Marseille : La Villa Méditerranée entre « nos futurs » et « plus loin que l’horizon »

Publié le 16 juin 2013 à  18h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h38

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Régis Sauder et Bruno Ulmer ont réalisé deux parcours artistiques qui habillent/habitent la Villa Méditerranée. Invitent à un voyage riche et parfois lourd de sens sur le champ des possibles sur ce territoire avec un titre évocateur, provocateur : « Nos futurs », qui renvoie au cri d’une génération « No futur », un cri justement que l’on entend, cri d’une jeunesse qui nous porte, d’une jeunesse qui nous parle, nous interpelle avec le travail de Régis Sauder. Alors que Bruno Ulmer nous transforme en acteur des mobilités en Méditerranée, émotions garanties.
Régis Sauder évoque : « Le cri d’une jeunesse méditerranéenne, à la fois désespérée et pleine de vie ». Insiste sur l’importance de se situer en tant qu’artiste. Avoue : « J’ai trouvé dans la Villa Méditerranée un espace de liberté, de création artistique. C’est rare. Et j’ai essayé d’investir le discours méditerranéen sans tomber dans le cliché du « Tous frères ». Bruno Ulmer insiste également « sur cette liberté de propositions, de création, de parole. Je parle des mobilités en Méditerranée dans une liberté totale et c’est important de le rappeler encore et encore. De dire aussi qu’ici nous ne sommes pas dans un Musée, nous sommes dans un laboratoire. On mobilise beaucoup de savoirs et d’intelligence de la scénographie ».
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« il est encore temps d’inventer des futurs possibles »
Régis Sauder d’expliquer que le parcours qu’il propose est le fruit de 2 ans et demi de travail, « d’exigence graphique, formelle ». Un trajet où il s’agit de suivre un fil d’Ariane qui conduit de cube en cube, de parole en parole, après un accueil par un cri, un hymne : « Ici c’est chez vous ». Porte d’entrée dans ce « Nos futurs » « Si sur la base des données disponibles aujourd’hui nous pouvons élaborer des scénarios pour demain et sombrer dans le catastrophisme, il est encore temps d’inventer des futurs possibles ». Un message que porte ainsi ce jeune tunisien : « Je n’ai pas de vision de l’avenir car cela dépend de nous ». Alors qu’une autre interrogation s’exprime : « S’il n’y a pas de changements, même avec un gouvernement élu démocratiquement, alors je ne vois pas où est la révolution ».
A travers un dispositif multi-écrans, le public peut découvrir le questionnement des jeunes : « La Méditerranée n’existe que si nous décidons d’y croire et de l’investir d’une finalité réelle ». alors, il est question de « qui sommes-nous ? Qui serons-nous ? » « Comment vivons nous? Comment vivrons-nous ? » « Voulons-nous la Paix pour demain et comment ? ».
Un espace est également réservé pour que chaque visiteur puisse déposer sa parole et sa vision de nos futurs en Méditerranée : « Une table à dessin ou chacun peut écrire son slogan, projeté en direct sur grand écran. Comme l’avenir de la Méditerranée, l’exposition peut et doit encore être redessinée ».
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PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
PHOTO PHILIPPE MAILLÉ

« une Méditerranée ou « mobile » ne désignerait pas un simple téléphone portable »
Le public est invité à descendre, il est sous l’eau, lieu d’accueil de « Plus loin que l’horizon ». Ici, on plaide clairement « pour une Méditerranée ou « mobile » ne désignerait pas un simple téléphone portable ». Ici, le spectateur quitte cette posture pour devenir acteur. Il voyage au milieu des conteneurs, puis on est dans le souk, au milieu des cartons. Des sons, bruyants, chaleureux, enveloppent. Méditerranée du commerce, de l’artisanat, du tourisme. Elle se retrouve dans le ballet des bateaux qui quittent le Port de Marseille, en plein lumière. Mais, par un interstice, une autre expérience nous appelle, celle sombre, tragique, de cette Méditerranée où l’on meurt avant d’atteindre les côtes de cette Europe forteresse, on meurt parce qu’on veut fuir la misère, la guerre, on meurt parce qu’on veut seulement vivre. A proximité, la croisière s’amuse… On s’engouffrera ensuite dans ce corridor, des « Hommes qui marchent », qui avancent, malgré les difficultés, les menaces, pour franchir les frontières. « Les hommes qui marchent », toute la noblesse est dans cette appellation, la respiration se modifie, s’accélère, au rythme de celle déversée par les baffles. « C’est une énergie contre laquelle on ne peut rien », conclut Bruno Ulmer.

Michel CAIRE

2031 en Méditerranée, nos futurs ! Parcours temporaires du 14 juin au 27 septembre 2013. Horaires mardi, mercredi, jeudi : 12h-19h vendredi 12h-22h samedi, dimanche et jours fériés : 10h-19h, sauf les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Tarif 7euros tarif plein, 5 euros tarif réduit. Accueil des groupes prioritairement du mardi au vendredi de 9h à 12h. Renseignement : 04.95.09.42.52 ou par mail à l’adresse reservationgroupe@villa-meditarranee.org;
Les horaires sont les mêmes pour « Plus loin que l’horizon » mais là, l’accès est libre.

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Michel Vauzelle : une ambassade de la Méditerranée
Le président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle revient sur la raison d’être de la villa de la Méditerranée : « C’est une première, une Région a souhaité construire un équipement pour la France dans un lieu stratégique qu’est Marseille. Et cette réalisation est pleinement complémentaire avec le Mucem ». Il lance : « Lorsque certains pays d’Europe traitent les pays euro-méditerranéens de « Club Med », on mesure toute l’importance que doit avoir Marseille, la nécessité d’avoir des espaces de débats, de rencontre pour construire une Méditerranée de projets». Dans une société en crise « où le racisme, notamment anti-maghrébin, monte, nous devons, dans cette communauté de destin qui est la nôtre maîtriser cet inquiétant phénomène ». Il insiste sur l’importance de la jeunesse, sur le fait qu’elle est dans ces locaux chez elle. Signifie que cette villa « est une ambassade de la Méditerranée dans notre propre région. Au moment où les tensions s’exacerbent, il est important de créer des lieux favorisant la coopération afin de tourner la page d’une France donneuse de leçons et d’une Europe trop technocratique, manquant de respect pour la jeunesse méditerranéenne. C’est une ambassade qui n’est pas réservée aux seuls diplomates, elle est grande ouverte aux peuples, à la jeunesse de la Méditerranée ». Il conclut en plaidant : « Lorsqu’on va au Sud on demande que fait la France ? Et là il faut partir dans de très longues explications tant les structures sont diverses. Il faut un lieu de réflexion et de prise de décisions rapides ».

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