Basé sur des témoignages récoltés auprès de travailleuses précaires, « Dans le silence des paumes » s’invite dans le OFF Avignon après avoir été joué dans des appartements. Un théâtre documentaire qui interroge sur ces invisibles, ceux que la vie ballote comme une coque de noix sur l’océan.
Théâtre intimiste
Dans le silence d’un salon, on déroule le fil d’une vie, celle de Maryse. Les spectateurs sont installés dans cet espace, autour d’elle, identifié par un fauteuil vert élimé. Elle vit ses derniers instants et a convoqué ses 3 enfants par ordre de naissance. Malgré leurs relations distendues, ils vont rassembler leurs souvenirs. Dans ce salon sans âme et sans histoire, ils vont plonger dans l’intimité de leur mère, pleurant dans ses paumes.
Seconds de cordées
Qui était finalement Maryse ? Qui était leur mère ? Cette maman « qui ne leur donnait jamais la main à la sortie de l’école » sans qu’ils sachent pourquoi. On découvre progressivement qu’elle est une femme des années 50 qui, lors d’une soirée arrosée, rencontre Thierry. Coup de foudre, mariage dans la foulée et naissance. Le salaire de Thierry peine à faire vivre le couple, Maryse rêve de devenir dactylo, mais le jour de l’examen, les pleurs de son bébé la contraigne à quitter la salle. Adieu activité sereine, place à la précarité avec les petits boulots, femme de ménage puis vendeuse sur les marchés. Une existence sacrifiée sur l’autel du bien-être et de la réussite de sa progéniture.
Une voix aux invisibles
Le mérite de cette pièce est de donner une voix aux invisibles, à celles et ceux qui luttent pour survivre et n’ont pas le temps de l’affection. Qu’est-ce qui fait que, dans cette famille, on ne sait pas aimer ni être aimé ? Durant cette veillée funèbre, les enfants dressent le portrait de Maryse, une jeune fille devenue mère trop tôt, contrainte d’abandonner ses rêves de dactylo avant d’être quittée. Une femme comme tant d’autres, une mère courage dévorée par un quotidien sans répits. Le mérite de cette pièce est de briser le silence, de donner une voix à ces invisibles, à ces fourmis du quotidien qui n’ont pas le loisir de vivre comme des cigales.
Joël BARCY
« Dans le silence des paumes» au Théâtre du Train bleu- Maif à 12 heures jusqu’au 24 juillet.
