Renaud Muselier, Président de Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’animatrice Karine Le Marchand ont reçu à l’Hôtel de Région de Marseille des agriculteurs en difficulté, dans le cadre du dispositif « L’Amour est tout près».

Ce dispositif vise à mettre en relation directe des agriculteurs en difficulté avec des enseignes de la grande distribution, sans intermédiaire. Il s’agit ainsi de créer des débouchés concrets, valoriser le travail des producteurs et favoriser l’accès aux rayons pour les plus petits d’entre eux. Près de 40 agriculteurs de la région ont pu présenter leurs produits à cinq enseignes partenaires (Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U, Les Mousquetaires), «dans un format d’échanges directs et constructifs». La Chambre d’agriculture, la Mutualité Sociale Agricole et le Crédit Agricole étaient également mobilisés pour répondre aux besoins concrets des exploitants. «La Région Sud est la première collectivité à s’associer à cette initiative nationale».
« Tendre la main aux agriculteurs en difficulté »
Karine Le Marchand indique avoir, avec L’Amour est dans le pré, découvert le monde agricole et ses problèmes, tout particulièrement ceux des petits producteurs. Pour y faire face elle a eu l’idée de lancer «L’Amour est tout près». « Il s’agit de tendre la main aux agriculteurs en difficulté », explique-t-elle. Pour ce faire Karine Le Marchand a contacté toutes les grandes enseignes de distribution, souligne que seul Leclerc n’a pas répondu et précise que des discussions avaient lieu avec Lidl «mais elles ont été interrompues par un changement de direction». L’objectif avancé est «de permettre à des producteurs de vendre leur production au prix qu’il souhaite au sein d’enseignes partenaires, dans des magasins situés dans un périmètre de 100 kilomètres autour de leur exploitation. Ainsi, ils évitent les intermédiaires et ont la garantie d’être payés dans les 30 jours. Des actions seront aussi menées en période de surproduction saisonnière afin que les consommateurs viennent acheter ces produits. Et nous allons aussi travailler sur les filières d’avenir ».
Pour l’animatrice: «Cette région est non seulement la première à proposer cette rencontre mais elle permet aussi aux producteurs de s’appuyer sur le label “100% valeurs du Sud”». Renaud Muselier précise que : « le label a pour objectif de valoriser le travail de nos agriculteurs et de nos entreprises Agroalimentaire, la qualité de nos produits régionaux et ainsi concourir à une plus juste rémunération des producteurs. En adhérant au label “100% Valeurs du Sud”, vous vous engagerez pour une agriculture régionale, une alimentation respectueuses et raisonnables, qui placent la qualité et la reconnaissance du travail au premier plan.» Il rappelle : « Nous aidons l’agriculture, faisons des avances mais, en discutant avec Karine nous avons pris conscience qu’il y avait des agriculteurs en-dessous des radars que nous n’aidions pas et qui en avaient besoin. C’est ce que ce dispositif permet. »
« C’est aux consommateurs d’agir »
En effet, avec L’Amour est tout près, les exploitants qui remplissent les critères (production locale, certification que leur exploitation présente des difficultés financières, moins de deux salariés hors saisonniers, ne pas être engagés avec une plateforme de distribution) pourront bénéficier de ce dispositif et, ainsi, d’une visibilité accrue et de conditions commerciales justes, mais aussi échanger avec les consommateurs pour valoriser leur savoir-faire. « Maintenant, c’est aux consommateurs d’agir. Je ne parle pas des 20% les plus précaires pour qui chaque centime compte mais pour les 80% restant. Ils doivent mesurer que, pour quelques centimes de plus ils peuvent manger de bons produits et sauver des vies. Et ils ne doivent pas oublier que, pendant le Covid, on a vu le coût de produits être multiplié. Soutenir nos agriculteurs, notamment les petits, c’est soutenir la souveraineté alimentaire de la France. Si on l’oublie, à la prochaine crise, on pleurera. »
« une avancée énorme »
Pour Georgia Lambertin, la présidente de la Chambre d’Agriculture régionale : « Cette initiative est une première pierre à l’édifice. Car il est vrai que, dans le monde agricole, certains sont organisés d’autres pas. Et cette opération visant à permettre d’aller chercher les plus petits avec de grandes enseignes représente une avancée énorme. Et cette démarche vertueuse doit être prise en compte par les filières. Il faut maintenant accomplir une autre avancée en faisant travailler ensemble les producteurs et les transformateurs . Et, dans tous les cas, nous allons faire passer des messages aux agriculteurs pour leur dire que cette opération existe. »
Christine est maraîchère, elle est venue avec sa fille Laurie qui travaille aussi sur la petite exploitation familiale, à Châteaurenard : « Nous produisons des salades, des aubergines, des melons, des poivrons, des courgettes. Nous sommes venues avec curiosité et espoir. Nous avons pris un premier contact, l’accueil a été très bon. On va, dans un premier temps, vendre nos produits dans le commerce le plus proche de nous pour éviter les frais de transport. Et, si les résultats sont là, nous demanderons peut être de vendre plus loin. »
Bertrand Swiderski, Carrefour, est venu rencontrer les agriculteurs. Il explique : « Nous nous inscrivons dans la démarche globale du groupe qui est partenaire de l’Amour est tout près. Nous sommes venus avec un directeur de magasin et un responsable des achats régionaux. Nous rencontrons des producteurs et chaque rencontre est particulière. Certains ne veulent travailler que dans un magasin, d’autres trouver d’autres débouchés et nous les mettons en contact avec la centrale d’achat. Et nous sommes là pour apporter des réponses à chaque histoire. » Selon lui : « Grandes enseignes et petits producteurs appartiennent à deux mondes qui ne se rencontraient pas alors qu’ils en avaient envie. Et cette rencontre on doit la réussir d’autant que c’est ce que demandent les consommateurs. »
Une première rencontre qui en appelle d’autres.
Michel CAIRE