LE PAPE FRANCOIS

Publié le 20 mars 2013 à  2h00 - Dernière mise à  jour le 10 août 2023 à  10h46

Un passionné de football sur le Saint Siège

L’Argentine avait son Messi, elle a désormais son pape. Et forcément c’est un passionné de football. Qui a même eu un illustre camarade dans l’école qu’il fréquentait gamin à Buenos Aires, la capitale argentine : un double Ballon d’Or nommé Alfredo Di Stefano, président d’honneur du Real Madrid.

Le nouveau souverain pontife est, depuis son plus jeune âge, un suppoorter de San Lorenzo, l'un des cinq plus grands clubs argentins, 14 fois champion du pays. (Photo DR)
Le nouveau souverain pontife est, depuis son plus jeune âge, un suppoorter de San Lorenzo, l’un des cinq plus grands clubs argentins, 14 fois champion du pays. (Photo DR)
Dès l'élection du nouvel évêque de Rome, le club de Buenos Aires s'est offert une publicité mondiale en publiant, sur son site Internet, la carte de socio du nouveau souverin pontife. (Photo DR)
Dès l’élection du nouvel évêque de Rome, le club de Buenos Aires s’est offert une publicité mondiale en publiant, sur son site Internet, la carte de socio du nouveau souverin pontife. (Photo DR)

« Comme vous pouvez l’imaginer, sa nomination m’a rempli d’une énorme joie » : ces mots d’Alfredo Di Stefano, président d’honneur du Real Madrid, publiés dans la chronique qu’il tient pour le quotidien sportif madrilène « Marca » témoignent de l’émotion ressentie mercredi 13 mars par le double Ballon d’Or 1957 et 1959 en apprenant que le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio était le nouveau souverain pontife. Une émotion que n’a pu contenir celui que l’on surnommait la « flèche blonde » dont la plume évite pourtant habituellement les thèmes de la politique et des croyances.
Mais l’Argentin de naissance, naturalisé Espagnol au cours d’une splendide carrière durant laquelle il a emmené le Real Madrid à cinq reprises sur le toit de l’Europe, n’a pu s’empêcher d’évoquer son souvenir personnel du nouveau Pape François qui, dans son enfance, a fréquenté la même école que lui à Buenos Aires, la capitale argentine. « Au mieux, le pape était l’un des enfants avec lesquels je jouais au football dans la rue. Dans le quartier, on montait de véritables rencontres de football tous contre tous jusqu’à la nuit tombée », se souvient tendrement le quintuple vainqueur de la Coupe des Champions. Un camarade de classe dont il n’a pas perdu la trace puisque, jusqu’à son élection la semaine dernière, l’archevêque de Buenos Aires vivait dans une église à deux rues de la maison de la famille de « Don Alfredo », un lieu où réside toujours sa sœur Norma.
L’ancienne gloire du Real Madrid se demande d’ailleurs si le nouveau Pape a également conservé un souvenir de lui. « Il faudrait le lui demander, car à cette époque, j’étais déjà célèbre, j’appartenais depuis le plus jeune âge à la « cantera » de River Plate, tous me connaissaient. »

Le nouveau pape est socio de San Lorenzo

Mais si la religion allait se révéler être la voie de Jorge Mario Bertoglio, elle n’était alors pas tout à fait celle d’Alfredo Di Stefano. « Je me souviens aussi d’une religieuse qui était dans la même église que notre Pape. Quand la balle m’échappait jusqu’à son couvent, après un tir manqué, elle me menaçait de ne me rembourser le ballon si je ne faisais pas ma première communion. »
La « flèche blonde » l’a ignorée, mais il se souvient toutefois à quel point « les balles à cette époque étaient difficiles et coûteuses à obtenir ». Alors les mots de cette bonne sœur – « Alfreditooooo, tu dois faire la première communion » – résonnent encore dans sa tête. Et de conclure : « Se souvenir, c’est vivre sans doute. La semaine passée a été une de celles où vous pensez au drapeau argentin. Et comme j’étais impatient qu’il sorte au balcon ! Même si je dois confesser que si tout le monde a vu en direct la fumée blanche, moi j’ai vu une partie de football, comme toujours, bien sûr. »
De son côté, Jorge Mario Bertoglio est un féru de ballon rond. Il a même sa carte de socio de San Lorenzo, l’un des cinq plus grands clubs d’Argentine, 14 fois champion du pays. C’est son père qu’il lui a transmis cette passion pour le club, dont le Parisien Ezequiel Lavezzi a porté les couleurs avant de s’envoler pour l’Europe. Cet employé de chemin de fer emmenait alors le petit Jorge voir jouer les Blaugranas au Viejo Gasómetro, l’ancien stade des « Saints », situé au cœur du quartier.

Un club fondé par un prêtre dont les couleurs sont celles de la Vierge

Et comme tout dans la vie du nouveau pape a trait à la religion, il ne pouvait en être autrement en matière de football. Car si le club est ainsi surnommé, c’est qu’il a été fondé par un prêtre, le Père Lorenzo Massa, en 1908. A l’époque, il avait pris l’habitude d’offrir l’oratoire de San Lorenzo comme terrain de jeu aux gamins qui jouaient dans la rue. Et lorsque le club prend forme et que se pose la question de son nom, les jeunes proposent San (Saint) Lorenzo en l’honneur du prêtre. Ce dernier refuse avant de se raviser. Il acceptera finalement que le club s’appelle ainsi en hommage à Saint Laurent de Rome, « le patron des pauvres » mort en martyr, et à la bataille de San Lorenzo, qui opposa en 1813 les forces indépendantistes aux colons espagnols.
Quant aux couleurs du club, le Père Lorenzo Massa fait le choix du bleu marine et du grenat en s’inspirant d’un supposé voile porté par la Vierge Marie. Des couleurs que le cardinal Jorge Mario Bergoglio n’a pas manqué d’évoquer, en 2008, lorsque l’archevêque de Buenos Aires a dirigé la messe du centenaire du club : « Nous les avons importées de nulle part : nous les avons demandées à la Vierge. »
L’histoire ne dit pas en revanche si en souvenir de son ancien illustre camarade d’école Alfredo Di Stefano, le Pape François est aussi devenu un supporter du Real Madrid. La tradition veut qu’une carte du socio du Barça soit réservée au souverain pontife – Jean-Paul II avait la carte numéro 100 000. Ce serait alors la première fois que le cœur d’un socio du club catalan – dont les couleurs sont les mêmes que celles de San Lorenzo – bat pour la Maison Blanche. Ce qui ne serait pas sans créer un incident diplomatique dont se passerait bien le Vatican en ces temps troublés pour l’Eglise.

Andoni CARVALHO

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