Métropole: le Conseil de territoire Marseille-Provence est bien né

Publié le 25 avril 2016 à  11h25 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

MPM a su nous donner au fil du temps des débats de qualité, où le politique savait prendre le pas sur le politicien, et bien cette séance du conseil de territoire ex-MPM, qui a vu la structure prendre le nom de Marseille-Provence, a offert plusieurs débats de qualité, sur le commerce en centre ville, l’hôpital Nord… A l’exception mais une habitude, du FN. Il n’empêche, le conseil de territoire marseille-Provence est bien né.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Les bancs de l'opposition: les socialistes Patrick Mennucci et Samia Ghali   (Photo Robert Poulain)
Les bancs de l’opposition: les socialistes Patrick Mennucci et Samia Ghali (Photo Robert Poulain)
Yves Moraine (LR), le président (LR) de la métropole et maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Bruno Gilles et Danielle Milon (Photo Robert Poulain)
Yves Moraine (LR), le président (LR) de la métropole et maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Bruno Gilles et Danielle Milon (Photo Robert Poulain)

Lorsque Guy Teissier, le président du Conseil de territoire de l’ex MPM propose « Marseille-Provence », il avoue non sans humour que les recherches ont été stériles pour trouver mieux. Puis il est question du compte administratif 2015 présenté par Jean-Pierre Giorgi qui indique: «Le document met en avant une stabilisation de la situation financière de MPM, montre un taux de réalisation correct et un seul fait notable : le moindre recours à l’emprunt ». Michel Coulomb, PS, ne l’entend pas ainsi : «Ce que nous n’avons pas emprunté nous l’avons pris aux habitants avec un gain cumulé de 100 M€ sur la fiscalité ménage». Pour sa part Marc Poggiale, Front de Gauche considère: «Ce sont les augmentations des impôts pour les ménages qui ont compensé les baisses de dotations de l’État et celles de la fiscalité économique depuis plusieurs années». Déplorant ainsi : «Une politique qui se traduit pas plus d’impôts pour une baisse de l’action publique». Il est ensuite question du budget 2016 qui s’inscrit dans la logique d’état spécial de territoire. Cet état spécial regroupe les crédits qui seront nécessaires à l’exercice des compétences déléguées par la Métropole. De 86 à 89 M€ sont prévus en fonctionnement et 218,6 M€ en investissement. Il s’agit ainsi de financer les compétences qui ont été déléguées par la Métropole lors de son premier conseil du 17 mars 2016 au premier rang desquelles la propreté mais également tous les travaux d’aménagement du territoire, de voirie, d’infrastructure, d’habitat, de la politique de la ville, de mise en valeur de l’environnement, à l’exception des transports sur le territoire de l’ex MPM. C’est le budget métropolitain qui a été construit, pour 2016, par l’addition des maquettes budgétaires des 6 EPCI, qui procédera aux versements des dotations nécessaires sachant que le budget métropolitain sera voté le 28 avril. Le président du conseil de territoire a une délégation pour signer certains marchés pour une sommes pouvant aller jusqu’à un million d’euros. Patrick Mennucci, au nom du groupe socialiste, propose qu’une commission se mette en place pour examiner les marchés. «Cela va dans le sens de la démocratie et est en accord avec votre pratique depuis votre élection», avance-t-il. «Votre proposition m’agrée. Les sommes peuvent être importantes, nous allons mettre en place une commission consultative», répondra Guy Teissier.
Eugène Caselli, PS, intervient pour apporter son soutien sur le dossier de La Ciotat, concernant la réhabilitation de son centre ville. Le FN -qui, depuis le début de la séance, vote contre ou s’abstient sur les dossiers-, vote contre cette réhabilitation, ce qui laisse pantois le président du conseil de territoire : «Je ne comprends pas votre vote alors que nous faisons un effort pour retrouver de l’attractivité, redonner de la qualité de vie à des populations…».

«Un dossier parlant de concertation doit être salué»

Un FN qui s’exprimera sur la concertation préalable à la création de voies du Plan d’Aménagement d’Ensemble Les Paranques-La Claire, dans le 13e; un FN qui dénonce le fait que la concertation ait lieu au Pharo, bien loin des 13/14. Christophe Masse, PS, lancera : «Un dossier parlant de concertation doit être salué. Après il ne suffit pas d’attendre, de dire non à tout, une mairie de secteur doit s’impliquer, être dynamique. Nous voterons donc ce rapport. Après la question de devoir se déplacer au Pharo mérite d’être posée, il serait bien de prévoir des lieux dans les 13/14». «Effectivement, estimera Guy Teissier, là où bat le cœur de la démocratie, c’est dans les mairies de secteur, nous allons faire en sorte que les panneaux soient présentés en mairie des 13/14 ».

«4 commerces viennent de fermer rue de la République»

Un débat dense naîtra d’une question relative à la création d’un passage piéton protégé quai du Lazaret. Patrick Mennucci aborde à ce propos la question du commerce en centre ville : «C’est le premier employeur avec 10 000 employés et 3 000 propriétaires. C’est donc une question stratégique pour la métropole. Or, les inquiétudes sont nombreuses et certains pensent à une catastrophe possible. Cela, alors que 4 commerces viennent de fermer rue de la République. Dans ce contexte la mairie de Marseille vient d’écrire au Premier Ministre pour la mise en place d’une zone franche en centre-ville. Je n’y suis pas opposé. La métropole pourrait également décider d’exonérer totalement ou en partie les commerçants de la taxe foncière». Il note à ce propos : «La Ville a décidé de réduire les taxes mais, comme cela touche 35 quartiers, cela joue peu pour le centre ville et, les commerces des zones commerciales de la Valentine et des terrasses du Port bénéficient des mêmes aides que ceux des rues du centre ville». Il plaide pour qu’un travail soit effectué, des pistes explorées, indique être prêt à intervenir auprès du gouvernement sur ce dossier avant de se prononcer pour un moratoire sur la réalisation de centres commerciaux.

«Pour réanimer le centre-ville, un véritable Plan Marshall s’impose»

Guy Teissier précise que les accords programmatiques qu’il avait passés avec Jean-Claude Gaudin prévoyaient deux zones franches, une en centre-ville, l’autre dans la vallée de l’Huveaune : «Mais cela ne suffira pas. Pour réanimer le centre-ville, un véritable Plan Marshall s’impose». Certains sur les bancs de la majorité railleront cette intervention la jugeant trop marseillo-marseillaise. Yves Moraine, le maire LR des 6/8 estimera pour sa part que «le débat est utile, nécessaire et n’est pas que marseillo-marseillais car, lorsqu’il est question du centre-ville de la deuxième ville de France le débat est, à minima, métropolitain». Il juge que la ville de Marseille et les présidents successifs de MPM «dans une continuité républicaine, ont réalisé d’énormes efforts pour ce périmètre. Nous avons refait le Vieux-Port, réalisé la semi-piétonisation de diverses rues, fait la rue Ferreol, le tram rue de Rome… Mais le centre-ville souffre. Alors d’autres travaux vont être réalisés, notamment la rue Paradis et le cours Lieutaud. De même des avancées notables sont à constater en matière de sécurité, de propreté. Maintenant il y a ce projet de zone franche qui a donné des résultats positifs à Toulon, cela peut donc être un élément de réponse». En revanche, il exprime son désaccord sur l’idée d’un moratoire sur les zones commerciales.
Un dernier débat portera sur le transfert de laboratoires de neurosciences de l’Hôpital Nord vers la Timone. Samia Ghali s’inquiète : «Déshabiller l’Hôpital Nord -qui est appelé à devenir établissement métropolitain de par son positionnement-, pour habiller la Timone n’est pas une bonne chose. On va vider des locaux sans savoir ce que l’on va y mettre preuve que l’on est toujours dans la division dans cette ville. Il importe donc de se mettre autour d’une table et de débattre». Guy Teissier dit comprendre son inquiétude: «Je me suis moi-même battu pour le maintien de l’Hôpital Sainte-Marguerite; un maintien que tout le monde trouve très bien aujourd’hui. J’avais d’ailleurs retiré lors d’une précédente séance ce dossier à la demande d’Annie Lévy Mozziconacci mais j’ai ensuite était rassuré par le président de l’AMU et par le doyen de la faculté de médecine». Bruno Gilles ajoutant: «On ne dépouille en rien l’hôpital Nord qui ne désemplit pas».

«Le premier centre français de simulation médicale »

Le professeur Collart LR avoue ne pas comprendre que ce dossier prête à débat «alors qu’il a été validé par l’Inserm, le CNRS, le Ministère de la Santé, l’AMU ». Analysant ce projet comme «fondamental» pour trois raisons: Les locaux qui accueillent ses équipes doivent être évacuer pour désamiantage; les équipes médicales travaillant sur les neurosciences sont à la Timone et, 16 équipes sur les 18 travaillant à l’Hôpital Nord sont d’accord pour rejoindre la Timone, les deux autres réfléchissent». «Enfin, poursuit-il, loin d’être déshabillés, une fois désamiantés, ces locaux de l’Hôpital Nord accueilleront le premier centre français de simulation médicale». Samia Ghali tient à réagir à la première partie de l’intervention du professeur : «Nous ne sommes pas contre tout, loin s’en faut et nous ne vous remercierons jamais assez pour votre travail. Mais, lorsque vous dites que l’on ne peut être contre puisque des scientifiques sont pour, c’est oublier que Guy Teissier s’est battu pour l’Hôpital Sainte Marguerite et les faits lui ont donné raison. Au-delà, votre logique impliquerait que nous n’aurions pas dû nous prononcer sur les dossiers d’urbanisme, nous ne sommes pas architectes; pas nous prononcer sur le commerce, nous ne sommes pas commerçants. C’est la négation du politique. Ensuite, vous annoncez de nouveaux équipements pour l’Hôpital Nord, le problème c’est qu’il n’existe aucun financement pour l’instant».
Michel CAIRE

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