Il y a quelques jours, le Président de Provence-Rugby Denis Philipon et Philippe Saint-André, directeur du Rugby et manager terrain ont rencontré la presse avant une présentation des joueurs aux supporters qui étaient venus en nombre au stade Maurice-David. Interviews.

Denis Philipon : « Mauricio Reggiardo a marqué l’histoire du club »
Destimed : Qu’est-ce qui vous a poussé à engager Philippe Saint-André ?
Denis Philipon : les choses se sont faites avec beaucoup de naturel. Nous nous sommes rencontrés, Philippe et moi, il y a dix ans et nous sommes restés en contact depuis. Au fil des ans les liens se sont renforcés et son arrivée à Provence Rugby est comme une suite logique de nos relations. J’ai été séduit par ce qu’il propose et par la qualité de son management.
Quel regard portez vous sur les quatre ans et demi de management de Mauricio Reggiardo ?
On a vécu quatre ans et demi merveilleux avec Mauricio. Il est arrivé pour nous sauver, il l’a fait et a porté plus de 100 fois le maillot de manager ce qui est une première au club en 57 ans. Nous n’avons pas toujours été d’accord mais nous avons vécu cinq années de grande complicité. Avec lui nous nous sommes maintenus, le club a progressé et a pris une place en haut de la hiérarchie de la Pro D2. Mauricio a marqué l’histoire du club ! Il savait que Philippe arrivait en tant que directeur sportif ; en octobre dernier il a choisi de partir la tête haute en ne faisant pas l’année de trop. Aussi, dans un premier temps, Philippe prendra la casquette terrain puis sera ensuite appelé à prendre une dimension plus axée sur la fonction de directeur du rugby.
La montée en Top 14 c’est pour bientôt ?
Il y a quatorze ans, lorsque je suis arrivé à Provence Rugby, l’ambition était d’arriver au plus haut niveau. Cette ambition est toujours là ! Force est de constater que nous avons progressé, sur le plan sportif et en ce qui concerne la structuration du club. En recrutant une personnalité comme Philippe Saint-André nous affirmons notre volonté de poursuivre la marche en avant. Nous visons les premières places en Pro D2 et la montée en Top 14. A quelle échéance pour la montée ? Personne ne sait ; ça peut être cette année, ça aurait pu être l’année dernière ou celle d’avant… Nous ferons tout pour que ce soit cette année.
Entre un manager général et un directeur rugby, qu’est-ce qui change au niveau des prérogatives ?
Les années précédentes Mauricio avait en charge l’équipe première et me reportait, tout comme les autres responsables, notamment ceux de la formation. Avec l’arrivée de Philippe, c’est à lui que les autres responsables reporteront dans la mesure où il a la main sur l’équipe première, le recrutement, la formation.
Philippe Saint-André : « Apporter le plus de l’expérience au plus haut niveau »
Destimed: Vous travaillez pour le club depuis bientôt un an, quel est votre état d’esprit actuellement ?
Philippe Saint-André : Je suis heureux d’être ici. J’arrive avec énormément d’énergie, de passion mais aussi d’humilité. Je vais découvrir la Pro D2. Le passage de témoin avec Mauricio Reggiardo a été fait avec beaucoup d’intelligence nous étions en contact tout au long de la saison ; il y a eu de la transparence en permanence, Mauricio a pu bien travailler et moi aussi. Je le remercie car j’ai pu anticiper cette nouvelle saison pendant huit ou neuf mois grâce à cette transparenc
Qu’est-ce qui a guidé votre recrutement ?
La difficulté était de réaliser un recrutement sans savoir si le club évoluerait en Top 14 ou en Pro D2 la saison prochaine. J’ai tout fait pour recruter des personnalités qui connaissaient déjà les deux niveaux.
Quel est l’objectif cette saison et comment le tenir ?
L’objectif est de se qualifier et, bien entendu de terminer la phase régulière à l’une des deux premières places. La clé c’est d’être réguliers sur l’ensemble de la saison, de bien maîtriser son rugby, de mettre des process en place et de gérer le mieux possible pour avoir les meilleurs joueurs opérationnels pour les phases finales. Mauricio l’an dernier a compté jusqu’à 24 blessés en même temps et la force du club a été de rester invaincu à domicile dans ces conditions difficiles. Par rapport au Top 14 qui est un mangeur d’hommes, la Pro D2 se joue par blocs et il faut en tenir compte au niveau de la gestion de l’effectif.
Quel regard portez vous sur votre effectif ?
La profondeur du banc est importante et nous avons beaucoup recruté devant. On dit souvent les trois quarts dépensent l’argent mais c’est les avants qui le gagnent… Pour en dépenser, il faut avoir une bonne conquête et gagner des ballons. Nous avons un très bel effectif. Aujourd’hui 12 jeunes ont débuté l’entraînement avec nous.
Des prêts de joueurs du Top 14, comme celui de Paul Mallez en première ligne cette saison, sont-ils à développer ?
Les prêts d’équipes du Top 14 aux formations de Pro D2 ça marche jusqu’au jour où tu es en Top 14 et où il n’y a plus de prêt possible… Cette année nous avons trois joueurs en prêt, deux du Stade Toulousain, avec lequel nous entretenons d’excellentes relations, et un du Rugby Club Toulonnais. C’est sûr que la Pro D2 est un excellent terrain d’expression pour de jeunes joueurs qui n’ont pas le temps de jeu en Top 14. Mais notre objectif est de monter rapidement en Top 14 donc il faut maintenant former notre propre jeunesse dans cette optique.
L’indiscipline a parfois été préjudiciable la saison dernière, notamment à l’extérieur, travaillez-vous là-dessus?
J’ai fait bosser les analystes vidéo sur les pénalités reçues la saison dernière et on s’aperçoit que les fautes commencent à intervenir en nombre à partir de la 18e journée. Sans porter de jugement, je pense que les absences liées aux blessures ont pesé sur ces statistiques, les joueurs sur le terrain étant plus sollicités, fatigués et irritables. Nous allons travailler la-dessus dès la semaine prochaine.
Existe-t-il une méthode Saint-André dans la préparation ?
Nous avons la chance de bénéficier d’infrastructures exceptionnelles et nous avons mis en place une planification en deux groupes en ce qui concerne la musculation. Concernant la nutrition, 50% des repas vont être pris en commun donc gérés par le club; c’est important. Le très haut niveau c’est l’association de petits détails et l’efficacité à tous les niveaux. Je pense que je peux apporter des choses au club par mon expérience dans ces domaines.
Il n’y a toujours pas de psychologue au staff, est-ce une volonté délibérée ?
Pas du tout. Le psychologue c’est important et il y a des joueurs qui peuvent en avoir besoin. Mais je pense que c’est avant tout une démarche individuelle que le club peut et doit accompagner. S’attacher les services d’un psy à l’année est très contraignant et je suis persuadé que l’intervention au coup par coup en fonction des besoins est plus efficace. Mais je suis aussi persuadé de l’intérêt de l’accompagnement psychologique que j’ai été le premier, il ne faut l’oublier, à mettre en place en équipe de France.
L’avenir aujourd’hui, c’est quoi ?
Il nous faudra êtres prêts rapidement car nous n’avons que deux matchs de préparation -le 14 août à La Voulte face à Valence-Romans et le 21 août ici face à Béziers- avant le début du championnat à Angoulême le 29 août.
Propos recueillis par Michel EGEA