Primaires citoyennes à Marseille: Patrick Mennucci joue la carte de la transparence

Publié le 21 mai 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h41

Patrick Mennucci, candidat aux primaires citoyennes organisées par le PS à Marseille, a débattu ce vendredi soir au Club Pernod sur le thème « Gouvernance et transparence à Marseille : faut-il changer les règles ? », en présence de Laurence Vichniewsky (EELV), conseillère régionale PACA, Hubert Huertas, chef du service politique de France Culture, Alain Lhote, avocat au barreau de Marseille, et Jean-Claude Roger, président de l’association Anticor. L’occasion pour le député-maire du 1er secteur de détailler ses propositions visant à « mettre fin au clientélisme ».

Patrick Mennucci, candidat aux primaires citoyennes, a tenu à consacrer son premier débat citoyen au thème
Patrick Mennucci, candidat aux primaires citoyennes, a tenu à consacrer son premier débat citoyen au thème
Annick Boët, mandataire départemental du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, juge que cet engagement de
Annick Boët, mandataire départemental du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, juge que cet engagement de
Patrick Mennucci s'engage à être
Patrick Mennucci s’engage à être
La conseillère régionale écologiste Laurence Vichniewsky a indiqué que
La conseillère régionale écologiste Laurence Vichniewsky a indiqué que
Jean-Claude Roger, président de l'association de lutte contre la corruption Anticor, estime que le clientélisme
Jean-Claude Roger, président de l’association de lutte contre la corruption Anticor, estime que le clientélisme
Maître Alain Lhote, avocat au barreau de Marseille, est exaspéré par
Maître Alain Lhote, avocat au barreau de Marseille, est exaspéré par
Hubert Huertas, chef du service politique de France Culture, longtemps en poste à Marseille, observe que
Hubert Huertas, chef du service politique de France Culture, longtemps en poste à Marseille, observe que

Le choix pourrait surprendre mais Patrick Mennucci (PS) l’assume totalement : c’est sur le thème « Gouvernance et transparence à Marseille : faut-il changer les règles ? » que le candidat à la mairie de Marseille – et donc dans un premier temps aux primaires citoyennes organisées par le PS les 13 et 20 octobre prochains – a souhaité tenir son premier débat citoyen de campagne ce vendredi 17 mai au Club Pernod, au bas de la Canebière dans le 1er arrondissement de Marseille. Car comme l’explique un de ses soutiens Annick Boët, mandataire départemental du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, même si Marseille est « une ville en difficulté économique », il s’agit « pour nous de deux thèmes essentiels au cœur des primaires et des élections municipales ». « Marseille est au cœur d’un système clientéliste. La Ville doit se débarrasser de ces usages municipaux qui la plombent et empêchent d’autres réalisations », résume celle qui était chargée d’animer le débat. Et de souligner que dans la cité phocéenne, « tout se termine par la phrase : « Tu connais quelqu’un à la mairie ? » ». « Cette phrase, on ne veut plus l’entendre. Pour les places en crèche et les demandes de logement, il faut une liste d’attente, pour les emplois municipaux, des examens, pour les permis de construire, une commission transparente », détaille-t-elle.
La conseillère municipale ne manque d’ailleurs pas de relever que changer ainsi les règles serait d’une certaine manière « facile ». « C’est une des seules orientations politiques qui ne coûtera rien : elle demande du courage politique et de la détermination », observe-t-elle. Avant d’insister : « Il faut mettre en place une gouvernance qui rende leur dignité aux Marseillais et mette fin aux passe-droits ». Or, Annick Boët confie que cet engagement, « dans les candidats aux primaires socialistes, je pense que Patrick Mennucci sera le seul qui l’aura réellement ».
Il faut dire qu’à la lumière de son expérience de maire du 1er secteur de Marseille depuis 5 ans, Patrick Mennucci s’est forgé une certitude : « Sans un changement radical des règles, on ne changera pas le quotidien des Marseillais ». Et le député-maire de citer notamment « les grèves des poubelles » ou « l’affaire Ghetta qui relève des mêmes façons de fonctionner », autant d’épisodes qui génèrent « des problèmes d’image » et créent « des difficultés aux Marseillais dans leur vie quotidienne ». « Durant la campagne des municipales, on vous promettra une ville propre en 6 mois, la sécurité en 12, la relance de l’emploi en 18. Toutes ces promesses ne pourront pas voir le début d’une réalisation si on ne change pas les règles. Il faut en finir avec le clientélisme », assène-t-il. Et de noter que ce dernier pèse « encore plus » quand, comme à Marseille, « il y a peu de choses à se partager ». « Que ce soit en matière de place en crèche, de logement, d’emploi, tout est question de réseau. Cela doit cesser », insiste-t-il.

« Remettre en cause la cogestion exclusive qu’a instaurée Jean-Claude Gaudin avec le syndicat FO »

Pour y parvenir, la première proposition du député-maitre du 1er secteur consiste à créer « une commission municipale centralisée de l’attribution des places en crèche ». « Les critères d’attribution, il n’y a pas besoin de les inventer. Il suffit d’aller à quelques km et de regarder chez nos voisins pour qu’ils s’appliquent. On pourra avoir un numéro d’ordre pour savoir à quel moment on aura sa place », indique-t-il. Patrick Mennuci plaide aussi pour la création d’« une commission unique d’attribution des logements sociaux » à Marseille regroupant l’ensemble des offices HLM. « On ne peut pas obliger les HLM, ce n’est pas une loi, mais on peut le proposer. Et je crois à l’influence du maire de Marseille », souligne-t-il.
Il appelle également à « remettre en cause la cogestion exclusive qu’a instaurée Jean-Claude Gaudin avec le syndicat FO ». « Je ne remets pas en cause les agents municipaux, ni FO au plan national. Mais comment assurer un service public de qualité quand le délégué syndical se substitue au chef de service, quand on assure le poste de directeur général des services ? », interroge-t-il à haute voix. Le député-maire du 1er secteur estime ainsi qu’il faut « replacer la qualité de service public au cœur du dialogue social » qui ne doit plus s’appuyer sur « des intérêts particuliers ». Dans cette optique, Patrick Mennucci organisera, s’il est élu maire de Marseille, « une grande conférence avec les syndicats, y compris ceux que l’on ne reçoit jamais depuis 18 ans ». Et de poursuivre en observant que la cogestion a conduit, selon lui, à « une grande acceptation de la privatisation des services municipaux ». « Un des rôles des syndicats est de défendre le service public. Mais quand on échange sa façon de regarder la municipalité contre des embauches ou des logements, on ne peut plus défendre le service public », assène-t-il.
En contrepartie de ces efforts demandés aux salariés, Patrick Mennucci ne manquera d’en réclamer aux élus. A commencer par lui-même puisqu’il s’engage à être « un maire à plein temps, entre le lundi et le samedi, ne cumulant pas d’autres mandats », ce qui l’amènera à renoncer à son mandat de député. Un passage obligé selon lui car « on ne peut pas diriger cette ville en y passant pas plus de deux jours et demi par semaine ». Il souhaite aussi « ne pas cumuler les mandats dans le temps ». « Deux mandats suffisent pour avoir du temps et assurer le renouvellement des générations », estime-t-il.
Patrick Mennucci est également favorable à une réduction du nombre d’adjoints au maire, d’autant que certaines compétences ont été transférées à la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM). Il souhaite aussi que, de la même manière que le maire, les adjoints n’assument qu’un seul mandat électif. Il prône encore « une diminution de 30% des indemnités des élus au conseil municipal » et « la suppression des voitures avec chauffeur » via la création « d’un pouls de voitures comme ça existe à la Région et au conseil général ». « 40 élus ont une voiture avec chauffeur à la mairie. C’est délirant vu les problèmes financiers de la Ville », dénonce-t-il.

« Je ne vois pas en quoi le fait d’être favorable à l’amnistie syndicale affaiblisse l’action du maire »

Le député-maire du 1er secteur plaide aussi pour « la mise en œuvre de la loi Vaillant » qui prévoit la création de conseils de quartier. « Marseille est la seule ville de France où la loi n’est pas appliquée, déplore-t-il. Ce n’est pas une attaque contre les Comités d’intérêt de quartier (CIQ), qui ont toute leur place dans ces conseils de quartier, mais il est important d’appliquer la loi. » Enfin, il compte « décentraliser la propreté aux mairies de secteur ». Et de conclure : « Changer les règles est un acte fondamental, qui demande expertise, connaissance du territoire et une farouche volonté ».
Appelée à débattre avec le candidat aux primaires citoyennes, la conseillère régionale Laurence Vichniewsky (EELV/Partit Occitan), magistrat qui a « beaucoup travaillé sur les interférences entre politiques et affaires » et qui, en tant qu’élue, a « beaucoup de mal à faire passer certains principes », a jugé que « les idées de Patrick Mennucci ne sont pas très éloignées des miennes ». « Je ne le savais pas aussi précis sur la cogestion », observe-t-elle. Ce qui ne l’empêche pas de relever ce qui constitue, à ses yeux, une contradiction dans le discours du député-maire du 1er secteur. « Soutenir l’amnistie syndicale dans ces conditions n’est pas un bon signe. L’amnistie a des effets dévastateurs. La fin de l’amnistie présidentielle a eu des effets bénéfiques. L’amnistie est un signe de fragilité envoyé aux syndicats alors que le maire de Marseille aura à gérer une situation particulière en mettant fin à des pratiques touchant l’intérêt général et servant des intérêts on ne peut plus particuliers », tranche l’élue écologiste. Laurence Vichniewsky estime qu’il s’agit aussi d’« un mauvais signe envoyé aux entreprises sur lesquelles on compte pour relancer l’économie » tout en soulignant que « pour chercher à limiter au maximum les effets du clientélisme, il ne faut pas couper des têtes, indépendamment des règles, car tout n’est pas pénalisable ».
Patrick Mennucci réfute toute contradiction dans ses prises de position. « Je ne vois pas en quoi le fait d’être favorable à l’amnistie syndicale affaiblisse l’action du maire. Il n’y a rien de délictueux dans ce qui est fait : c’est un système. Il n’y a rien à amnistier dans la cogestion, il faut simplement la corriger », souligne-t-il.
La conseillère régionale écologiste pense par ailleurs qu’« on entendra toujours cette phrase » – « Tu connais quelqu’un à la mairie ? » – car de tels comportements sont ancrés dans les mœurs. « La clientèle existait dans la démocratie grecque », rappelle-t-elle. Pour ce qui des commissions chargées d’attribuer les places en crèches, les logements, les subventions ou les emplois municipaux, elle souhaite qu’elles soient « le plus pluralistes possible » en plaidant pour « la présence d’un ou deux citoyens tirés au sort » car « cela permettrait de limiter les connivences entre partis ». Elle loue aussi le vœu de Patrick Mennucci de donner à un élu de l’opposition la présidence de la commission d’attribution des marchés publics. « C’est une idée qui n’est pas nouvelle puisque l’assemblée nationale le fait, et je regrette que ce ne soit pas le cas à la Région. Mais ce serait je crois une bonne mesure », précise-t-elle.

La publication du patrimoine, « ce n’est pas du voyeurisme »

En matière d’emploi, elle juge qu’« il faut préserver la voie d’accès à la Fonction publique territoriale par le concours ». Lorsqu’une personne dans le public ne manquera pas de faire observer que la réussite au concours ne garantit pas un poste – la personne reçue est ensuite obligée de postuler auprès de différentes collectivités locales – Patrick Mennucci soulignera que « le changement de la loi relève du gouvernement ». Ce qui ne l’empêchera pas d’apporter quelques précisions. « Pour les niveaux A et B, je suis favorable à ce que pour tous les postes, le recrutement se fasse par concours si on va chercher les personnes à l’extérieur. A l’intérieur, il peut y avoir la promotion de personnes qui ont progressé. A la mairie de Marseille, des cadres sont dans les placards. Y compris pour une raison financière, il faudra vider les placards pour les remettre au travail », explique-t-il. Quant au niveau C de la Fonction publique territoriale, il rappelle qu’il n’y a qu’« un seul concours qui existe pour le 4e niveau ». « Pour les trois autres, on ne peut pas empêcher les gens peu formés de devenir ripper ou balayeur, mais il faut un examen pour qu’on vérifie que la personne est en bonne santé et correspond à des critères que la municipalité a décidés. Cet examen, qui n’est pas un concours, permettra de vérifier à qui on a affaire », argumente-t-il.
S’il n’est pas du ressort du maire d’interférer sur les mesures de contrôle classiques confiées à la Chambre régionale des Comptes et au préfet, Laurence Vichniewsky prône en revanche « le recours à des audits externes sur le fonctionnement des services pour vérifier que l’argent public serait bien utilisé ». Quant au non-cumul des mandats, il s’agit pour elle d’« une évidence ». « Comment faire autrement avec une municipalité de cette taille ? Je ne vois pas comment on peut être en même temps sénateur et maire : c’est inimaginable », estime-t-elle en jugeant en outre que « quand on est élu maire de Marseille et sénateur, on est structurellement en conflit d’intérêt ».
La magistrate relève enfin que « les affaires de corruption, les prises illégales d’intérêt ont montré à nos concitoyens que notre République n’était ni exemplaire, ni irréprochable ». « Il n’est pas courant qu’un Département soit géré par un président mis en examen », déplore-t-elle. Et de se déclarer favorable à « la publication du patrimoine » des élus. « Ce n’est pas du voyeurisme. Il s’agit de vérifier que l’élu n’a pas profité de ses fonctions pour s’enrichir indument », argue-t-elle. Elle relève que depuis 1988, tous les élus nationaux et locaux ont obligation de transmettre, dans les deux mois suivant leur élection, une déclaration de patrimoine auprès d’une Commission pour la transparence financière de la vie politique. « Elle a adressé depuis 22 dénonciations au procureur de la République. Il faut donner des moyens à la commission », estime Laurence Vichniewsky. Avant d’insister sur le fait que « quelles que soient les mesures que nous mettrons en place, rien ne remplacera ce que chacun s’imposera à lui-même ».
« 70 à 80% des Français pensent que les élus sont corrompus »
Jean-Claude Roger, président de l’association de lutte contre la corruption Anticor, insiste sur « les défiances des citoyens » vis-à-vis de la politique. « La courbe est alarmante. 70 à 80% des Français pensent que les élus sont corrompus. C’est dramatique. Ce qui signifie que quand on s’adresse à la population, il n’y a qu’une part très faible qui est attentive à ce qui est dit », s’alarme-t-il. Il ne manque toutefois pas d’observer qu’en tant que président d’une association qui « va au-devant des citoyens », c’est la première fois qu’il prend part à un débat : « C’est une page qui se tourne ».
Constituée partie civile dans l’affaire Guérini, l’association souligne que le clientélisme est « catastrophique » en matière d’emploi. « Cela désorganise les structures. La personne imagine que le pouvoir est dans les mains de celle qui l’a fait entrer dans la structure. La hiérarchie perd de son pouvoir. On a des personnes surqualifiées, d’autres sous-qualifiées : cela crée des problèmes avec la hiérarchie. Dans tous les cas, le système produit des dysfonctionnements », observe Jean-Claude Roger. Il relève aussi que le clientélisme n’avantage que les « gens qui votent ». « Les étrangers ne votent pas, donc ils n’intéressent pas. Cela crée des discriminations. C’est un système à bannir », dénonce-t-il.
Il met aussi l’accent sur l’ampleur du fléau de l’évasion fiscale. « Un fonctionnaire de Bercy disait que les pertes pour l’Etat se chiffraient à 80 Mds€, pour des experts d’ONG, c’est le double. Si la vérité est entre les deux, cela fait 5 points de PIB : c’est gravissime, c’est un trou béant dans les caisses de l’Etat », note le président de l’association Anticor. Des pratiques qui mettent en péril l’économie française, comme dans le cas de l’usine Fralib de Gémenos où il y a « une structure de production qui réalise ici et une qui facture à Schaffhouse en Suisse ». « C’est une pratique qui s’est généralisée. Il est plus facile de se battre sur le terrain de la loi contre ces pratiques qui détruisent l’emploi », estime-t-il.
Jean-Claude Roger note aussi que « l’évasion fiscale assèche les ressources de l’Etat et entraîne une pression des marchés sur ces Etats ». « Il y a des pans entiers de la corruption qui sont à corriger. Il faut compter sur les élus, la justice, les associations et les citoyens car si vous ne réagissez pas, ça ne changera pas », conclut-il.
L’avocat au barreau de Marseille Alain Lhote rappelle que ce débat est « un débat ancien de la politique » via la lecture d’une vieille citation du 6 septembre 1794, l’an II de la République, qui stipule : « Tout fonctionnaire public sera tenu de rendre compte de sa fortune acquise depuis la Révolution, comme tous ceux qui auraient eu à manipuler l’argent public. Tous ceux qui ne pourront pas justifier de l’évolution de leur fortune de manière licite en seront privés. » Posant ouvertement la question « peut-on faire de la politique sans tricher ? », il y répond en soulignant que ce qui l’exaspère c’est « la banalisation de la délinquance en politique ». « L’élu doit être irréprochable. Il faut que la probité lui serve de guide », prône-t-il. Et l’avocat d’observer que le non-cumul des mandats et la limitation des mandats exécutifs dans le temps constituera « une grosse difficulté pour que ce discours rentre dans les mœurs ».

« L’instauration d’un droit d’alerte pour les personnels municipaux »

Alain Lhote ne manque pas également de relever que l’implication d’un élu dans la vie publique se fait « souvent au détriment de sa vie professionnelle ». Ainsi plaide-t-il « pour un véritable statut de l’élu quand il aura fini de servir son pays, de faire de la politique, quand il aura cessé de faire de la politique ». Il invite aussi à « lutter contre les conflits d’intérêt » et à « favoriser les transparence des élus ». Il souhaite donc que ces derniers « s’engagent à mentionner dans leur déclaration de candidature leurs liens avec des groupes privés et associations ».
Il estime également qu’« il faut réserver une place à l’opposition » et voit d’un bon œil que la présidence de la commission d’appels d’offres « soit confiée à l’opposition » qui serait « présente dans toutes les commissions ». Il plaide encore pour « l’instauration d’un droit d’alerte pour les personnels municipaux » afin de « préserver l’éthique des marchés publics ». Et Alain Lhote d’insister à l’adresse du public : « C’est votre débat. Si le citoyen n’est pas décidé à contrôler les comptes de la collectivité, ce débat est vain. Il faut que le citoyen soit acteur de la vie politique. »
Ancien rédacteur en chef de France Bleu Provence à Marseille, aujourd’hui chef du service politique de France Culture à Paris, Hubert Huertas a apporté son regard de journaliste sur cette épineuse question du clientélisme. Précisant qu’il n’était « en aucun cas ici en tant que soutien de Patrick Mennucci – tout autre candidat intéressé par la réflexion qu’on a ce soir, je reviens avec plaisir, d’autant que Marseille me manque – », le journaliste témoigne qu’arrivé en poste dans la cité phocéenne en 1993, il a vérifié que « cette ville était une ville de réseau, de clientélisme ». « C’est quelque chose d’intangible qui n’avance pas. En même temps, ce débat est inédit. Peut-être qu’en mettant les choses sur la place… », s’interroge-t-il.
Certes, il observe que « la transparence, c’est un problème dans tout le pays ». « Mais quand je mets Marseille sur le tapis, on me répond : « A Marseille, c’est normal ». Donc on considère que ce qui est anormal est normal ici », déplore-t-il. Hubert Huertas estime d’autre part que « dans les politiques, il y a un minimum qui trafique, mais un maximum a fermé les yeux ». Dans ces conditions, il juge que « la transparence est quelque chose de désagréable par lequel il faut passer car trop ont fermé les yeux ».
Comme selon lui, par rapport au plan national, « à Marseille, c’est la même chose puissance 10 », il mesure l’ampleur de la tâche du futur maire de Marseille. « Il faut déplacer les montagnes, mais les montagnes vont résister et il faudra beaucoup de courage pour y parvenir », prédit le chef du service politique de France Culture.
Serge PAYRAU

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