Le rideau est tombé sur la 77e édition du Festival d’Aix-en-Provence avec le concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée au Grand Théâtre de Provence. Les musiciens ont apporté lumière et émotion dans un contexte géopolitique dramatique qui frappe actuellement le bassin méditerranéen.

Pour la quatrième année consécutive, le Grand Théâtre de Provence a vibré chaleureusement, en cette soirée du lundi 21 juillet, avec la composition collective de l’OJM. Rappelons que cette composition est créée en amont, sous la direction de Fabrizio Cassol, par cinq compositeurs et compositrices interprètes de l’espace méditerranéen puis transmise et travaillée pendant la session avec la centaine d’instrumentistes de l’orchestre. Tradition, dialogue interculturel, transmission orale sont au centre de cette initiative dont la concrétisation sur scène est désormais très attendue par le public.
Cette année encore, l’émotion était au rendez-vous pendant une vingtaine de minutes d’une musique offerte par Myrini Pontikopoulou Venieri (violon), Dalal El Bied (voix et violon), Fahed Ben Abda (voix), Georgios Marcopoulos (clarinette) et Charles Kieny (accordéon) qui représentaient quatre nations méditerranéennes : le Maroc, La Tunisie, la Grèce et la France. Une quintet rejoint par la soprano égyptienne Amina Edris, idéale interprète auparavant pour l’air de Mireille de Gounod « Voici la vaste plaine » donné par la soprano avec chaleur, puissance et nuances. Quant à la composition collective, emplie d’émotion et de sens, elle a captivé et bouleversé l’auditoire parfaitement servie qu’elle fut par les solistes vocaux et instrumentistes accompagnés idéalement par l’orchestre et son directeur musical Evan Rogister.
Mahler titanesque
Le concert avait débuté avec l’ouverture de l’opéra de Wagner « Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg » mais c’est surtout avec la Symphonie n°1 dite « Titan » de Mahler que l’excellence du travail effectué par les instrumentistes au long de cette session aixoise a livré ses plus beaux fruits. L’œuvre est complexe, parfois même énigmatique, et sous la direction lumineuse d’Evan Rogister l’OJM n’est pas passé à côté du génie de Mahler. Cuivres puissants et maîtrisés, cordes sensibles et colorées, bois limpides, percussions ordonnées : c’était bien la « Titan ». Immense ovation debout au final et heureux clap de fin pour une 77e édition du Festival d’Aix-en-Provence qui était dédiée à la mémoire de celui qui l’avait programmée, Pierre Audi, le directeur général décédé au début du mois de mai dernier.
Michel EGEA