Publié le 20 avril 2021 à 7h45 - Dernière mise à jour le 31 octobre 2022 à 15h47
La réforme des études de santé, inscrite dans le plan « Ma Santé 2022 », répond à une volonté partagée d’ouvrir le champ des possibles des étudiants et de diversifier les voies d’accès aux filières de santé expliquent Bernard Beignier, recteur de la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur, recteur de l’académie d’Aix-Marseille et Philippe Dulbecco, recteur délégué pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur.


L’art médical c’est accompagner une personne et c‘est voir aussi cette personne, dans sa globalité
Ces études feront-elles un nouveau médecin, de la médecine homéopathique ou chinoise à l’accompagnement de fin de vie ? Nouveau médecin oui, le but est là je ne vais pas me prononcer sur l’homéopathie mais il est clair que l’art médical, j’insiste bien là-dessus, l’art médical, ce n’est pas simplement faire des examens, prescrire de manière informelle tel ou tel traitement, c’est accompagner une personne et c‘est voir aussi cette personne, dans sa globalité et c’est pour cela que nous espérons avoir un renouveau de l’art médical en France.Il y a beaucoup d’étudiants en médecine qui ne sont pas issus d’une famille de médecins
Est-ce que ce nouveau système permettra à un étudiant qui n’a pas son père médecin d’accéder à ces études ? D’abord, il y a beaucoup, beaucoup d’étudiants en médecine qui ne sont pas issus d’une famille de médecins, c’est déjà la réalité. Et la question que vous me posez s’ouvre à toutes les études, de manière générale. Et la réponse à votre question est oui, bien évidemment. D’où d’ailleurs l’importance de lier tout cela avec le secondaire. En fait, tout se décide dès la classe de 6e dans beaucoup de cas. C’est là qu’il faut dire à un jeune élève: tu peux être médecin? Et je crois que je passe mon temps à le dire, tu peux être architecte? tu peux être ceci et même tu peux être journaliste, c’est un très beau métier. Quel est le rôle du Rectorat dans cette réforme des métiers de santé ? Malgré tout, les facultés de médecine dépendent des Universités, le recteur de région est chancelier des Universités, donc, il y a une interaction. Et d’ailleurs, voyez, le président de la République a beaucoup insisté, dans son discours, sur l’interministérialité. Nous sommes un pays où il faut, vraiment voir, de plus en plus, les choses de manière transversale. Il y a bien sûr un lien entre le ministère de la santé, celui de l’éducation nationale donc, forcément, le rectorat. Et il faut que nous croisions nos compétences pour aboutir à quelque chose de très bien, au minimum de convenable. Vous savez, les réformes, c’est un peu comme la réception d’une maison, quand on a terminé, on vérifie si tout est en ordre et il y a toujours un petit oubli, quelque part. Je le vois bien pour la réforme du baccalauréat. C’est toujours, toujours, la même chose. Il faut que nous soyons attentifs et, cela est important, à ce qu’il n’y ait pas une promotion qui fasse les frais d’une réforme. Nous allons y veiller, avec le président de l’Université, Eric Berton et le doyen de la Faculté de médecine, Georges Léonetti, pour que les chances qu’un étudiant avait dans l’ancien système, soient identiques, dans le nouveau système». [(




On doit diversifier les profils des étudiants, dans l’intérêt des étudiants mais aussi dans l’intérêt de la société
Donc, c’est vraiment l’idée de dire: on doit diversifier les profils des étudiants, dans l’intérêt des étudiants mais aussi dans l’intérêt de la société. Le deuxième point qui me paraît vraiment essentiel, c’est que nous quittons une logique qui est purement une logique de sélection. Le Paces c’était un dispositif de sélection ce n’était pas un dispositif d’apprentissage. Là l’idée est de dire, non seulement on va les sélectionner mais surtout, pendant ces années, on va leur apprendre. Ce sont des années d’apprentissage mais aussi des années de sélection. C’est une réforme a été voulue par toutes et tous. Aujourd’hui, encore, quand on a la chance de pourvoir discuter des fondamentaux et pas seulement les difficultés de mise en œuvre, bien sûr les difficultés de mise en œuvre sont, éminemment, importantes, mais quand on reprend les fondamentaux, on est, à peu près, tous d’accord, il faut absolument que cette réforme s’installe dans de bonnes conditions.Nous avons mis en place une réforme, ambitieuse, attendue, depuis longtemps
Comment cette réforme a-t-elle été mise en place, en pleine pandémie ? Le grand problème (…) c’est que nous avons mis en place une réforme, ambitieuse, attendue, depuis longtemps, et que le contexte sanitaire s’est dégradé. Dans un contexte sanitaire qui n’a pas permis d’aller aussi loin que nous aurions souhaité, en matière d’information, dans la communication, dans l’échange. Parce que, tous les sites Internet, toutes les petites vidéo d’explication ne remplaceront jamais, le contact, en présentiel, avec les étudiants concernés. Vous parlez d’un numerus apertus, et plus d’un numerus clausus, quelle est sa mise en place, ici, dans la région ? Ça change tout, numerus clausus, numerus apertus, ce n’est pas simplement une question de terminologie, le numerus apertus, cela veut dire que les capacités, offertes aux étudiants pour réaliser des études médicales, c’est à dire le nombre de places, va dépendre de toute une série de facteurs déterminés par les acteurs locaux en fonction de la capacité d’accueil de l’université, ses activités pédagogiques, le CHU qui va accueillir des stagiaires, l’ARS qui a des projections sur l’évolution des professions médicales, dans la région Provence Alpes Côte d’Azur… C’est la prise en compte de tous ces critères qui conduit à déterminer, au niveau du territoire, une capacité d’accueil annuelle. Cette capacité d’accueil, cette année, a augmenté, par rapport, aux années précédentes de l’ordre de 10%, au total. Et je ne vois pas comment, dans les années à venir, on pourrait diminuer ce numerus apertus. [(