La relation Franco-Indienne fait le plein d’énergie à Iter

Journée Chargée, que ce 12 février, pour le Président de la République et le Premier ministre Indien. Après l’inauguration du consulat général d’Inde à Marseille, un hommage rendu aux soldats indiens morts pendant la guerre de 1914-1918 enterrés au cimetière militaire britannique de Mazargues (9e) et une rencontre au Fleet center de CMA CGM pour évoquer  le corridor Imec, devant relier à terme l’Inde à l’Europe et notamment Marseille, Emmanuel Macron et Narendra Modi ont atterri en hélicoptère sur le site d’Iter.

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Pietro Barabaschi, directeur général d’ITER, explique au Président Emmanuel Macron et au Premier ministre Narendra Modi ce que les scientifiques et les ingénieurs des sept membres d’ITER, dont l’Europe et l’Inde, s’efforcent de réaliser avec la machine ITER. Et au cours de leur visite, ils ont pu découvrir les principales zones d’assemblage de la machine © G. Lesenéchal/ITER Organization

Cet énorme projet, sans équivalent, représente l’une des plus ambitieuses coopérations scientifiques et diplomatiques de notre époque avec au total la contribution de 35 nations. Financé à 45% par l’Europe, l’autre moitié étant portée par six autres membres engagés dans cette entreprise: la Chine, l’Inde, le Japon, la République de Corée, la Fédération de Russie et les États-Unis. Cette visite marque une étape lorsque l’on sait que le dernier président de la République à s’être rendu sur le site n’était autre que Jacques Chirac.

Accueillant la délégation officielle, Pietro Barabaschi, le directeur général d’Iter devait rappeler : « C’est un projet international pour essayer de reproduire la réaction thermonucléaire des étoiles pour produire de l’énergie. » Avant de mettre en exergue l’importance de la présence indienne dans le projet tant dans la fourniture de composants que par le personnel mobilisé, entre 200 et 300 indiens travaillent sur le site.  Il souligne encore: « C’est un projet très ambitieux, unique au monde car il comporte des pays qui en matière géopolitique font face à des tensions mais ici ils travaillent ensemble. Ici on laisse les passeports à l’accueil. C’est un modèle.»

Il est vrai que l’enjeu est d’importance, le réchauffement climatique impose une énergie propre d’une part et l’humanité réclame d’autre part toujours plus d’énergie. En effet, le développement de la population mondiale augmente et les pays émergents se développent de fait  la demande d’énergie primaire et d’électricité ne cesse de croître. Elle a déjà augmenté de 50% depuis 1973. Elle sera multipliée par trois d’ici la fin du siècle.

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Alain Becoulet, directeur scientifique d’Iter © Michel Caire

Alain Becoulet, directeur scientifique d’Iter explique où en est le dossier : « Il est complexe. Il s’agit de passer du niveau expérimental à des procédures industrielles. Chacun des 7 membres fabrique un morceau d’Iter. La construction va se poursuivre jusqu’en 2031-2032 avec un lancement des expérimentations en 2033 lesquelles se poursuivront jusqu’en 2039. » D’en venir au retard pris : « Il ne faut pas oublier que nous avons eu à faire face au Covid. Et il ne faut pas oublier que nous sommes là devant une innovation et que cela peut poser de vrais problèmes de fabrication. Nous réparons ici des éléments et nous avons stabilisé le retard et on peut aujourd’hui dire que nous aurons au maximum quatre ans de retard ».  En ce qui concerne les États-Unis, Alain Becoulet avoue ne pas être inquiet quant à l’évolution politique : « Ce pays s’est déjà retiré d’Iter avant d’y revenir en 2000 et il a quasiment livré tous les gros éléments qu’il devait fournir. Il n’a aucun intérêt à quitter Iter. »

A propos de la fusion

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Le site Iter © Michel caire

Rappelons que ce que nous percevons sous la forme de lumière et de chaleur résulte de réactions de fusion qui se produisent au cœur du Soleil et des étoiles. Au cours de ce processus, des noyaux d’hydrogène entrent en collision et fusionnent pour donner naissance à des atomes d’hélium plus lourds et de considérables quantités d’énergie. La force gravitationnelle des étoiles crée les conditions nécessaires à la fusion. Il y a des milliards d’années, les nuages d’hydrogène de l’Univers primitif se sont rassemblés sous l’effet de la gravité et ont donné naissance à des corps stellaires très massifs. Leur noyau extrêmement dense et chaud est le siège du processus de fusion. Les scientifiques ont travaillé sur la fusion et, depuis les années 1990 la production d’énergie à partir de réactions de fusion est réalisée, à petite échelle. Mais le communauté scientifique internationale s’est mise d’accord sur le fait que seule une machine de taille industrielle, comme Iter, peut obtenir une production d’énergie nette et démontrer ainsi la faisabilité de l’énergie de fusion. L’enjeu étant notamment d’atteindre une température de 150 millions de degrés, plus élevée que celle du cœur du soleil.

Une visite qui a convaincu le Premier ministre indien qui devait indiquer sur X : « J’ai complimenté l’équipe qui travaille sur ce projet, représentant un pas remarquable vers une énergie propre, durable et sans limite pour l’avenir. »

Michel CAIRE

Les atouts de la fusion
A masse égale, la fusion de l’hydrogène libère quatre millions de fois plus d’énergie que la combustion du pétrole et quatre fois plus que les réactions de fission des réacteurs nucléaires conventionnels. Les combustibles de la fusion, isotopes de l’hydrogène sont disponibles en abondance. Et le deutérium peut être extrait sans difficulté de l’eau des lacs et des océans et il y a suffisamment de lithium pour plusieurs milliers d’années.
La fusion ne produit pas, tout comme la fission, de gaz à effet de serre. La fusion ne produit pas, non plus de déchets radioactifs de haute activité à vie longue. La réaction de fusion est intrinsèquement sûre. En cas de perturbation dans le fonctionnement de la machine l’arrêt de la réaction est instantané et la chaleur résiduelle s’évacue sans difficulté. La fusion ne met pas en œuvre de matières fissiles qui pourraient être détournées à des fins criminelles ou terroristes.

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