Après les graves incidents survenus dimanche dernier devant le centre d’entraînement, alors que les joueurs et le staff rentraient du déplacement à Lorient, le feu couve à tous les étages du club.

Parmi les classiques de la littérature française, il y a « le Bateau ivre » un beau poème écrit par Arthur Rimbaud en 1871 qui évoque l’histoire d’un bateau sans maître, chahuté par les flots. En 2025, il y a sur la Côte d’Azur l’Olympique gymnaste club Nice, un club de football sous pression qui subit une crise morale et d’identité, avec des mauvais résultats, prétexte pour des violences verbales et physiques contre le staff et les joueurs, provoqués par une partie des supporters.
Moffi et Boga insultés et frappés
Dimanche dernier, Terem Moffi, l’attaquant international Nigérien, a été pris pour cible lors des graves incidents provoqués par environ quatre cents supporters du club. Moffi et l’Ivoirien Jérémie Boga ont reçu des crachats, des coups-de-poing et des coups-de-pied au corps ainsi que dans les parties intimes. Ils ont également subi des insultes racistes. Les deux joueurs ont été placés en arrêt de travail et ont décidé de porter plainte. Le directeur sportif Florian Maurice, a aussi été frappé et insulté.
Perdre un match fait partie du sport. Une équipe ne peut pas toujours gagner. Les footballeurs professionnels sont des hommes qui méritent le respect. Ce sont aussi des pères de famille. Absolument rien ne justifie et n’excuse des actes de violence et des insultes racistes.
Laxisme et manque d’autorité
Ces incidents graves sont la suite logique d’un processus de déclin de l’OGC Nice, entamé en 2021 avec le jet d’une bouteille sur Dimitri Payet et l’arrêt du match Nice-OM à l’Allianz Riviera. Il s’est poursuivi au début de l’année 2025 avec la banderole contre l’OM évoquant les rats marseillais, appuyés par des insultes racistes et homophobes visant Neal Maupay, ancien joueur de Nice qui porte le maillot de l’OM. Enfin, le 21 novembre dernier le derby Nice-OM a été interrompu par le jet d’un projectile sur un joueur et par un spectacle pyrotechnique organisé par les Ultras de la Populaire Sud pendant le match !
Successeur de Jean-Pierre Rivere à la présidence du club, Fabrice Bocquet a réagi tardivement. Ces deux présidents ont manqué de fermeté et d’autorité avec les Ultras qui ont pris progressivement de l’importance autour du club et à l’Allianz Riviera. Les joueurs ont publié un communiqué, regrettant le manque de soutien de leur direction. Quant à Ineos, l’actionnaire principal dirigé par le Britannique Jimmy Ratcliffe, il est muet. Jean-Claude Blanc, son représentant à la direction du Gym, a ciblé l’entraîneur et les joueurs dans une déclaration publiée sur le site du club.
Boycott et huis clos total
Dans un long communiqué annonçant que la confiance est rompue avec les joueurs, l’entraîneur ou encore les dirigeants de l’OGC Nice, la Populaire Sud réfute toute violence physique survenue dimanche dernier. Le principal groupe de supporters niçois précise également les contours d’un boycott. S’ils réfutent avoir organisé ce rassemblement, qualifié de « mouvement spontané », les Ultras reconnaissent une « ambiance hostile ». « Les chants étaient virulents. Il serait malhonnête de le nier. Cependant, nous réfutons catégoriquement les accusations de violences physiques », ajoutent-ils.
Bien organisé, ce groupe de supporters communique à sa manière et rejette toujours sa responsabilité sur les violences provoquées par ses membres depuis 2021. Les premières conséquences de ces débordements sont le classement à hauts risques de Nice-Angers prévu demain à 15 heures et le huis clos total du stade, dimanche 21 décembre pour Nice-Saint-Etienne en coupe de France a 14h45.
Indécis sur son avenir, l’entraîneur Franck Haise reste à son poste après avoir annoncé sa démission. «Je reste pour que chacun assume ses responsabilités », a déclaré Le coach. Il y a urgence surtout que les dirigeants assument et prennent des décisions fortes pour que les violences et les insultes racistes et homophobes quittent ce stade. La saison est encore longue et l’OGC Nice est en danger.
Gilbert DULAC



