Marseille : Le musée d’Histoire, inauguré ce jeudi, a été l’espace phare des journées du Patrimoine.

Publié le 15 septembre 2013 à  22h54 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h18

Les amphores, un contenant du VIe siècle avant J.C. jusqu'au Xe siècle de notre ère  (Photo Philippe Maillé)
Les amphores, un contenant du VIe siècle avant J.C. jusqu’au Xe siècle de notre ère (Photo Philippe Maillé)
On s’est bousculé aux portillons, ce week-end, pour découvrir le dernier né de MP2013, le musée d’Histoire, inauguré ce jeudi 12 septembre. Il est vrai que s’est ouvert à quelques encablures du Vieux Port, au cœur du Centre Bourse, un espace mémoire de la plus ancienne ville de France, Marseille, qui affiche fièrement ses 2600 ans. Et l’émotion est au rendez-vous lorsque mythe et traces archéologiques font si bon ménage notamment celui de Prôtis le Grec et Gyptis, la Gauloise, à l’origine de la fondation de Marseille. Un mélange bien pensé qui sera l’essence et la force même de Massalia à Massilia, de Marseille à la ville sans nom en passant par Marseille la révolutionnaire, la rebelle…

« Je pense à ce projet depuis 1954 »

Daniel Hermann , adjoint à la culture considère que « ce musée est identitaire »  et que « tous les enfants de Marseille issus de toutes les immigrations sont les vecteurs de cette histoire  ». Le doyen des adjoints André Malrait, en charge des monuments historiques avoue: « Je pense à ce projet depuis 1954  ». Et à l’attention de l’architecte des lieux, Roland Carta, il souligne: « Je n’aurais pas fait mieux ». Un projet complexe a été réalisé, doté à la fois d’un musée à ciel ouvert, l’antique port de Marseille, qui a été serti par le musée revisité. Roland Carta estime: « Ce musée veut dire :  » Marseille est de retour ». Marseille c’est l’éternel retour. Toutes ces populations qui ont migré ont construit la Ville, c’est le musée des exilés.  »

Le plus grand musée d’Histoire de France et d’Europe

Ce musée d’Histoire, le plus grand de France et d’Europe est doté d’une superficie totale de 15 500 m². Sa façade, un long ruban opalescent en forme de « U », entourant sur 3 côtés le Port antique, permet l’entrée de la lumière dans les espaces et favorise depuis l’intérieur la vue sur le site archéologique. Ainsi le Port antique est, en quelque sorte, la première salle du musée, un musée à ciel ouvert avec les aménagements portuaires, la porte et les remparts grecs de Massalia et la voie romaine dallée qui conduit au musée d’Histoire. A l’intérieur du musée, les visiteurs ont accès à la plus importante épave maritime du monde antique (début du IIIe siècle de notre ère). Et 6 autres épaves qui font de ce musée « le seul au monde à posséder une flotte antique  », indique André Malrait.

2600 ans d’Histoire en 13 séquences

La visite des 2600 ans de l’Histoire de Marseille s’effectue  « à travers un fil d’Ariane présentant la double identité de la ville à la fois maritime et portuaire », dixit le conservateur du musée, Laurent Védrine. Treize séquences composent ce parcours muséographique, « chaque séquence se déploie autour d’un objet phare, emblématique de la Ville », précise-t-il. Grâce à des interventions à l’écran, archéologues et historiens s’adressent au public. Chaque étape de la visite est enrichie de nombreux films et multimédia interactifs qui donnent vie aux objets et contextualisent la présentation des collections. « Le programme scientifique du musée fait apparaître une dimension politique plus vaste et plus profonde, car Marseille a parfois précédé, souvent illustré et toujours accompagné, les changements d’époques, c’est-à-dire l’évolution permanente qui a caractérisé l’Europe et la Méditerranée. » En préambule des 13 séquences, la séquence zéro, Marseille avant Marseille (-60 000 à -600). « La ville est fondée il y a 2 600 ans, mais les premières dates d’occupation humaines datent de 60 000 ans avant J.-C. », explique le conservateur. Cette séquence présente la géographie du bassin de Marseille qui marque durablement son histoire, l’évolution de ses paysages et la grotte de Cosquer, patrimoine universel riche de milliers de peintures et gravures (de 27 000 et 18 000 ans). De par ce parcours, le public pourra découvrir Marseille depuis sa création au VIe siècle avant J.-C., jusqu’à sa reconstruction après la guerre, en passant par le Moyen-Age, et bien sûr l’époque des premiers chrétiens, dont les sarcophages retrouvés dans les fouilles de la rue Malaval sont le témoignage de nos origines paléo-chrétiennes. Le parcours muséographique se termine sur les étapes récentes et à venir du développement de Marseille. Pas moins de 4000 pièces, témoignages d’un passé très houleux de la ville sont présentées au public.

« Marseille est un port habitué à l’étranger »

Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin n’a pas caché sa satisfaction rappelant que 600 millions d’euros ont été investis dans le musée dont 40% par la Ville. Il a tenu à remercier les financeurs « tout particulièrement le conseil général et son président  » dont la contribution a été d’un montant de 8,75 millions dʼeuros ; l’État pour 1 million dʼeuros ; la Région pour 2,4 millions ; la Société des Eaux « dont les 3,1 millions ont autorisé la réalisation du procédé révolutionnaire de la « « réalité augmentée »  » et nombre de mécènes. A propos du musée, il a tenu à souligner : « Nous avons 2 600 ans d’existence. Marseille est un port habitué à l’étranger. Strate par strate, il a accueilli l’étranger, nous l’avons accentué avec notre politique d’ouverture, de générosité .»
Patricia MAILLE-CAIRE
Musée d’Histoire de Marseille au 2, rue Henri-Barbusse. Marseille (1er). Tél. : 04.91.55.36.00. Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10 heures à 18 heures

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