Les 80 printemps de William Christie fêtés au Grand Théâtre de Provence

La tournée anniversaire du chef américain amoureux de la France a fait escale à Aix-en-Provence où il a eu l’occasion de se produire à de nombreuses reprises  avec son orchestre et le chœur des Arts Florissants.

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Les six jeunes solistes au moment des saluts. Au centre, à l’arrière plan, William Christie qui a dirigé le concert depuis le clavecin et l’orgue. © M.E.

Si la France est un pays de cœur pour William Christie, Aix-en-Provence et son festival estival sont des lieux où le musicien et directeur musical était comme chez lui. A l’époque où la musique baroque redorait des lettres de noblesse, il fit partie de ceux que Louis Erlo, alors directeur général du Festival de musique et d’art lyrique, avait convié à cette renaissance. Ainsi, en 1990 Bill, c’est son surnom international, dirigeait à l’Archevêché une production des « Indes Galantes » de Rameau qui, mise en scène par Alfredo Arias, fit beaucoup parler d’elle et l’année suivante « Castor et Pollux », toujours de Rameau. Il faut dire que le travail de William Christie à souvent été consacré à la musique baroque française dont il est l’un des plus fidèles serviteurs. Et ce n’est pas pour rien si, il y a 45 ans, il créait un orchestre baptisé « Les Arts florissants » pour la servir ; « Les Arts florissants » étant, personne ne l’ignore, un opéra de chambre de Marc-Antoine Charpentier.

Pour l’étape aixoise de la tournée anniversaire qui a débuté à Paris, est passée par New-York, entre autres, et s’achève dans quelques jours à Budapest, William Christie était à la tête d’un orchestre de chambre composé de 14 musiciens des Arts Flo et de six solistes lyriques qui ont eu l’occasion, ou vont l’avoir, de travailler dans le Jardin musical cher à Bill qu’il a établi à Thiré en Vendée. Des œuvres de Charpentier, Lully et Rameau étaient au programme de ce concert donné devant un Grand Théâtre de Provence à guichets fermés. Soit quelque 1 300 paires d’oreilles toutes ouvertes à la beauté et la délicatesse des voix de la soprano Ana Vieira Leite, des mezzo soprani Rebecca Leggett et Juliette Mey, des ténors Richard Pittsinger et Bastien Rimondi et du baryton Matthieu Walendzik.

Six jeunes artistes qui ont su s’approprier la démesure du lieu dans le cadre de l’accueil d’un concert de chambre baroque, pour l’habiter et donner du plaisir au long d’airs, duos et autres ensembles totalement maîtrisés comme le final consacré aux « forêts paisibles » des Indes Galantes de Rameau. Maîtrise, précision, couleurs : rien ne manquait aux voix des solistes idéalement accompagnés par les instrumentistes des Arts Florissants avec la qualité reconnue qui est la leur. En cadeau à ce cher Bill, la soprano anglaise Sophie Daneman faisait une entrée surprise sur scène à la fin du concert rappelant son bonheur d’avoir chanté à Aix-en-Provence sous la direction de William Christie il y a une trentaine d’années. Elle offrait un air de Haendel entre deux effusions emplies d’émotions. L’anniversaire était fêté comme il se doit…

Michel EGEA

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