Mena Economic Forum : Le triangle Europe, rive Sud de la Méditerranée/Afrique, Pays du Golfe se construit

Publié le 8 novembre 2013 à  2h23 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h38

Cette première journée du Mena Economic Forum a accueilli de nombreuses personnalités de la Méditerrannée et du Golfe (Photo Philippe Maillé)
Cette première journée du Mena Economic Forum a accueilli de nombreuses personnalités de la Méditerrannée et du Golfe (Photo Philippe Maillé)
Le Mena Economic Forum a ouvert ses portes ce jeudi 7 novembre en présence de nombreuses personnalités au rang desquelles Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, le Sheikh sultan bin Mohhamad Al Qassimi, émir de Sharjah, qui a offert à l’assistance une déclaration d’amour érudite à Marseille « lieu de rencontre des civilisations », Androulla Vassiliou, la Commissaire européenne chargée de la culture, l’éducation, le multilinguisme et la jeunesse, affirmant que MP2013 « est une excellente Capitale européenne de la culture ». Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’importance à mettre en place un triangle Europe, Méditerranée Afrique et pays du golfe. Outre le rôle prépondérant de la culture et de l’éducation, les intervenants ont pour la plupart indiqué qu’il était urgent de mettre en place des partenariats gagnants/gagnants, pour sortir des crises actuelles, offrir des perspectives à la jeunesse.
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif (Photo Philippe Maillé)
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif (Photo Philippe Maillé)
Arnaud Montebourg lance : « La France est très fière de Marseille ». Avant de considérer que ce monde méditerranéen est confronté aux mêmes questions, doit assumer de profondes mutations. Critique « une mondialisation cruelle, souvent déloyale ». Face à ce qu’il qualifie de « lubies identitaires de certains qui entendent diviser selon la religion, les origines, la couleur. La culture peut permettre de rapprocher nos peuples ».
Il en vient à l’économie : « Derrière des histoires, des géographies, des peuples, nous cherchons la voie pour exister économiquement. Et quoi de mieux que de le faire avec des alliés ? Ensemble nous pouvons être très forts ».

Michel vauzelle, président de la région Paca (Photo Philippe Maillé)
Michel vauzelle, président de la région Paca (Photo Philippe Maillé)

« L’Europe du Nord est parfois condescendante avec le Sud »

Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur vient de rendre un rapport au Président de la République sur la Méditerranée. Il rappelle que, dans cette Villa de la Méditerranée, voilà quelques mois, « des centaines de jeunes de toute la Méditerranée se sont rassemblés en ce lieu qui leur est dédié et ont débattu avec plus de 200 représentants des régions méditerranéennes et quarante-deux présidents de Parlements arabe et européen ». Il note que la question méditerranéenne prend une grande importance en Europe « avec toutefois un petit malentendu, l’Europe du Nord est parfois condescendante avec le Sud, comme si ce dernier n’était pas sérieux ». Il note l’échec de l’Union pour la Méditerranée, de l’ONU en Syrie. Face à cela, il considère : « C’est d’abord par le dialogue et la coopération de peuple à peuple que la cause méditerranéenne trouvera son compte ». Puis de plaider pour la création d’outils tels que la création d’un espace franco-maghrébin de la formation professionnelle. « C’est la première réponse au besoin vital d’emplois et donc d’insertion professionnelle des jeunes méditerranéens des deux rives ». Il souhaite que soit mieux articulée la formation, la recherche et l’innovation, insiste sur une action à mener pour aider à la création de micro-entreprises. Se prononce pour la création d’un espace franco-maghrébin de l’économie sociale et solidaire. Juge qu’il est opportun de favoriser la création d’un forum des jeunes de la Méditerranée, de créer une plateforme euro-méditerranéenne de concertation pour la mobilité des jeunes. Aspire, enfin, à une meilleure mobilisation de la coopération décentralisée.

« Un meilleur partenariat entre l’Europe et les Pays Arabes »

Roland Blum, le premier adjoint de la ville de Marseille se réjouit de voir le succès de le Mena : « C’est à Marseille, en 2011, que tout a commencé. L’objet était de favoriser un meilleur partenariat entre l’Europe et les Pays Arabes ». Il signale la mise à disposition de la Villa Valmer, dans cette ambition de faire de Marseille une capitale euro-méditerranéenne, et qui accueille le siège du bureau local de l’ONUDI, de l’Office de coopération économique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO) et du Centre de Marseille pour l’intégration en Méditerranée, administré par la Banque mondiale. Il conclut en invitant à entendre le message de la jeunesse.
Jack Lang est président de l’Institut du Monde Arabe (IMA), s’adressant à l’émir de Sharjah il avance: « S’il est dans votre région du monde un pays qui symbolise l’esprit de culture et d’éducation c’est bien le vôtre ». Puis de considérer : « La culture, l’éducation et l’économie c’est un même combat. Il a fallu du temps pour que tout le monde l’accepte mais c’est aujourd’hui une évidence. Je me souviens que lorsque nous avons créé la Capitale européenne de la culture avec Mélina Mercouri il en est qui se sont moqués de nous, aujourd’hui quel plaisir de voir 20 villes italiennes lutter pour obtenir ce titre ».
Mohhamad Al Qassimi, célébrera la cité phocéenne, son histoire, rappellera le rôle qu’elle a pu jouer en astronomie, en botanique ou encore en chimie. Rendra hommage à Pagnol, à Jean Ballard. Signalera que, pendant la deuxième guerre mondiale elle fut une capitale de la culture « Marseille, alors, était le port vers la liberté ». Des propos qui toucheront Jacques Pfister, le Président de la CCI Marseille-Provence qui plaide en faveur de la coopération, avec la rive Sud, les pays du Golfe, « afin de créer de la richesse ensemble ». Dans ce cadre, il a signé une convention avec la CCI de Sharjah, tout comme le fera la Kedge business school.

« Il nous revient d’imaginer la forme que prendra l’économie méditerranéenne »

Pour le ministre de l’Industrie du Maroc Moulay Hafid Elalamy : « L’espace méditerranéen est stratégique à plus d’un point. Il connaît une situation très déséquilibrée entre son Nord riche, stable, et son Sud ». Il rappelle que le Maroc a fait le choix d’une part de développer sept secteurs économiques et d’autre part il a défini ses partenaires économiques : « L’Europe méditerranéenne, l’Afrique et les Pays du Golfe. Dans un monde où la désindustrialisation est un défi, il nous revient d’imaginer la forme que prendra l’économie méditerranéenne » . Il conclut en plaidant en faveur d’un partenariat et d’un accompagnement loin d’une logique de domination.

Andrulla Vassiliou, Commissaire européenne chargée de la culture, l'éducation, le multilinguisme et la jeunesse (Photo Philippe Maillé)
Andrulla Vassiliou, Commissaire européenne chargée de la culture, l’éducation, le multilinguisme et la jeunesse (Photo Philippe Maillé)
Andrulla Vassiliou, revient aux sources de l’ambition européenne, au sortir de la deuxième guerre mondiale, qui étaient de favoriser des échanges et construire une Paix pérenne. A ses yeux : « L’éducation a un rôle crucial pour transmettre nos valeurs fondamentales. Elle ouvre l’esprit, élargit notre horizon. Il est important d’enseigner les bonnes compétences par un système éducatif compatible les uns aux autres tout en respectant les différences ».

« Nous sommes menacés par le populisme, les crispations identitaires de part et d’autre de la Méditerranée »

Charif Rhamani, président de la Fondation des déserts du Monde (Photo Philippe Maillé)
Charif Rhamani, président de la Fondation des déserts du Monde (Photo Philippe Maillé)
Charif Rhamani, président de la fondation des déserts du Monde ne cache pas ses inquiétudes : « Nous sommes menacés par le populisme, les crispations identitaires de part et d’autre de la Méditerranée qui est la région la moins régulée du monde ». Mais c’est pour mieux ajouter : « Et pourtant les potentialités sont là . Il s’agit d’accompagner la renaissance du monde arabe, ces peuples qui refusent le monolithisme tant sur un plan politique que religieux. Pour cela offrir une perspective à la jeunesse, il faut sortir du modèle asymétrique que nous avons connu pour un modèle partenarial. Mais il faut être conscient que sans économie, sans éducation et sans jeunesse on ne construira pas cette nouvelle Méditerranée». Avant de considérer : « Nos pays sont interdépendants pour le meilleur et pour le pire alors agissons pour que ce soit le meilleur qui nous lie ».
Hamid Safer des Emirats Arabes Unis insiste à son tour sur l’importance de l’éducation, souhaitant que cette dernière s’élabore en lien avec le monde de l’économie afin de permettre la création d’emplois productifs.
Michel CAIRE

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