Entretien. Laurent Lhardit, adjoint à l’économie de la ville de Marseille : «Notre feuille de route économique est pragmatique, novatrice et ambitieuse»

Laurent Lhardit, adjoint à l’économie de la ville de Marseille, vient de présenter la stratégie économique, «un document qui vise à conforter Marseille dans son statut de capitale économique de la France en Méditerranée, de l’installer en tant que capitale économique de l’Europe en Méditerranée tout en s’inscrivant dans une logique de développement durable et de réduction des inégalités.» Entretien.

Laurent Lhardit, adjoint au maire en charge de l'économie, l'emploi et le tourisme durable (Photo Capture d'écran)
Laurent Lhardit, adjoint au maire en charge de l’économie, l’emploi et le tourisme durable (Photo Capture d’écran)

Destimed : Vous venez de présenter  la feuille de route de la ville de Marseille pour l’économie et l’emploi. Comment ce document a-t-il était élaboré, quelle est sa philosophie ?

Laurent Lhardit : Elle est le résultat d’un travail collectif auquel je veux associer mes nombreux collègues qui ont contribué à son élaboration, comme remercier les services et les agents qui l’ont rendue vivante et opérationnelle. Elle est aussi le résultat d’une vaste consultation des acteurs économiques locaux puisque nombre d’entre eux ont été directement consultés dans l’élaboration de cette feuille de route, et pour ma part j’ai rencontré plus de 300 chefs d’entreprise et organisations du domaine économique depuis le début de ce mandat. Nous mettons en œuvre depuis trois ans une politique publique en matière d’économie et d’emploi dont il est important d’expliquer aux Marseillaises et aux Marseillais, aux acteurs économiques, au collectivités territoriales, à l’État, à la Commission Européenne, à tous ceux qui ont un rôle à y jouer, le sens que nous donnons à une démarche qui se veut à la fois pragmatique, novatrice et ambitieuse.

En quoi est-elle pragmatique ?

Elle l’est dans le sens où elle vise bien un objectif ultime : assurer dans notre Ville une prospérité économique qui permette aux entreprises de créer des emplois de qualité alors que nous comptons plus de 90 000 demandeurs d’emplois dans le bassin marseillais, où comme partout en France l’emploi précarisé gagne du terrain, et où certaines formes d’entrepreneuriat, là aussi comme partout en France, viennent nourrir la précarité des jeunes à travers de multiples activités ubérisées ou informelles. Pragmatique aussi en partant des faits plutôt que des fantasmes, comme cette idée longtemps portée par certains que Marseille serait un frein et non une locomotive du développement économique de notre métropole et de notre région. Aujourd’hui, Marseille est le territoire qui offre le plus d’emplois privés aux habitants du reste de la métropole. Et c’est bien là la définition même d’une capitale économique, sa vertu essentielle, au service de tout un territoire. Marseille est aussi maintenant, vous le savez, une ville sur laquelle notre pays compte. Et le soutien que l’État a décidé de nous apporter ne résulte pas d’une aumône, mais bien d’une volonté partagée, celle de conforter Marseille dans son statut de capitale économique de la France en Méditerranée, celle de l’installer en tant que capitale économique de l’Europe en méditerranée.

Vous parlez aussi d’une politique novatrice, comment cela se traduit-il?

Novatrice, cette feuille de route l’est lorsqu’elle propose d’aborder frontalement la question de la rareté du foncier économique et de développer tous les outils à notre disposition pour offrir des lieux d’installation aux entreprises qui grandissent ou qui souhaitent s’implanter à Marseille. Novatrice, elle l’est aussi lorsque nous prenons acte de la volonté de l’État de restructurer le service public de l’emploi, et que nous y ajoutons ce supplément d’efficacité à Marseille en fédérant les centaines d’autres acteurs de l’accès à l’emploi qui maillent le territoire de notre ville. Novatrice, elle l’est enfin par de nombreuses actions nouvelles et concrètes, comme lorsque nous soutenons le développement de l’économie sociale et solidaire, comme lorsque nous engageons des actions de fond pour accélérer la compétitivité environnementale des activités maritimes et portuaires ou lorsque nous contribuons à structurer l’industrie cinématographique au cœur d’un arc qui va de Sète à Nice afin d’en faire un acteur compétitif à l’échelle mondiale. Et nous ne faisons pas que poser des idées ou des principes, nous avons ainsi sélectionné 24 actions bien concrètes, déjà réalisées ou en train de l’être. Pour soutenir l’économie et l’emploi, les mots sont importants, mais ce sont les actes qui sont décisifs.

Et quand est-il de l’ambition ?

Ambitieuse parce qu’il est justement temps de sortir d’un regard qui limite notre ambition aux frontières d’une métropole ou d’une région, pour assumer le statut qui est déjà le nôtre, celui d’une ville qui est entrée de plain-pied dans la compétition vertueuse engagée entre  toutes les grandes capitales mondiales pour parvenir à opérer les transitions climatique, environnementale, sociale, énergétique, et évidemment économique, et dont la réussite conditionne non seulement notre prospérité future, mais aussi notre survie. Voila ce qui fonde la feuille de route pour l’économie et l’emploi. Elle prend appui sur les schémas régionaux et métropolitains mis en place en 2021 et 2022 pour défendre les spécificités du développement économique et de la création d’emplois à l’intérieur de notre ville, à l’intérieur du vaisseau de commandement de l’avenir économique de notre métropole.

Propos recueillis par Michel CAIRE

 

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