Région Sud : Renaud Muselier célèbre dix ans de droite à la tête de l’institution et défend son bilan et sa méthode

Dix ans après la victoire de la droite à la tête de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier a choisi de célébrer l’anniversaire en politique autant qu’en gestionnaire. Face à la presse, le président de Région a déroulé un long récit de cette décennie, mêlant rappel de ses combats, avalanche de chiffres et défense d’une méthode revendiquée comme sa marque de fabrique : sortir la Région du rôle de “tiroir-caisse” pour en faire un centre de décision, appuyé sur l’Europe et sur un “modèle d’addition” politique. En décembre, une cérémonie des « Trophées du Sud » viendra, en public cette fois, mettre en scène ce bilan.

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Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur © Joël Barcy

Du « tiroir-caisse » au « modèle d’addition »

« On avait dit à l’époque : ça va changer. C’était le premier slogan. Je pense que cela a quand même bien changé », sourit Renaud Muselier en replongeant dix ans en arrière. Il  rappelle qu’il a trouvé, en 2015, une Région perçue comme lointaine et éclatée, et il revendique d’abord un changement de logiciel : la fin d’une Région payeuse sans cap. « Nous ne sommes pas le tiroir-caisse des autres collectivités et de l’État. C’est nous qui fixons la stratégie que nous voulons pour cette région », martèle-t-il. Fin du saupoudrage, recentrage sur les compétences régionales, rappel de la hiérarchie institutionnelle : Europe, État, Régions, puis départements, métropoles et communes. Dans ce récit, certains territoires sont décrits comme de véritables « parias » d’hier, « trop loin de Marseille, trop éloignés politiquement », que la nouvelle majorité aurait choisi de réintégrer dans le jeu au nom d’une « justice territoriale » retrouvée. Mais pour cela, il a fallu, dit-il, remettre la machine à plat : Maisons de la Région, conventions des maires, numéro vert « Allô Région », reconstruction d’une administration qu’il présente aujourd’hui comme « l’une des meilleures de France ».

La méthode, résume-t-il, s’appuie sur deux piliers : la lisibilité : « Je crois qu’aujourd’hui la Région est beaucoup plus visible, lisible et structurée » ; une ligne politique assumée : un « modèle d’addition » qui réunit au sein d’un seul groupe régional 14 composantes, des écologistes “pro-croissance” à la droite classique, en passant par le centre et les sociodémocrates. « Qui fait tout ne fait rien. Faisons bien ce qu’on a à faire », résume Muselier, comme un mantra de ces dix années.

Chômage, Europe, trains, lycées : la décennie vue par les chiffres

Pour défendre son bilan, le président déroule ensuite une série de chiffres pour illustrer une Région devenue “Région des solutions”.

Sur le plan économique, il met en exergue  un taux de chômage “historiquement bas” à 7,8 % et un recours massif aux fonds européens. Là où la collectivité disposait de 300M€ au début de la période, il avance  5 milliards dans le premier temps puis une trajectoire à 10 milliards, dont 7,5 milliards déjà mobilisés, affirme-t-il, au profit de 20 700 associations, entreprises ou communes. En ce qui concerne les entreprises, il chiffre à 100 000 le nombre de structures aidées, soit « une sur cinq » dans la région. La collectivité indique par ailleurs être la seule en France à disposer d’une double certification anticorruption.

Sur le terrain du quotidien, Renaud Muselier rappelle:  le doublement du nombre de trains sur les lignes ouvertes à la concurrence, un abonnement jeunes à 7,50 euros, présenté comme le moins cher de France, 134 lycées rénovés et 6 nouveaux établissements construits, 124 maisons de santé ouvertes pour lutter contre les déserts médicaux, 227 produits agricoles labellisés « 100 % Valeurs du Sud », et la création d’une garde régionale (forêts, mer, lycées, transports) forte de 1 000 agents, pour « protéger un territoire où le tourisme n’a jamais été aussi florissant ».

« On a essayé d’être la région des solutions et des propositions », résume-t-il, en citant entre autres le  Covid  « masques, tests, aides aux entreprises ».

Gagner à Paris pour investir en Provence

Autre volet central de ce bilan : les “victoires nationales” au profit de la Région. Parmi elles, il  sigale le Contrat de plan État-Région signé en 2021 avec Jean Castex, présenté comme « le meilleur de l’histoire de la Région », pour 5,1 milliards d’euros, encore renforcés par l’amendement JO. Là encore, il insite sans détour sur la proximité avec les gouvernements successifs : « Tout le monde m’accuse d’être macroniste. Mais pour les arbitrages, ce n’est pas si mal d’être proche du gouvernement… » Dans le même veine , il  énumère :
– la Ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur, « 30 ans qu’on attendait le premier coup de pioche », financée par l’État, les collectivités et l’Europe, avec 90M€ supplémentaires obtenus récemment.
-les grands projets de santé : biocluster de Marseille et IHU des maladies respiratoires à Nice -150M€ dans la spécialité régionale, avance-t-il.
– la labellisation du théâtre de Durance comme nouvelle scène nationale,
– le plan Marseille en Grand, arraché « auprès du président de la République »,
– le Ségur de la santé, avec 1,5 milliard d’euros d’investissements pour les hôpitaux régionaux (Carpentras, Embrun, Salon, Fréjus),
– et le pipeline hydrogène BarMar entre Barcelone et Marseille, validé par l’État et financé par l’Union européenne.

À cela s’ajoute ce qu’il appelle la “vitrine internationale” : Jeux Olympiques et Paralympiques d’été 2024, Jeux d’hiver 2030, venue du pape François, Coupe du monde de rugby, Tour de France à Nice… «Cela fait beaucoup de visibilité internationale très positive pour nos territoires », insiste-t-il.

Défendre un territoire : forces de l’ordre, mer, loups, lavande…

Le bilan se veut aussi celui d’un territoire “défendu” sur plusieurs fronts. Il indique entre autres  les choix faits sur les ports et la mer : électrification des quais à Marseille, Toulon et bientôt Nice, défense de la délégation de service public maritime avec la Corse à Bruxelles. -En Camargue, il assume son opposition à la création d’un parc national, lui préférant le maintien du Parc naturel régional et l’annonce d’un dixième parc dans la Plaine des Maures.
Sur la lavande, il raconte avoir pesé pour éviter qu’elle ne soit assimilée à un produit toxique au niveau européen : « Cela a sauvé beaucoup de nos territoires» À travers  nombre de dossiers  Renaud Muselier  parle d’une Région  qui «plaide à Bruxelles et à Paris pour le compte de ses territoires», qu’il s’agisse de paramédicaux, de projets jugés «écologiquement intenables ou d’industries à maintenir».

L’Europe comme caisse de résonance… et comme horizon

Sur la table, un recueil de 300 pages concernant  500 millions d’euros de projets européens. Culture, climat, eau, économie bleue, citoyenneté… projet par projet, territoire par territoire. Renaud Muselier s’y appuie pour expliquer : « Tout est éligible, ou presque, quand on sait s’y prendre ». À ses yeux, l’Europe, longtemps centrée sur la seule transition verte, a vu ses priorités évoluer vers la défense. Il plaide notamment pour que la Région devienne un acteur stratégique dans ce nouveau contexte, en faisant valoir sa position de façade méditerranéenne, ses ports, ses bases militaires et ses pôles de recherche.

Dix ans et une cérémonie : les « Trophées du Sud »

Pour donner un prolongement public à ce bilan, la Région organise une cérémonie des “Trophées du Sud”, ce mercredi 17 décembre 2025 à 18h, à l’Hôtel de Région à Marseille. L’exécutif régional y présentera ces dix ans comme une décennie de projets « qui ont changé le quotidien et structuré durablement le territoire» citant les transports, lycées, environnement, culture, santé, économie… Les habitants ont été associés en amont : un questionnaire leur a été proposé pour identifier les réalisations qui les ont le plus marqués depuis 2016. Leurs réponses permettent de faire ressortir les initiatives qu’ils jugent les plus déterminantes, selon leur expérience et leurs priorités. La cérémonie mettra en lumière les projets lauréats dans différentes catégories (environnement, transport, sport, culture, santé, économie, agriculture, Europe, jeunesse, lycées) et celles et ceux qui y ont contribué, aux côtés des acteurs du territoire.

Dix ans après, le président de Région dresse donc le portrait d’un territoire mieux desservi, davantage financé par l’Europe et plus visible sur la scène nationale et internationale. À charge désormais pour les habitants de dire, à travers les Trophées du Sud, quels projets ont réellement marqué leur quotidien.

Patricia CAIRE

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