LIBRE EXPRESSION

Recherche sur l’embryon et rafle du Vel d’Hiv, à propos du dérapage de Xavier Bongibault : Quand on n’a rien à dire, on ferme sa g….. !

Quand ils ne sont plus à la « Une » des médias, certains leaders d’opinion prétextant défendre de nobles causes n’hésitent pas à utiliser, pour exister à nouveau, des procédés que leur bonne conscience devrait moralement condamner. Il y a peu c’était Christine Boutin qui créait le buzz avec un Twitt irresponsable au sujet de la double mastectomie d’Angelina Jolie. Aujourd’hui c’est Xavier Bongibault ancien porte-parole de la « manif pour tous » qui prend la relève. Il s’est fendu d’un Twitt où il compare la loi définitivement adoptée mardi par le Parlement autorisant la recherche sur l’embryon et les cellules souches avec la rafle du Vel d’Hiv : « 16/07/42 – Paris – Rafle du Vel d’hiv´. 16/07/13 – Assemblée Nationale vote de l’extermination de l’embryon en France. C’est leur « progrès » ? »

Recherche sur l’embryon : Entre ignorance et dogmatisme

Quand on lit les commentaires attaquant ce nouveau texte de loi qui autorise les recherches sur l’embryon, on s’aperçoit que les critiques relèvent plus du fantasme et de la position dogmatique que d’une analyse factuelle. Il n’est pas question de « faire tout et n’importe quoi sur l’être humain », mais il s’agit de passer d’une interdiction avec dérogations à une autorisation encadrée de programmes de recherche médicale qui ne pourraient être réalisées par d’autres moyens. Les détracteurs des recherches sur l’embryon n’ont pour la plupart aucune connaissance réelle de ce dont il s’agit. Tout d’abord, ils ont une vision sacralisée de cet « amas cellulaire » qui est très loin de ressembler à un être humain. L’embryon n’est pas juridiquement une « personne humaine » mais une « personne humaine potentielle ». La différence est de taille car de toute façon si ces embryons n’étaient pas utilisés à des fins de procréation, ils seraient immanquablement détruits. En faisant cela, ne commettrait-on pas alors un assassinat s’ils étaient des êtres humains à part entière ? Ensuite, ils ont une vision de la recherche qui est plus proche de celle des « savants-fous » des films de science-fiction que de ce qui se passe dans les laboratoires de recherche modernes. En effet, il existe un processus très rigoureux de sélection tant sur l’intérêt scientifique du sujet que du respect de l’éthique qui permet à un projet de passer de l’état d’ébauche à une réalité concrète. Enfin, il est intéressant de constater le positionnement idéologique des opposants les plus bruyants ou les liens qui peuvent exister entre cette contestation et d’autres sujets de société tel que le « mariage gay » au nom de principes religieux. Je ne me risquerai pas à comparer cela avec les limitations que l’inquisition a imposé durant des siècles à la science et là à la médecine, mais pourtant il est impossible de ne pas y voir certaines proximités. A cette époque on risquait sa vie lorsque que l’on pratiquait des autopsies humaines. Depuis combien de progrès médicaux et combien de vies sauvées grâce à ces « transgressions » ?

Pour faire le « buzz », une « pincée » de Shoah ?

Si l’on veut faire le « buzz », c’est simple, il suffit de dire n’importe quoi sur le web. Ensuite, les réseaux sociaux se chargent de le diffuser partout sur la planète. Le thème de prédilection semble être la Shoah, soit en niant ce drame unique de l’histoire au nom de supposées revendications politiques, soit en la banalisant par la comparaison avec n’importe quel autre événement. C’est ce principe qu’a suivi à la lettre Xavier Bongibault pour sortir de l’oubli, et instantanément ou presque tout le monde en a parlé et en parle encore. Pour moi la Shoah, ce n’est pas de l’histoire, c’est encore le présent. Mon grand-père paternel, déchu de sa nationalité française, fut incarcéré à Pithiviers. Comme il fallait bien trouver de la place pour ceux venant du Vel d’Hiv, alors on « vida les camps de transit français ». Mon grand-père parti par le 5e convoi direction Auschwitz dont il ne revint jamais. Il laissait derrière lui deux orphelins en bas âge que leur mère avait pu miraculeusement cacher, mon père et ma tante respectivement âgés de 5 et 3 ans. De telles histoires concernent aussi ma famille maternelle. Ces survivants ont eu des enfants dont je suis, et toute l’éducation que j’ai reçue en fut imprégnée. J’ai porté le poids de ces événements terribles, dont l’implication de l’État fut longtemps niée par les autorités, durant toutes ces années. Et il fallut attendre 2012 pour que la France, en la personne de son Président François Hollande, reconnaisse enfin sa responsabilité pleine et entière dans ce qui s’est passé. Ce fut une sorte de libération. A chaque fois qu’un triste sire en mal de célébrité fait usage de telles comparaisons morbides, la plaie se ravive. Et je m’interroge, non pas sur ses motivations, mais sur les raisons pour lesquelles elles trouvent un tel écho auprès du public.

Professeur Hagay SOBOL

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