La santé financière des Restos du cœur va mieux mais le nombre de bénéficiaires continuent de croître. Le département a fait partie des cinq départements les plus touchés par la précarité l’année passée et cette campagne s’annonce sur le même rythme. Entretien avec Alain Evezard, le président des Restos du 13.
Offrir plus
Le lancement de la campagne 2024-2025 des Restos est plus sereine. Pas d’appel à l’aide de leur président national comme en 2023 où il annonçait leur « fermeture dans trois ans » si l’aide n’arrivait pas. Message reçu, les dons ont afflué (33 millions), la hauteur du déficit. Depuis, le rythme n’a pas chuté et les Restos peuvent voire plus large. « On peut offrir plus, on va revenir à 6 repas par personne et par semaine, se félicite Alain Evezard, le président des Restos du Cœur (13). On avait, la mort dans l’âme, dû réduire le nombre à 4 l’an passé». En France, les Restos ont donc servi 163 millions de repas au lieu de 172 un an auparavant.
Un barème « unique »
Pour cette campagne les Restos du Cœur sont passés au barème « unique » sur l’année. Auparavant ils avaient un « barème été » plus restrictif. C’est ce dernier qui a été appliqué l’hiver dernier et a permis de réduire sensiblement le nombre de bénéficiaires sauf dans quelques départements comme les Bouches-du Rhône. « La précarité était telle que ceux qui étaient retirés des listes ont été remplacés par des plus pauvres. On s’attendait à une baisse de 20% mais on est restés stables », confie Alain Evezard.
12% de hausse
Cette année Alain Evezard s’attend à une nouvelle hausse des précaires. Pas d’embellie économique à l’horizon alors « on envisage accueillir 12% de personnes en plus. On ne sera pas loin de 60 000 ». Désormais l’association va mettre l’accent sur les familles monoparentales, elles représentent 25% des personnes enregistrées. « On va ajouter 10% au barème initial pour permettre d’en intégrer plus. Dans 70% des cas en France ce sont des femmes avec enfants mais dans le département on atteint les 80%. »
Plus de 4 000 bébés dans la précarité
Dans les Bouches-du-Rhône, ce sont 4 136 bébés (0 à 3 ans) qui pointent aux Restos du cœur. L’idée est de favoriser ces familles. « A partir de 12 mois on donne plus de fruits et légumes et des produits d’hygiène pour que le bébé puisse croître en bonne santé et dans une ambiance sereine. On veut tordre le cou à l’étude de l’OCDE qui indique qu’il faut 6 générations pour sortir de la précarité en France. On multiplie donc les actions pour un accès aux droits, à la protection, à la formation pour que la précarité ne devienne pas une fatalité ».
Déménagement
Enfin ! Depuis des années les Restos du 13 réclamaient un déménagement face à des locaux trop petits et peu fonctionnels. Ce sera effectif dès janvier prochain. Ils vont migrer dans le 2e arrondissement de Marseille où ils pourront augmenter du tiers leurs capacités de stockage. En outre ils partageront les locaux avec 4 autres associations caritatives. Selon Alain Evezard, « cela permettra de partager les charges, de mutualiser le matériel de manutention. En outre on partagera les bonnes idées, c’est une richesse». Il est loin le temps où chaque association caritative préservait son pré carré pour obtenir des fonds. Aujourd’hui le caritatif vit au rythme de l’entreprise avec ses économies d’échelle à faire et sa rentabilité. Et c’est finalement le citoyen qui en ressort bénéficiaire.
Joël BARCY