Entretien avec Sylvie Casalta «Nos territoires d’abord» : «Les amoureux du Sud» pour mettre l’accent sur le «bien-vivre »

Sylvie Casalta est membre du bureau exécutif de « Nos territoires d’abord »,  mouvement politique initié par Renaud Muselier. Elle est, en outre, au sein même de cette formation, référente de l’assemblée appelée «Les amoureux du sud ». Rencontre.

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Sylvie Casalta, Docteur en Physique nucléaire membre du bureau exécutif de « Nos territoires d’abord » © R.R.

Un ciel presque vieillit tombe sur le Vieux port. Nous sommes à ces heures calmes, où comme un navire, la ville semble surgir d’une sorte de brume. Le mois d’octobre est lourd. Quelques passants s’affairent autour d’une boutique. D’autres, en tee-shirt jaune s’adonnent au « running ». Si Marseille ressemble aux grandes métropoles, quelque chose, en elle, demeure inoxydable. Peut-être est-ce cet enfant qui, au loin, joue à compter des cailloux ? A moins que cela ne soit lié à la mer ?  « Voilà pourquoi nous sommes des amoureux du sud », affirme Sylvie Casalta. « Il est impossible de s’en défaire. Ce sont des horizons marins et de belles rives blanches. Ici les parfums me rappellent à des souvenirs oubliés. Je revois, également, des amis, qui impatients de partager leurs histoires, ont passé plusieurs mois à m’attendre ».

« Un développement durable susceptible de lier l’ensemble des enjeux »

Sylvie Casalta sourit. Sa tasse de thé vert fume lentement. « Le pari du président Muselier est clair, explique-t-elle, il s’agit de fédérer un arc républicain. Notre intérêt commun porte un nom : la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous souhaitons rassembler les forces vives, additionner les compétences et contribuer au dynamisme de nos territoires. Nous croyons en un développement durable susceptible de lier l’ensemble des enjeux. La transition écologique, pour ne citer qu’elle, ne peut être séparée de la croissance économique. Dans le même ordre d’idée  la compétitivité et le soutien à l’entreprenariat sont associés aux questions d’équité et de justice sociale ». « Cette méthode, explique-t-elle, initiée par le président de Région, a permis notamment à sa liste de remporter les élections régionales de Juin 2021 ». « C’était sans compter sur l’humanisme de nos territoires, lance Sylvie Casalta. Citoyens, élus, associations et société civile ont su travailler, autour de Renaud Muselier, pour faire gagner notre liste. Il s’agit à présent de continuer dans cette optique : celle d’une gouvernance qui libère les énergies ».

« Au plus près du terrain »

« Nous sommes engagés au plus près du terrain, poursuit-elle. Notre objectif est le rassemblement des personnes françaises ou étrangères partageant notre amour pour la Région Sud. Ces femmes et ces hommes portent des convictions forgées au cœur d’un espace politique démocrate et républicain. Notre ADN, en outre, est celui de l’action. Nous favorisons par conséquent les échanges internationaux et discutons librement des sujets de société. Nous organisons, de plus, des événements et des temps forts dans le but de faire vivre nos idées au cœur de la société civile ».

La référente des « Amoureux du sud » aborde les projets portés par son mouvement. « Nous désirons mettre l’accent sur le bien-vivre, explique-t-elle. Je souhaite, avec nos militants et sympathisants, valoriser les talents et les initiatives qui, en réalité, foisonnent en Région Sud.» Les exemples sont nombreux, précise-telle : « Nous avons pour la première fois, avec Michel Classaens regroupé autour d’une table les maires de Vinon-sur-verdon, Manosque et Saint-Paul-lez-Durance. Ces derniers ont échangé avec 3 types d’acteurs : les représentants des familles collaborant pour le projet Iter France, des associations et le lycée international de Manosque. Le but est de favoriser l’inclusion des familles étrangères travaillant au sein du complexe d’Iter France. Nous agissons aussi en faveur de l’urbanisme eco-responsable. Avec Paula Fassi et Nathalie Barde nous œuvrons sur tous types de logements, des hôtels aux logements sociaux et sur le projet européen New Bauhaus. Dans ce contexte, nous avons organisé à Bruxelles un débat sur la problématique des  îlots de chaleur ». Elle rappelle que «Les amoureux du sud» prennent à bras le corps les thèmes touchant au plus près la vie quotidienne : Sécurité, culture, éducation, laïcité, jeunesse, écologie, transition énergétique, innovation scientifique et économie.

« Nous sommes préoccupés par le harcèlement scolaire, les addictions, les violences faites aux femmes et aux jeunes filles »

Sylvie Casalta annonce encore : « L’agenda de nos prochaines initiatives est assez riche. Concernant la sécurité, nous organisons une rencontre à Bruxelles entre des policiers français, en particulier le Secrétaire départemental du syndicat Alliance, Sébastien Soulé, Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police Provence-Alpes-Côtes d’azur, et la Police Belge ainsi que la Confédération européenne de la Police EU Pol. Là encore, nous avons l’ambition de mutualiser les bonnes pratiques ».

Met également en exergue : « Nous sommes aussi extrêmement préoccupés par le harcèlement scolaire, les addictions, les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Notre militante Caroline Gora, par ailleurs Présidente de l’association Egali-terre, réalise un extraordinaire travail de terrain. Nous allons effectuer, avec elle, une distribution de capuchons anti-drogue du violeur. L’opération aura lieu le 7 décembre, devant le Campus Fontlongue de Miramas. Cela sera l’occasion de lancer une campagne appelée « Protégeons nos jeunes ». De surcroît Caroline Gora, qui a déjà formé 18 chefs d’établissements à la lutte contre le harcèlement scolaire, interviendra sur le sujet, le 6 novembre au Collège-Lycée de la Nativité à Aix-en-Provence. Elle sera accompagnée par nos amis, Sébastien Soulé, Isabelle Laurent et Patricia Weller. Des élus seront présents, ainsi que des étudiants et le CPE du Campus Fontlongue, Cédric Slimani. Considère que « le domaine de l’éducation est essentiel. Dès le mois de janvier, notre mouvement va programmer 6 rencontres, à Marseille. Appelés « Les jeudis de l’éducation », nous allons entamer une réflexion sur les défis pédagogiques dans notre Région, en France et à l’étranger. Il s’agit d’associer les acteurs du processus éducatif : professionnels, parents, citoyens, associations, entreprises, société civile ».

Si le bien être de la jeunesse reste au cœur des préoccupations des « Amoureux du sud », la culture, dans toutes ses dimensions, est l’objet d’une attention accrue. « Caroline Haddad-Farhana, s’occupe, au sein des Amoureux du sud, de la Culture, indique  Sylvie Casalta. Elle conjugue les qualités d’une intellectuelle et d’une organisatrice. Elle collabore à la Nouvelle Équipe Française, revue créée par Raymond Aron et Lucie Faure. Elle participe, de plus, au Prix Edgar Faure, récompensant le meilleur ouvrage de littérature politique. Le 7 décembre aux Arcenaulx de Marseille, Caroline Haddad-Farhana et les Amoureux du sud, tiendront leur salon littéraire « Mots et idées ». Le thème portera sur « Intelligence artificielle, conscience et éthique«   soirée sera animé  par le Dr Éric Malbos».

« Nos territoires d’abord »  mouvement, inédit sur l’échiquier politique, reflète selon Sylvie Casalta, sa personnalité. Docteur en Physique nucléaire, cette native de Marseille, a travaillé en Allemagne et aux Pays bas. Elle est en poste, aujourd’hui, à Bruxelles, au sein de la Commission européenne. « Mon ADN est européen, témoigne la militante. Dès l’an 2000,  j’ai sillonné les écoles du Sud de la France pour expliquer aux élèves l’âme et le fonctionnement de l’Union européenne. Je réalisais cela avec le cœur. J’ai aimé parler de l’UE aux enfants et, en retour, j’ai appris d’eux comment ils vivaient l’Europe. Une expérience enrichissante ! J’ai toujours souhaité qu’elle perdure. Aujourd’hui,  elle existe. La Commission l’appelle  le « Back to school ». J’en suis, probablement, la pionnière ».

Le modèle économique du Donut

Pionnière, Sylvie Casalta, l’est sur tous les fronts. Intéressée par « les innovations » et soucieuse de préserver « la beauté du monde », la référente des « Amoureux du sud » imagine un type de société inspiré par « le modèle économique du Donut ».  « J’apprécie ce modèle innovant pour sa vision holistique, dévoile-t-elle. Il établit un équilibre entre les besoins fondamentaux des individus, comme la santé, l’éducation, la nourriture et les limites de notre planète. Ce modèle va au-delà de la simple recherche de la croissance économique à tout prix, définissant un « plancher social »  répondant aux besoins de chacun tout en maintenant un impact environnemental durable. Tout, en somme, est affaire d’équilibre. J’ajoute cependant un autre facteur au Donut : celui de la laïcité. Elle conditionne, je le crois, l’émancipation individuelle et le vivre-ensemble. Elle devrait être l’essence de nos démocraties ».

« Il ne faut pas arrêter d’innover »

Laïque, active et déterminée, Sylvie Casalta se dit proche de la nature : « J’aime la mer, la terre, les plantes et les fleurs. Je prends plaisir à prendre soin de mon potager. Je suis très sensible à l’environnement. » À ce titre, développe-t-elle : « Je demeure favorable au mix énergétique. Le nucléaire est, à l’heure actuelle, indispensable. Il doit être entretenu, développé, avec par exemple des réacteurs hybrides. Quant au mix énergétique, il est bien évidemment nécessaire qu’il soit adapté. Selon le lieu, l’accent peut être mis sur l’hydroélectricité, ou le solaire. Le sens de la limite et l’harmonie sont les clefs. » Et, insiste-t-elle : « Il ne faut pas arrêter d’innover. Dépasser les dogmatismes, se perfectionner.»

Un rythme de Jazz, probablement interprété par Chet Baker, flotte et s’enfuit depuis un bar adjacent. Marseille possède des faux airs de film noir. Des fumées, qui comme l’écrivait le poète Jacques Dupin, s’élèvent comme des signes de ralliement, emplissent peu à peu les rues massives et sombres. « Cette ville est unique, conclut Sylvie Casalta, elle a soif de justice et de liberté. C’est peut-être là l’une des meilleures définition des Amoureux du sud ».

Raphaël RUBIO

 

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