surprise d’entendre sa rĂ©ponse. Il s’attendait Ă  ce qu’elle rĂ©ponde qu’avec cet argent elle pourrait acheter des habits ou mieux se loger. La rĂ©ponse fut: «Je voudrais ĂȘtre infirmiĂšre ». Il dĂ©cida, sans vraiment rĂ©flĂ©chir, qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  l’aider, et surtout l’aider Ă  quitter ce lieu peu recommandable. Sur le champ il lui fit une proposition. Il s’engageait Ă  lui payer ses Ă©tudes et le logement jusqu’à ce qu’elle obtienne le diplĂŽme. Elle devait quitter le bar et son mode de vie immĂ©diatement. Au dĂ©but, Sofiya Nigatu, la jeune Ă©thiopienne, fut septique. Elle n’avait aucune raison de croire ce que racontait cet Ă©tranger, mĂȘme si il avait l’air sincĂšre. Mais comme elle n’avait rien Ă  perdre, elle dĂ©cida d’accepter. Comme dit le proverbe arabe : «Suis le menteur jusqu’à la porte de la maison».
Hadas dĂ©cida alors, de lui faire signer un contrat qu’il rĂ©digea sur le champ. Elle s’engageait Ă  poursuivre ses Ă©tudes, Ă  faire un test HIV, qui se rĂ©vĂ©la par la suite nĂ©gatif, et Ă  abandonner dĂ©finitivement la prostitution. Le lendemain, il l’emmena Ă  la ville voisine, et la laissa avec 300$ en poche, ce qui reprĂ©sentait une petite fortune en Éthiopie Ă  cette Ă©poque. Il lui promit que si elle respectait son engagement, il lui enverrait 100$ tous les mois. Il avait conscience n’avoir aucun moyen de vĂ©rifier si elle respecterait sa promesse, sachant qu’il lui donnait ainsi le moyen de vivre aux crochets de cet inattendu bienfaiteur. AprĂšs tout quel moyen de pression avait-il sur elle ? Aucun. Alors

A son retour en IsraĂ«l, l’accueil de son Ă©pouse, fut plus que rĂ©servĂ©. Elle Ă©tait convaincue que cette jeune Ă©thiopienne avait trouvĂ© en Ishay, un pigeon Ă  plumer. Pourtant il reçut quelques semaines aprĂšs les rĂ©fĂ©rences bancaires de Sofiya. Aussi, il dĂ©cida de tenir sa promesse et lui versa tous les mois les 100$ qu’il s’était engagĂ© Ă  lui envoyer. Afin qu’elle puisse travailler dans de bonnes conditions il lui envoya Ă©galement un ordinateur portable. Neuf annĂ©es passĂšrent, et durant toute cette pĂ©riode, il ne reçut des nouvelles de Sofiya que de maniĂšre sporadique, les messages Ă©taient laconiques. Son anglais Ă©tait trĂšs approximatif et la connexion internet fonctionnait mal. Pourtant il recevait parfois quelques messages lui demandant comment il se portait, et l’informant qu’elle, de son cĂŽtĂ©, allait bien. MalgrĂ© ces messages, les amis et la famille de Ishay, de plus en plus sceptiques, lui faisaient remarquer qu’elle mettait bien du temps Ă  obtenir son diplĂŽme. Il leur rĂ©pondait alors qu’il fallait faire preuve de patience.
En 2013, prĂšs d’une dĂ©cennie aprĂšs il reçut un message : elle venait d’obtenir son diplĂŽme de pharmacologie. Aussi il dĂ©cida de retourner en Éthiopie afin d’assister Ă  la remise des diplĂŽmes, et il fut mĂȘme autoriser Ă  y prononcer un discours. L’assistance n’a pu retenir ses larmes. Il avait rĂ©alisĂ© le rĂȘve de cette jeune fille. AprĂšs la cĂ©rĂ©monie, il eut une autre surprise, elle lui prĂ©senta le jeune garçon qu’elle avait eu trois ans auparavant. Il comprit alors la raison de son retard dans les Ă©tudes. Sofiya lui avoua lui avoir cachĂ©, durant toute cette pĂ©riode, vivre avec un ami avec qui elle eut un enfant de peur qu’il dĂ©cidĂąt de rompre le contrat. Elle avait, pour la mĂȘme raison, refusĂ© le mariage que son ami lui proposait Ă  plusieurs reprises. En fait, elle se trompait car il se demandait souvent pourquoi durant cette longue pĂ©riode elle ne s’était pas mariĂ©e et n’avait pas fondĂ©e une famille. Il Ă©tait maintenant rassurĂ©.

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