Grace Tulomba est arrivé à Marseille avec sa mère et ses sœurs en 2006. Il a 13 ans. Ce sont des réfugiés congolais qui seront sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une mobilisation s’organise et finalement la famille est autorisée à rester en France. Grace vient d’ouvrir son deuxième restaurant et ne compte pas en rester là.
De sans papier à chef d’entreprise
L’histoire de Grace ressemble à un conte de Noël. « Je suis passé de réfugié sans-papiers, sous le coup d’une OQTF, à chef d’entreprise avec 20 salariés dit-il dans un sourire. Comme quoi le rêve français ça existe. Il n’y a pas que le rêve américain. Et c’est une très belle histoire elle démontre que l’immigration n’est pas que néfaste.»
La galère des réfugiés
Arrivé en France avec sa mère et ses cinq sœurs, Grace a eu une adolescence qui a rimé avec galère. Ces réfugiés congolais ont fui la RDC à la suite de persécutions mais ils se voient finalement refuser leur demande d’asile et sont sous le coup d’une OQTF. Les enfants sont des élèves brillants alors la mobilisation de diverses associations et du monde scolaire leur permet de rester en France. La maman exerce le métier de traiteur comme elle en avait l’habitude en République Démocratique du Congo lors des grands rassemblement de l’église protestante. « On a vécu une galère comme réfugiés, celui qui devait nous faire passer en Suisse nous a abandonnés à Colmar. Seul Grace savait un peu de Français appris à l’école. On était un peu perdus mes six enfants et moi ». Grâce à des associations ils arrivent à Marseille, les enfants sont scolarisés et une demande d’asile effectuée. « Le problème c’est que mes parents étaient Angolais alors, même si on est tous nés en RDC et qu’on ne connaissait rien de ce pays, la France voulait nous renvoyer en Angola ». Réseau sans frontières (RESF) et le monde scolaire se mobilisent et la famille obtient le droit de rester en France. « On n’a pas oublié notre galère mais on vit un conte de fées ».
Mama Nelly
Grace vient d’ouvrir son deuxième restaurant à Marseille sous l’enseigne Mama Nelly, le prénom sa mère qui lui a appris à cuisiner. Au menu de Grace Tulomba, plats africains de la maman, revisités avec des touches de modernité. « Je mets de la crème cheese dans l’entrée par exemple. On n’a pas ça en Afrique, on associe juste mangue et crevettes mais je trouve que cela apporte de la fraîcheur au plat et j’ajoute des bananes plantain», commente Grace. Les autres plats évoluent aussi. On retrouve un burger à la carte avec un effiloché de poulet, poivrons et oignons marinés et une sauce mayonnaise-paprika.
« Je suis fière de lui »
Dans la famille Tulomba, Grace est le seul garçon au milieu de cinq filles. Deux de ses sœurs et sa mère l’ont rejoint. Mama Nelly est fière du rejeton même s’il détricote un peu la cuisine africaine et la modernise. « Il maîtrise bien les choses, il fait plus que moi-même. Lui, il a beaucoup voyagé alors il a appris d’autres cuisines mais la base reste africaine ».
Une histoire de famille et d’amitié
Aujourd’hui Grace emploie une vingtaine de personnes. Dans ce nouvel établissement il s’est associé à Daniel Tran. Une histoire d’amitié entre ces deux trentenaires qui se sont connus au collège et qui nourrissent de belles ambitions. « On essaie de développer la marque, on prend beaucoup de plaisir à ça. C’est une aventure familiale, je connais la famille depuis tout petit. On espère, si tout va bien, ouvrir deux autres enseignes en 2025 ».
Impact social
Grace, l’ex-réfugié n’oublie pas son passé, il veut que son entreprise garde un impact social. En décembre, les étudiants peuvent déjeuner pour un euro. Pour la fête des mères, la maman ne paie pas le repas. Autant d’actions qui le font connaître mais visent surtout à rendre ce qu’on lui a donné.
Reportage Joël BARCY
Mama Nelly – 26 Rue Jean François Leca – 13002 Marseille. Mama Nelly Bistro – 89 rue de la république – 13002 Marseille – Tél: