Imaginez qu’un jour vous êtes choisi en tant qu’acteur pour jouer dans une superproduction chinoise aux côtés de Mike Tyson et Steven Seagal…Vous rêvez alors que votre carrière qui n’a pas commencé en vérité va enfin décoller. C’est ce que pense en tout cas Clovis qui en a assez de travailler avec son père aux puces de Montreuil. Lui qui s’imagine avoir un autre destin, celui de devenir une vedette de cinéma, la providence semble frapper à sa porte.
Six mois de tournage sont prévus, et ce film a gros budget paraît devoir être un succès mondial. Oui, mais voilà… rien ne se passera comme prévu, et ce sera même un chemin de croix que cette aventure loin de chez lui. Clovis qui a dix-huit ans, errait dans les couloirs de l’ANPE quand un directeur de casting lui proposa de passer un essai pour la publicité d’une sauce kebab, se voyait déjà en haut de l’affiche. Et pour son plus grand malheur mais pour une crise de rire ininterrompu qui s’empare du spectateur on est très heureux d’assister à ses galères successives.
Mise en scène de Robin Goupil
De Robin Goupil le metteur en scène, qui est aussi auteur de « The loop » donné aux Béliers dans le cadre du Off (c’est comble tous les jours à 15h20) on connaît le sens du burlesque élevé au rang d’oeuvre d’art. En accompagnant l’acteur Clovis Fouin sur «Chinawood » il s’impose une fois encore comme un artiste exigeant à l’imagination sans limites. Et le comédien qui est aussi l’auteur du texte.. me direz-vous ? Clovis Fouin aux palettes de jeu impressionnantes -on l’a vu au Ranelagh dans « L’adieu à la scène » de Jacques Forgeas- il est impayable. Ce qui d’ailleurs correspond parfaitement à son personnage qui ne sera guère rémunéré pour ce qui deviendra un des grands fiascos cinématographiques du siècle.
Recommandé par son agent au metteur en scène chinois Tan Bing pour jouer le rôle du méchant américain malgré un accent frenchy dans ce film qui traite en filigrane de l’implication de la Chine en Afrique, le Clovis du long métrage se dit qu’il pourra au passage devenir pote avec Mike Tyson et Steven Seagal. Au menu conduire un énorme engin dans le désert de Gobi en flinguant tout ce qui bouge, ça a de la gueule non ? Là aussi Clovis va déchanter surtout qu’on lui refuse sur le tournage à peu près tout ce qu’il demande, et qu’il doit choisir entre l’accès de la salle de gym de son hôtel et le petit déjeuner. Les tribulations de Clovis en Chine demeureront dantesques. D’une mimique, d’un geste, d’une parole Clovis Fouin qui incarne tous les personnages alors qu’on voit défiler sur un écran des images de film avec Steven Seagal emporte tout sur son passage. Et comme de plus il écrit très Monthty Pyton on en redemande….
Jean-Rémi BARLAND
« Chinawood » au Train Bleu Bleu – 40 rue Paul Saïn, 84 000 Avignon, jusqu’au 26 juillet à 12h20 les jours pairs. Réservations sur theatredutrainbleu.fr
