Dans la cité phocéenne, 50 000 personnes n’ont pas d’assurance multirisques habitation. Des chiffres colossaux, 2,5 fois la moyenne nationale. Pour éviter les risques, la Ville vient de signer une convention avec une mutuelle. Entretien avec Patrick Amico, adjoint au Maire, en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne.

Comment est née cette initiative ?
D’un constat sur la situation du logement dans la ville et la difficulté des gens à payer leurs différentes charges. Nous avons 54% des ménages qui sont locataires contre 45% en France. Le revenu médian est de 20 300 € à Marseille et dans la moitié qui gagne moins, 40% sont sous le seuil de pauvreté. Résultat les Marseillais les moins fortunés rognent sur l’assurance habitation en se disant que c’est moins grave qu’une assurance automobile.
On a des chiffres ?
Oui, selon les courtiers en assurance on estime que 20% des locataires du public et du privé n’ont pas d’assurance multirisques habitation dans la cité phocéenne, cela fait près de 50 000 personnes. C’est énorme, sur plan national on est à 8%. C’est 2,5 fois inférieur.
Mais quand on signe un bail avec le propriétaire ou l’office HLM, on vous demande un contrat d’assurance habitation ?
Bien sûr et le locataire doit s’y plier en fournissant une attestation d’assurance avant l’entrée dans les lieux. Mais l’attestation est valable une année, ensuite qui va regarder si vous avez résilié votre contrat ? Personne.
Cela comporte donc des risques ?
Cette situation est dramatique sur le plan légal et pour les locataires qui s’exposent à des risques majeurs au niveau de leur responsabilité civile en cas de sinistre. Sans assurance pas de protection des biens et des individus.
Comment avez-vous procédé pour l’Assurance Habitation Marseillaise ?
Nous avons rédigé un cahier des charges avec un contrat type, ensuite nous avons lancé un appel à projet en direction des compagnies d’assurance. C’est le groupe Vyv (Harmonie Mutuelle, Mgen…) qui a répondu le mieux à nos souhaits et c’est avec lui que nous avons signé une convention.
Que contient-elle ?
Elle offre une vision sociale de l’assurance. Les contrats sont 15 à 30% moins chers qu’un contrat classique. Je vous rappelle que les Marseillais ont actuellement les primes d’assurances les plus chères de France notamment en raison de l’état de délabrement d’une partie de l’habitat.
Qui pourra bénéficier de ce contrat ?
Nous avons fixé un seuil de revenus pour bénéficier de ce contrat d’assurance habitation mais environ 150 à 200 000 ménages pourront y souscrire s’ils le souhaitent. On espère évidemment que les 50 000 personnes qui n’ont aucun contrat multirisques habitation en souscrivent un mais aussi que ceux qui veulent réduire leur prime franchissent le pas.
Quelles contreparties pour la ville ?
Nous ne sommes pas assureur, nous laissons cela au groupe Vyv. Notre seul engagement est de faire la promotion de l’assurance habitation marseillaise dans nos diverses structures : mairies de secteur, centre sociaux, centres municipaux d’animation…
Vous espérez ainsi réduire l’absence d’assurance habitation ?
C’est l’objectif, des villes comme Lille, Paris et Montreuil ont déjà signé des conventions. Vyv a souhaité dupliquer l’opération à Marseille après Paris. C’est sans doute le signe que des locataires ont paraphé des contrats.
On pourra souscrire des contrats quand ?
Dès maintenant sur www.groupe-vyv.fr
Propos recueillis par Joël BARCY