Paca: Castor, tortue, chouette, chauve-souris, outarde… C’est la Fête de la nature du 18 au 22 mai

Publié le 18 mai 2016 à  23h19 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h16

La Fête de la nature prend tout son sens en région Paca, qui est la première région de France continentale en termes d’espèces et d’habitats. A cette occasion, l’Observatoire Régional de la Biodiversité fait le zoom sur 5 des espèces emblématiques en Paca: la tortue d’Hermann, l’outarde canepetière, le castor d’Europe, le rhinolophe euryale et la chouette chevêche d’Athena.

Le Castor d’Europe

Castor sur berge (Photo Sylvain Richier)
Castor sur berge (Photo Sylvain Richier)

Le Castor d’Europe appartient à la famille des Castoridés. C’est le plus gros rongeur d’Europe : son corps trapu mesure de 90 à 120 cm de long, queue comprise, pour un poids entre 12 et 35 kg. Il est essentiellement aquatique et se déplace assez difficilement sur terre, ne s’éloignant que rarement à plus de 30 mètres de l’eau.
Son régime alimentaire est exclusivement végétarien et très éclectique (écorces, jeunes pousses ligneuses, feuilles, végétation herbacée, fruits…). Parmi les essences ligneuses, les saules et les peupliers sont particulièrement recherchés. L’essentiel des coupes concerne des arbres et des branches de 2 à 8 cm de diamètre.
La cellule sociale de base est la famille, composée d’un couple adulte, des jeunes de l’année et de ceux de l’année précédente. Une famille occupe un territoire qui varie de 500 m à 3 km de cours d’eau, en fonction de la ressource alimentaire et de l’espace favorable disponibles. Le castor d’europe est inféodé au milieu aquatique. Il a la capacité de moduler la disponibilité en ressources pour lui et pour d’autres espèces et peut ainsi créer un nouvel écosystème ce qui s’accompagne d’une diversification des habitats et des espèces au sein des paysages. Tout dérangement, modification et/ou rupture de la continuité écologique des cours d’eau dus à des travaux d’aménagement ou d’entretien et même la présence d’espèces exotiques végétales comme la renouée du Japon a un impact négatif sur l’habitat du castor. Le suivi de l’aire de répartition du castor donne une image assez pertinente de l’état physique du réseau hydraulique d’un bassin versant.

Tendance d’évolution en région

Alors que le castor occupait quasiment toute l’Europe, ses populations et son aire de répartition ont fortement régressé dès le XIIe siècle du fait des destructions anthropiques pour sa fourrure, sa chair ou son castoréum notamment. Afin d’éviter sa disparition, il fut protégé dès 1909 dans les départements des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse et du Gard. Le castor a alors progressivement recolonisé le bassin rhodanien. À partir des années 1950, une vingtaine d’opérations de réintroduction a accompagné cette recolonisation naturelle. Toutes ces opérations ont été réalisées à partir d’individus issus de la souche rhodanienne. Elles se sont déroulées dans différents bassins versants français : la Loire, la Moselle, les affluents du Rhin, le Tarn et le bassin supérieur du Rhône. Aujourd’hui, le castor est présent dans ces grands bassins versants et son aire de répartition continue de progresser.
En France, il ne restait que quelques dizaines d’individus à la fin du XIXe siècle, uniquement localisés dans la basse vallée du Rhône, en Camargue.

Analyse de la tendance actuelle

La protection juridique et les opérations de réintroduction ont permis au castor d’étendre son aire de répartition qui continue de s’accroître à l’heure actuelle. Lorsque les habitats optimaux sont saturés au sein d’un bassin versant, le castor part en quête de nouveaux territoires. Ceci peut le conduire à coloniser un nouveau bassin ou à s’installer dans des habitats sub-optimaux qui ne répondent pas strictement à ses besoins écologiques. Son habileté à modifier son environnement pour l’adapter à ses besoins, notamment via la construction de barrages, lui confère une grande capacité d’adaptation. Les milieux colonisés sont alors divers et on retrouve le castor au cœur de grandes villes (Lyon, Grenoble, Orléans…), à proximité immédiate, voire au sein de sites industriels en activité (gravières, barrages hydroélectriques sur le Rhône, centrale nucléaire de Cruas…), en tête de bassin versant (bassin de l’Eyrieux, lac de Devesset à 1 075 m d’altitude…) ou encore au sein de systèmes hydrographiques et de milieux fortement anthropisés (populiculture avec fossés de drainage de la Chautagne…). La progression spatiale et l’extension de l’aire de répartition du castor sont donc difficilement prévisibles.

Suivi de l’espèce

L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) est chargé depuis 1987 par le ministère de l’environnement du suivi patrimonial du Castor d’Europe en France. Pour cela, l’Office anime et pilote un réseau de correspondants locaux de terrain, répartis dans l’ensemble des départements concernés par la présence du castor. Ces quelques 200 correspondants sont essentiellement des agents des services départementaux de l’ONCFS, mais également des agents de l’Office National de Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA), des Parcs nationaux, de Fédérations départementales des chasseurs ou de membre d’associations de protection de la nature.
Les principales missions du réseau sont :
-le suivi de l’aire de répartition de l’espèce, via la réalisation de prospections,
-la réalisation des constats de dommages causés par le castor (pour les agents de l’État). Dans ce cadre, les agents donnent des conseils techniques aux plaignants pour la mise en place de mesures de protection ou pour trouver des solutions de prévention. C’est par exemple le cas pour les barrages qui peuvent causer des inondations en milieu agricole ou sylvicole, voire urbain,
-un appui et une expertise technique dans le cadre de capture de castors en vue de sauvetage ou de projets de réintroduction.

La Chevêche d’Athéna

Chevêche sur cep ®Martin Steenhaut
Chevêche sur cep ®Martin Steenhaut

La Chevêche d’Athéna est un rapace nocturne de petite taille (plus petite qu’un pigeon domestique) appartenant à la famille des strigidés. Originaire des milieux steppiques du pourtour méditerranéen, cette espèce a su s’adapter à une grande diversité de paysages agricoles en Europe façonnés de longue date par la polyculture et l’élevage. En Provence, l’essentiel des effectifs (75 %) est concentré dans les plaines cultivées de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône. Elle se fait plus rare dans les autres départements de la région en raison des deux principaux facteurs limitant la répartition de cette espèce : la forêt et l’altitude.
L’habitat de la Chevêche se compose le plus souvent de prairies, de vergers et de vignobles. Pour nicher, l’espèce est également tributaire de la présence de cavités offertes par les vieux arbres (mûriers principalement) et le bâti (cabanons agricoles ou habitations). Ce rapace, sédentaire et fidèle à son territoire, a besoin d’avoir accès tout au long de l’année à une grande diversité de proies qu’il capture à l’affût et au sol (insectes, rongeurs, petits passereaux, reptiles).

La chevêche d’Athéna constitue donc un bon indicateur de la biodiversité des milieux agricoles. s’intéresser à cette espèce en cherchant à maintenir sa présence dans nos campagnes revient à défendre un cadre de vie sain et une agriculture respectueuse de l’environnement.

Tendance d’évolution en région

Il est difficile de déterminer avec fiabilité et d’une manière générale l’évolution des effectifs de Chevêche en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous savons néanmoins qu’elle a quasiment disparu de Camargue et que sa distribution a fortement régressé dans le Var. Dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, les densités ont très certainement diminué également. Un suivi standardisé des mâles chanteurs, réalisé depuis 2004 dans la Réserve de Biosphère Luberon Lure, montre toutefois une certaine stabilité, ce qui concorderait avec l’arrêt du déclin de cette espèce observé en France depuis ces dix dernières années. Les principaux bastions régionaux pour la Chevêche sont localisés dans le Luberon, le Comtat Venaissin et la plaine de Crau. La population régionale est estimée à 1500 mâles chanteurs.
La Chevêche a connu en France une baisse des populations de 50% entre les années 1960 et 2000

Analyse de la tendance actuelle

Les principales menaces qui pèsent sur la Chevêche en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont avant tout liées à la destruction ou à la dégradation de son habitat ; celles-ci peuvent avoir pour origine :
-L’extension de l’urbanisme au dépend des zones agricoles, notamment dans les Bouches-du-Rhône (Métropole d’Aix-Marseille), l’ouest du Vaucluse et le littoral varois. -Une intensification des pratiques agricoles ayant un impact direct sur la disponibilité alimentaire (arrachage de haies, mise en culture des prairies, usage des pesticides, désherbage mécanique systématique en culture pérenne).
-La disparition des cavités indispensables à la nidification de l’espèce, liée le plus souvent aux projets de rénovation du bâti – il faut souligner à ce titre l’enjeu majeur que constitue la préservation des cabanons agricoles pour cette espèce en Provence – ou encore la disparition (par arrachage ou absence de taille régulière) des vieux mûriers.
-L’augmentation du trafic routier dans les zones périurbaines occupées par l’espèce est également à l’origine d’une importante mortalité des oiseaux en dispersion et qui, couplée à l’extension de l’urbanisme, peut mener à un isolement progressif des populations. Ajoutons enfin que la Chevêche est très peu représentée au sein du réseau Natura 2000 en Provence (moins de 15 % des effectifs).

Suivi de l’espèce

L’espèce bénéficie d’un Plan National d’Actions (PNA). La Ligue pour la protection des oiseaux LPO Paca anime depuis 2004 un programme d’étude sur la Chevêche qui comprend :
-le recensement périodique des effectifs de mâles chanteurs dans le cadre d’enquêtes de science participative (« Observatoire inter-Parcs »),
-le suivi annuel du succès reproducteur de l’espèce et l’influence des pratiques agricoles sur celui-ci,
-un programme de baguage (technique de capture – marquage – recapture) pour mieux comprendre les mécanismes d’évolution des populations,
-un travail en partenariat avec la profession agricole pour encourager des pratiques favorables au maintien de la biodiversité (Mesures agroenvironnementales et climatiques), • l’information des propriétaires de cabanons agricoles et leur sensibilisation à la conservation de cette espèce (pose de nichoirs). Depuis 2010 ce programme est intégré dans le cadre d’un Plan régional d’actions, avec le soutien financier de la DREAL Paca, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil départemental de Vaucluse. Il est mené en partenariat technique avec l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie

L’Outarde canepetière

L’Outarde canepetière est un oiseau steppique de taille moyenne (environ 900 g), de la famille des Otididae. Sa silhouette est typique d’oiseaux marcheurs, et malgré sa taille elle passe facilement inaperçue au sol où elle excelle dans le camouflage au sein de la végétation. Cet oiseau reste très discret de par son comportement, hormis le mâle à l’époque des parades. Cet oiseau de plaine fréquente des terrains dégagés et ouverts : pelouses, prairies, pâturages, cultures herbacées. La femelle aménage son nid à même le sol parmi les touffes de végétation. Les poussins quittent le nid quelques heures après leur naissance. L’outarde est grégaire pendant la majeure partie de l’année, à l’exception de la saison nuptiale.
Le régime alimentaire de l’outarde repose à la fois sur les végétaux et les invertébrés.
L’Outarde canepetière est un très bon indicateur de L’état des milieux agricoLes et pastoraux en plaine, en raison de sa sensibilité aux pratiques agricoles et aux ressources alimentaires (invertébrés et végétaux).
Elle fait l’objet d’une attention particulière en France en raison du déclin marqué de ses populations depuis les années 1970. Les populations migratrices du Centre-Ouest de la France sont les plus touchées, avec un déclin ayant atteint 90 % en raison de l’intensification des plaines agricoles. Les populations méditerranéennes, sédentaires, ont été plus préservées grâce à la persistance de milieux agro-pastoraux extensifs.

Tendance d’évolution en région

Inconnue en Provence-Alpes-Côte d’Azur au début du XXe siècle, l’outarde s’y est développée à partir du milieu de ce siècle. La Plaine de la Crau, grâce à sa mosaïque d’habitats pastoraux et agricoles extensifs, est devenue le bastion de l’espèce en France dès la fin des années 1980. Les dispositifs réglementaires (réserve naturelle) et incitatifs (Natura 2000 et agri-environnement) ont permis de préserver les effectifs d’outardes et ses habitats. D’autres populations plus réduites sont disséminées à travers les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, et dans une moindre mesure le Var et les Alpes de Haute-Provence. En 2012, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur abritait environ 1 000 mâles chanteurs (les femelles ne sont pas comptabilisables), dont près de 800 en Crau. Les recensements hivernaux ont permis de comptabiliser 2 400 à 2 650 individus en 2012. Ces effectifs montrent une croissance de l’ordre de 30 % par rapport aux recensements de 2008.
La population d’outardes de Provence-Alpes-Côte d’Azur représente aujourd’hui 40 % de l’effectif national

Analyse de la tendance actuelle

Les mesures de conservation en Provence-Alpes-Côte d’Azur, couplées à la très bonne dynamique de l’espèce dans les plaines viticoles du Languedoc, permettent d’expliquer le bon état de santé de la population provençale d’outardes. Malgré les signes positifs, les populations d’outardes en Provence-Alpes-Côte d’Azur restent menacées par le développement d’infra structures, l’extension de l’urbanisation dans une région où la population humaine s’accroît très rapidement. Ainsi en Crau, malgré le bon état de conservation de l’espèce, plus de 1 000 ha de surfaces favorables ont disparu entre 2008 et 2012 (- 7 %). Par ailleurs, il importe de mentionner que les outardes affectionnent particulièrement les pelouses des terrains d’aviation en Provence-Alpes-Côte d’Azur : 20 % des effectifs nicheurs et hivernants se concentrent sur 14 terrains d’aviation de la région. Si la cohabitation se passe bien sur la grande majorité des terrains, elle pose problème sur l’aéroport de Marseille-Provence où les risques de collision avec les aéronefs sont accrus. Les mesures de régulation prises sur ce site devront faire l’objet d’un suivi attentif quant à leur impact sur les effectifs régionaux.

Suivi de l’espèce

L’espèce bénéficie d’un Plan National d’Actions (PNA). Le CEN Provence-Alpes-Côte d’Azur est l’animateur du PNA en région. Il coordonne les inventaires hivernaux et nuptiaux réalisés tous les 4 ans dans le cadre de “l’Enquête nationale outarde”, auxquels participent de nombreux bénévoles et associations. Les prochains recensements ont lieu cette année.

Le Rhinolophe euryale

Comme toutes les chauves-souris, le Rhinolophe euryale est un mammifère appartenant à l’ordre des Chiroptères, très différent des rongeurs. Les chauves-souris sont des animaux nocturnes qui ont développé plusieurs adaptations spécifiques, telles que le sonar qui leur permet de “voir” leur environnement avec leurs oreilles (écholocation). Peu prolifiques, elles n’ont qu’un seul petit par an en période estivale. Les ressources alimentaires se faisant rares en hiver, elles entrent dans un sommeil profond (léthargie) et hibernent. Les chauves-souris sont essentiellement insectivores en France métropolitaine. Les proies princi pales de ce rhinolophe sont des petits papillons de nuit (30 mm d’envergure environ). Son vol très manœuvrable lui permet de chasser au milieu des arbres dans les forêts de feuillus, les boisements de bord de rive (ripisylves), les oliveraies, les fourrés et les haies. Il semble éviter les milieux ouverts et les forêts de résineux.
Espèce sud-européenne, le Rhinolophe euryale est très rare et localisé en Provence. Il se rencontre à basse et moyenne altitude (du niveau de la mer à 867 m d’altitude) dans les départements du Var, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes. Il est, pour l’instant, absent du Vaucluse et occasionnel dans les Bouches-du-Rhône et le sud des Hautes-Alpes. Plusieurs gîtes sont utilisés au cours de l’année. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, on connaît quatre colonies de reproduction majeures dans des réseaux de cavités naturelles et dans les combles d’une chapelle (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Var). En période d’hibernation, des individus sont mentionnés dans des bunkers (Alpes-Maritimes) et dans une grotte (Alpes-de-Haute-Provence). Comme toutes les chauves-souris de France métropolitaine, le Rhinolophe euryale est protégé à l’échelle nationale (arrêté ministériel du 23 avril 2007). Il est également inscrit sur les annexes II et IV de la Directive “Habitats-Faune-Flore” de 1992. Il est considéré comme quasi menacé au niveau mondial et national (listes rouges). Son statut est plus préoccupant au niveau européen et méditerranéen, où il est considéré comme vulnérable. C’est dans ce contexte que la population de Provence-Alpes-Côte d’azur, probablement de l’ordre de quelques Centaines d’individus, a un rôle non négligeable à jouer dans la Conservation de Cette espèce sensible et dans sa reconquête en zone méditerranéenne.

Tendance d’évolution en région

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Rhinolophe euryale est certainement l’espèce qui a connu la plus forte régression, au point d’être aujourd’hui dans une situation très précaire. Il était pourtant particulièrement répandu dans toutes les grottes chaudes de la région aux XIXe et XXe siècles. 70 % de sites sont perdus ou détruits dans les Bouches-du-Rhône et le Var. Son aire de répartition a diminué de 80 % en 50 ans.
À noter que cette évolution est synchrone avec la tendance nationale. Entre 1995 et 2015, il n’a plus été observé que dans la moitié des gîtes régionaux historiques (soit 14 en tout). Surtout, depuis 1995, aucune augmentation de ses effectifs ou de son aire de répartition n’a été notée. Au contraire, les données se font plus rares et concernent souvent des individus isolés ou en petit groupe. Une tendance à l’accroissement des effectifs est observée depuis peu dans certaines régions françaises mais pas en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la situation est stable, voire en légère dégradation
La destruction ou la détérioration de bon nombre de cavités a conduit à une baisse alarmante de ses effectifs entre 1940 et 1980

Analyse de la tendance actuelle

Les causes de la régression sont multiples :
-dérangement dans les gîtes souterrains (causé par la fréquentation humaine) auquel le Rhinolophe euryale est très sensible,
-disparition des corridors de déplacement, c’est-à-dire des linéaires de végétation (haies, allées d’arbres, bordures de cours d’eau) indispensables pour guider les animaux du gîte vers les terrains de chasse et pour chasser,
-fragmentation et perte des habitats de chasse (par les éclairages urbains “polluants”, les voies de circulation ou les projets industriels de fortes emprises comme le photovoltaïque) ce qui complique ou empêche l’accès aux ressources alimentaires, -collisions routières,
-pesticides, dont l’utilisation provoque la raréfaction des proies ainsi qu’un empoisonnement par accumulation dans l’organisme de ce rhinolophe situé en bout de chaîne alimentaire.
Des actions de conservation ont déjà été engagées en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Des gîtes majeurs régionaux ont été protégés dans la Siagne (Var, Alpes-Maritimes) et les gorges de Châteaudouble (Alpes de Haute-Provence), soit réglementairement par arrêtés préfectoraux de protection de biotope (APPB), soit physiquement par la mise en place de grilles empêchant l’accès et le dérangement par les touristes, soit les deux.
Malgré cela, les menaces persistent et s’aggravent localement avec le développement non maîtrisé des activités et sports de pleine nature à destination d’une population urbaine en forte demande. C’est pourquoi, coincé entre un littoral fortement dégradé et la chaîne alpine qui ne lui est pas favorable, l’espèce ne présente pas de bonnes perspectives de conservation en région.
Des mesures appropriées et ciblées pourraient toutefois lui être profitables :
-conserver et gérer durablement l’ensemble des gîtes de l’espèce par APPB, réserves et/ou protection physique,
-préserver les milieux de chasse (particulièrement les forêts de feuillus âgées), les ripisylves et les corridors de déplacement à proximité des gîtes,
-améliorer les connaissances sur l’écologie de l’espèce grâce à des prospections spécifiques (de telles recherches ont, par exemple, permis de découvrir 50 individus en reproduction en vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes),
-coordonner les politiques des ministères de l’agriculture, de la gestion forestière et de l’environnement susceptibles d’influer sur la conservation du Rhinolophe euryale, et les intégrer dans l’élaboration des schémas d’aménagement tel que le SRCE et les PLU, -intervenir auprès du grand public et des groupes d’intérêts professionnels dont les activités peuvent affecter le Rhinolophe euryale pour les sensibiliser et les former à sa conservation.

Suivi de l’espèce

Tous les gîtes prioritaires à Chiroptères sont suivis dans le cadre du Plan régional d’actions en faveur des Chiroptères piloté par le Groupe Chiroptères de Provence. Ces suivis impliquent une dizaine de structures partenaires. Les gîtes sont visités annuellement, si possible à chaque saison. Les gîtes à Rhinolophes euryale sont contrôlés par le GCP, le CEN Paca et le Parc national du Mercantour.

La tortue d’Hermann

Seule tortue terrestre française, la tortue d’Hermann fait partie de la famille des Testudinidés (tortues terrestres). Elle occupe la quasi-totalité des formations végétales du biome méditerranéen, depuis le bord de mer jusqu’à 600-700 mètres d’altitude dans le Massif des Maures. En Provence, sa distribution actuelle coïncide avec celle du Chêne-liège sur terrains cristallins et du Chêne vert sur terrain calcaire, traduisant des conditions climatiques très clémentes. Elle occupe des paysages en mosaïque faisant alterner des cultures (vignes, oliveraies, châtaigneraies), des friches et des bois clairs. Elle fréquente des milieux naturels divers traversés par des cours d’eau temporaires ou permanents : pinèdes claires de Pin mésogéen et de Pin parasol, bois de chênes, maquis hauts peu denses et maquis bas clairsemés. Elle fréquente assidûment les lisières et les diverses interfaces entre milieux ; elle évite les zones marécageuses, les forêts denses, les exploitations agricoles et les collines rocailleuses dépourvues de végétation.
Animal à sang froid, elle passe l’hiver dissimulée sous des herbes sèches, des feuilles mortes au pied d’un buisson et devient active du printemps jusqu’à la fin de l’automne.
Principalement herbivore, elle consomme les plan tes annuelles ou vivaces qui lui sont accessibles ainsi que les fruits tombés à terre. Le niveau de menace de la tortue d’Hermann et sa répartition confinée à une partie du Var (en plus de La Corse) en font une espèce emblématique de La région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
C’est une espèce parapluie qui occupe des milieux à très forte biodiversité.
Sa protection permet la protection d’autres espèces en raison de l’étendue de son habitat et de ses exigences écologiques.

Tendance d’évolution en région

La tortue d’Hermann est présente à l’ouest de la plaine du Pô : péninsule italienne, Sicile, Sardaigne, Corse, Baléares, Massif des Albères et en Provence. Les tendances d’évolution pour cette espèce sont difficiles à évaluer. Elles nécessitent des suivis sur plusieurs décennies avec des moyens humains importants. Quelques sites en bénéficient et montrent en général une régression au fil du temps. Dans le Var, la tendance est au déclin. Cette régression est particulièrement importante sur le littoral où plusieurs populations connues dans les années 80 ont aujourd’hui disparu.
Néanmoins, d’importants noyaux de populations sont présents notamment en Plaine des Maures où des efforts sont déployés pour assurer sa conservation
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, sa répartition se limite au département du Var et à la Plaine des Maures en particulier

Analyse de la tendance actuelle

Les menaces contribuant au déclin de l’espèce sont principalement liées aux activités humai nes et aux changements de pratiques. Ce sont :
-les pertes irréversibles d’habitats,
-les incendies de forêts, l la dégradation de la qualité des habitats,
-les pratiques agricoles et forestières défavorables,
-la fragmentation des populations,
-la prédation par les chiens et les sangliers et les prélèvements d’individus,
-l’introduction d’animaux étrangers aux populations naturelles (risques sanitaires et génétiques).
Ces menaces multiples et convergentes expliquent la tendance à la baisse.

Suivi de l’espèce

L’espèce a fait l’objet d’un Plan National d’Actions (PNA) de 2009 à 2014, d’un financement FEDER en 2008-2009 et a bénéficié d’un programme LIFE de 2010 à 2014. Ces dispositifs ont permis la mise en place de nombreuses actions de gestion. La Plaine des Maures, bastion de l’espèce, fait l’objet d’une attention particulière.
Les suivis démographiques de l’espèce permettent de comprendre les mécanismes de l’évolution des populations de tortue d’Hermann. Ils reposent sur la méthode de Capture-Marquage-Recapture. Le suivi spatial et comportemental par télémétrie permet de connaître précisément, les déplacements et les rythmes d’activités des individus. Il fournit des éléments de compréhension de l’utilisation de l’habitat et de ses ressources par l’espèce.
Plusieurs structures contribuent à ces suivis : CEN Paca, EPHE, SOPTOM, Réserve nationale de la Plaine des Maures. Des données ponctuelles sont parfois fournies par les particuliers, les bureaux d’études et les forestiers.

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