Avant d’entrer en période préélectorale, Georges-François Leclerc, préfet de région Provence-Alpes-Côte d’Azur a voulu dresser un premier bilan de la réforme institutionnelle qui a touché la police marseillaise voilà 8 mois. La géographie de l’action a changé avec un focus sur l’hypercentre et la lutte contre l’immigration clandestine est devenue une priorité. « Elle est la principale source de la délinquance », affirme le préfet, statistiques à l’appui.

Satisfécit
C’est classique, on ne dresse pas un bilan d’action pour se tirer une balle dans le pied. Le préfet de région et la préfète de police déléguée ont donc martelé tous les points positifs obtenus ces 8 derniers mois. Huit mois, la date où a été mise en place la réforme institutionnelle avec la disparition du préfet de police au profit d’un préfet délégué placé sous l’autorité du préfet des Bouches-du-Rhône. Une réforme qui évite une dyarchie qui, selon le représentant de l’Etat, peut être source de conflits.
Haro sur l’immigration clandestine
Les forces de polices ont été, selon le préfet, sérieusement renforcées. « 500 policiers supplémentaires sont arrivés depuis l’annonce du plan Marseille en grand, relève Georges-François Leclerc. On a aussi 3 compagnies de CRS en résidence sur le département avec une voire deux sur Marseille tous les jours.»
Après une concentration sur les quartiers Nord, l’action annoncée vise depuis quelques mois l’hypercentre de Noailles à la Porte d’Aix en passant par Belsunce. En ligne de mire la vente à la sauvette mais surtout l’immigration clandestine source de délinquance. «On ne peut pas penser séparément aujourd’hui la politique de la lutte contre l’immigration clandestine de la politique de lutte contre la délinquance parce que nous avons, par exemple sur le centre-ville, des jeunes en situation irrégulière qui sont pris en main par des réseaux et qui servent au trafic de stupéfiants. Dans l’hypercentre nous avons une surreprésentation des étrangers en situation irrégulière dans les actes délictuels voire criminels qui sont commis», ajoute le préfet chiffres à l’appui. « Les interpellations d’étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 72%. Sur certains quartiers comme la Porte d’Aix 65 voire 70% de la délinquance est le fait d’étrangers. Je ne fais pas de politique, ce sont des faits», assure-t-il.
Loi sur le narcotrafic
Si la saisine de cannabis a chuté de 65%, elle est compensée par la croissance quasi exponentielle de la cocaïne qui bondit de 75%. « Il y a une explosion de la consommation et dans toutes les couches sociales », mentionne Corinne Simon, la préfète de police déléguée. Pour lutter contre le deal une loi de juin dernier va permettre de renforcer la lutte contre le narcotrafic. « Avec cette loi-là, pour toutes les personnes qui vivent dans des logements sociaux et qui participent à un trafic de stupéfiants nous mettrons un terme au bail pour rendre aux habitants la jouissance du quartier et la plénitude qui existait avant.» Cette loi autorise aussi le recours à l’interdiction de paraître. Si plusieurs personnes participent à un trafic de stupéfiants sur la voie publique ou dans un lieu collectif le préfet pourra prendre un arrêté d’interdiction du périmètre et si ce n’est pas respecté elles seront placées en garde à vue et pourront être condamnées. Et, si des établissements participent à un trafic de stupéfiants ou a du blanchiment ils pourront être fermés administrativement pendant 6 mois.
Pas de salle de shoot
Depuis plusieurs années une halte de soins addiction, plus prosaïquement une salle de shoot est réclamée dans le centre-ville de Marseille pour soigner les toxicomanes. Georges-François Leclerc y est opposée. « Très clairement il y a une contradiction. Si vous créez une halte de soins addiction cela veut dire que vous assumez que vous n’interpellerez pas dans la zone. Or mon arbitrage est claire la priorité est à la répression. Donc, moi préfet des Bouches-du-Rhône sur cette question il ne saurait y avoir de halte dans les conditions actuelles. »
«Je fermerai administrativement la mosquée»
Le préfet est aussi revenu sur la procédure contradictoire entamée pour la fermeture de la mosquée des Bleuets dans le 13e arrondissement. Pour lui, elle s’impose au regard des prêches de l’Iman. « Il a été condamné pour apologie du terrorisme par l’autorité judiciaire et il continue de proférer des propos incitant à la haine et à la violence. J’ai adressé mes observations à la mosquée qui visiblement ne souhaite pas me répondre. Donc la semaine prochaine je procéderai à la fermeture administrative de la mosquée. »
Reportage Joël BARCY