La Satt Sud-Est lauréate French Tech Seed

Publié le 30 janvier 2019 à  12h18 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h47

Des indicateurs au vert et une croissance permanente de l’ordre de 20% de son activitĂ©: la rĂ©ussite de la SociĂ©tĂ© d’accĂ©lĂ©ration de transfert de technologies (Satt) Sud-Est, c’est celle d’une mĂ©thode, un ancrage sur le territoire, un rapprochement des acteurs de l’innovation. Comme avec Aix-Marseille French Tech (AMFT) en 2018. Ou tout derniĂšrement avec Bpifrance qui vient de lui attribuer le statut de laurĂ©at «French Tech Seed».

Laurent Baly, président de la Satt Sud-Est (Photo D.R.)
Laurent Baly, président de la Satt Sud-Est (Photo D.R.)
«Nous sommes passĂ©s de doit faire ses preuves Ă  entreprise reconnue». Ce constat on ne peut plus positif, c’est celui de Laurent Baly, prĂ©sident de la Satt Sud-Est. Il faut dire que depuis 5 ans, la structure spĂ©cialiste dans l’accĂ©lĂ©ration de transfert technologique emprunte un chemin pour le moins ascendant, celui de la croissance. «Depuis 2012, nous avons passĂ© le cap des 1 000 projets dĂ©tectĂ©s. 350 ont fait l’objet de dĂ©pĂŽts d’actifs de propriĂ©tĂ© intellectuelle. Plus de 150 sont ou ont Ă©tĂ© en maturation, financĂ©s donc pour que le projet passe de l’invention Ă  l’innovation. Par ailleurs, 18 start-up ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es, ce qui a permis la crĂ©ation de plus de 135 emplois», Ă©grĂšne Laurent Baly. Parmi les licenciĂ©s et les start-up, des domaines reprĂ©sentĂ©s plus que d’autres, tĂ©moignant des secteurs sur lesquels les chercheurs locaux sont leaders. Sans surprise, «la santĂ© et les technologies du vivant, soit plus de la moitiĂ© de notre activitĂ©. On compte dans ce domaine un gros vivier d’innovation, avec l’APHM, les laboratoires de recherche… » Mais le territoire performe aussi sur les procĂ©dĂ©s industriels, l’information connectĂ©e, avec l’Intelligence Artificielle (IA). Il reste deux autres axes qui n’ont pas la mĂȘme volumĂ©trie mais qui restent nĂ©anmoins importants localement : l’environnement-Ă©nergie et enfin, les Sciences humaines et sociales (SHS). Ces derniĂšres sont un enjeu fondamental dans une sociĂ©tĂ© qui se numĂ©rise, s’informatise, se mesure… si nous n’y mettons pas l’Homme, nous allons nous perdre. En cela, les chercheurs des SHS ont leur rĂŽle Ă  jouer.

«Un océan bleu»

Elles sont donc quelques-unes, les start-up Ă  avoir trouvĂ© une Ă©coute au sein de la sociĂ©tĂ© dirigĂ©e par Laurent Baly… De Witmonki, qui crĂ©e des dispositifs pilotĂ©s par une micro-puce et utilisant l’Intelligence Artificielle pour amĂ©liorer la prise en charge et la prĂ©vention des pathologies cardiaques Ă  Genomnis, crĂ©atrice de logiciels innovants de prĂ©diction de la pathogĂ©nicitĂ© des mutations du gĂ©nome humain… Ou encore de VH93, entreprise d’hydroliennes Ă©co-responsables dĂ©rivĂ©es du rotor de Savonius Ă  Click4Tag, dont le fondateur, Sam Dukan, a mis au point une technologie permettant de dĂ©tecter prĂ©cocement le bacille Legionella pneumophila responsable de la lĂ©gionellose, une maladie infectieuse potentiellement mortelle… «VH93 est aujourd’hui une sociĂ©tĂ© qui performe, elle entre dans une phase qui va nĂ©cessiter de lever des fonds ! Quant Ă  Click4Tag, 2019 sera vraisemblablement son annĂ©e…» Et que dire de Minopain, projet SHS nĂ© entre les murs de l’APHM et consistant en une roulette d’évaluation des douleurs aigĂŒes du nouveau-nĂ©… PrĂ©sente donc via ses licenciĂ©s sur tous ces secteurs Ă©conomiques, la Satt Sud-Est se trouve en croissance permanente, avec une progression chiffrĂ©e Ă  plus 20% annuels. «Nous sommes face Ă  un ocĂ©an bleu sur cette activitĂ©. Ce sur un modĂšle Ă©conomique qui reste toutefois compliquĂ© : nous gĂ©nĂ©rons du chiffre d’affaires grĂące Ă  la concession de licences, Ă  la prise de participation, aux front up… Plus nous comptons de licences concĂ©dĂ©es, plus nous avons des chances de faire du revenu». Mais le travail ne s’arrĂȘte pas Ă  la concession de licence. Il faut notamment accompagner les start-up qui ont pu passer du cap de l’invention Ă  celui de l’innovation, et ont donc su rencontrer leur marchĂ©. En la matiĂšre, «le CA n’est pas la seule chose Ă  prendre en compte. L’impact sociĂ©tal l’est aussi, par exemple le nombre d’emplois crĂ©Ă©s, ou encore l’impact sociĂ©tal d’une technologie, l’apport pour la sociĂ©tĂ©. Nous suivons donc ça chez nos licenciĂ©s», prĂ©cise Anastasia Hovanessian, directrice du dĂ©partement Marketing.

French Tech Seed : de premiers labellisés pour février

Du reste, la Satt Sud-Est, c’est bel et bien la conduite une mĂ©thode. Elle passe par une philosophie impulsĂ©e par Laurent Baly dĂšs son arrivĂ©e Ă  la tĂȘte de la structure : «renforcer le maillage, rapprocher tous les acteurs du parcours de l’innovation». Un positionnement qui a certainement fait mouche auprĂšs de Bpifrance, puisque l’établissement bancaire vient de retenir la Satt Sud-Est parmi les 18 laurĂ©ats de l’appel Ă  projets French Tech Seed. «Dans ce cadre, nous bĂ©nĂ©ficions d’un fonds de post maturation, cela intervient dans la continuitĂ© du travail des SATT. Parce qu’une fois que l’on a maturĂ© un projet, l’aventure entrepreneuriale ne fait que commencer… Lorsque l’on sort de la maturation et que la start-up est crĂ©Ă©e, c’est parfois compliquĂ©, il s’agit d’un passage dĂ©licat jusqu’à la premiĂšre levĂ©e de fonds. On perd beaucoup dans cette transition lĂ , les start-up ne sont pas assez aidĂ©es, pas accompagnĂ©es». Nombre d’acteurs de l’économie l’ont en effet dĂ©jĂ  mis en exergue : tout l’arsenal financier se dĂ©ploie pour le « start »… mais en ce qui concerne le «up», il y avait jusqu’ici un bon trou dans la raquette. C’est donc cela que vient pallier French Tech Seed. Et le rĂŽle de la Satt Sud-Est, chef de file d’un vĂ©ritable consortium liant les incubateurs loi AllĂšgre du territoire (Belle de Mai, Impulse et Inizia), Protisvalor, P Factory, divers fonds et Ă©tablissements bancaires, c’est celui d’un apporteur d’affaires pour la BPI. Ainsi la Satt Sud-Est (avec aux commandes Anastasia Hovanessian ) et ses partenaires dĂ©tecteront-ils les projets (ceux de start-up de moins de trois ans d’existence proposant des innovations de l’ordre de la Deep Tech), et les feront-ils remonter auprĂšs de la Bpifrance pour une validation quasi-automatique. «Je ne connais pas d’autre dynamique qui permette de mettre tout le monde autour de la table. Les acteurs locaux doivent se rencontrer prochainement pour fixer les rĂšgles d’éligibilitĂ© avec BPI. Nous allons pouvoir pousser les meilleurs dossiers, accĂ©lĂ©rer leur traitement, gagner du temps, ĂȘtre plus visible sur le territoire». A l’échelle nationale, ce ne sont pas moins de 400 M€ de fonds qui seront dĂ©bloquĂ©s. Les premiers projets devraient ĂȘtre labellisĂ©s dĂšs fĂ©vrier… Condition sine qua non pour que la Bpifrance abonde, le projet doit ĂȘtre financĂ© par le privĂ© aux 2/3.

Lancement des TrophĂ©es de l’Innovation !

L'Ă©dition 2018 de
L’Ă©dition 2018 de

Sans conteste, French Tech Seed permettra Ă  la Satt Sud-Est de poursuivre dans la logique de maillage qu’elle a dĂ©jĂ  initiĂ© sur le territoire. Elle avait dĂ©jĂ  pris plus qu’une allure de croisiĂšre en 2018, puisque la sociĂ©tĂ© dirigĂ©e par Laurent Baly Ɠuvre dĂ©sormais de concert avec Aix-Marseille French Tech. « C’est un des temps forts de l’annĂ©e derniĂšre. Pascal Lorne s’est rapprochĂ© de nous, j’assume une vice-prĂ©sidence au sein d’AMFT. Cela va dans le sens du dĂ©veloppement que nous souhaitons, nous permet d’ĂȘtre au plus prĂšs des start-up de la French Tech. Par ailleurs, nous avons aussi signĂ© un partenariat avec l’IAE d’Aix-en-Provence. Nous intervenons dans les programmes PĂ©pite et PrĂ©pite de l’AMU …» Et 2019 devrait donc se poursuivre sous cette mĂȘme lancĂ©e. «Outre French Tech Seed, le partenariat va se mettre en ordre de marche sur le CancĂ©ropĂŽle. Nous allons nous appuyer Ă©galement sur la CitĂ© de l’innovation, nous rapprocher du RĂ©seau Entreprendre…. Sur Nice aussi, un travail est en cours avec les acteurs de la recherche d’Univ CĂŽte d’Azur ». En ligne de mire, un appel Ă  projet nommĂ© «Territoire innovant de grande ambition». Et puis au rayon des projets, l’évĂ©nementiel contribuera encore cette annĂ©e Ă  faire rayonner la Satt Sud-Est. Ainsi en sera-t-il de « My innovation is », dont la 5e Ă©dition se dĂ©roulera en Corse… aprĂšs avoir connu le Palais des Papes, en 2018. Initialement, l’esprit de la manifestation, c’est une sĂ©lection de porteurs de projets qui exposent leur idĂ©e en trois minutes. Les laurĂ©ats reçoivent une dotation de 20K€. «Ils Ă©taient deux cette annĂ©e. La premiĂšre, le docteur Christine Contino-PĂ©pin, s’est positionnĂ©e sur l’extraction de composĂ©s d’origine vĂ©gĂ©tale. Elle a toujours eu plein d’idĂ©es, mais n’avait jamais osĂ© franchir le pas de la valorisation. Le fait de la faire concourir lui a permis de franchir le cap, elle a rĂ©ellement intĂ©ressĂ© un industriel lors de son pitch. Et comme il y a plusieurs applications possibles, il va falloir maintenant l’accompagner et aller dans le sens de l’application qui intĂ©resse cet industriel ». Le second, le professeur Michel Alain Bartoli, dĂ©veloppe une endoprothĂšse dĂ©diĂ©e au traitement endovasculaire des dissections de type A. Cette innovation permettra de traiter cette pathologie, la dissection aortique de type A, de façon mini invasive… « Avec le temps, le format de My Innovation Is a un peu changĂ©. Nous proposons en plus des pitchs, une table ronde avec des entrepreneurs qui ont rĂ©ussi». Par ailleurs, outre « My Innovation Is », qui a trouvĂ© son rythme de croisiĂšre et a su s’imposer dans l’agenda relatif au monde de l’innovation, un nouvel Ă©vĂ©nement sera lancĂ© le 26 mars prochain, au Silo : « les TrophĂ©es de l’innovation ». «Nous le coorganisons avec l’AMU, AMFT et Protisvalor ». Le concept : une remise de prix pour des acteurs significatifs de l’innovation, des jeunes chercheurs, des start-up, des entrepreneurs, des grands groupes… «Nous ferons sur cette premiĂšre Ă©dition un focus sur les innovations des sciences humaines et sociales. Nous attendons entre 800 Ă  1 000 personnes».
Carole PAYRAU

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