Retour sur…. Avignon. Festival Off : trois spectacles où on a affiché complet.

Publié le 6 août 2023 à  11h10 - Dernière mise à  jour le 11 août 2023 à  17h23

Clap de fin pour le festival Off Avignon. Sur les 1 500 spectacles tous n’ont pas fait le plein mais certains se jouaient à guichets fermés.  Focus sur trois spectacles très différents qui ont séduit le public.

Off Avignon « De la rue aux jeux olympiques » par la compagnie Pockemon Crew
A travers son spectacle « De la rue aux jeux olympiques », la compagnie Pockemon Crew raconte comment le hip-hop ou breaking va passer de la rue à l’enceinte des JO en 2024 (Photo Joël Barcy)

« De la rue aux jeux olympiques »

 A travers son spectacle «De la rue aux jeux olympiques», la compagnie Pockemon Crew met en scène l’histoire d’un conte de fée ou comment le hip-hop ou breaking va passer de la rue à l’enceinte des JO en 2024. Cette consécration a donné envie à Pockemon Crew, né sur le parvis de l’opéra de Lyon à la fin des années 90, de relater sur scène l’histoire du hip-hop. Un mouvement culturel et artistique apparu dans les années 70 aux États-Unis. Un mouvement souvent incompris, dérangeant, sujet à des répressions policières. 

Mariage des générations

 La salle se remplit vite, les marches aussi pour mieux voir le spectacle. Enfants, parents sont au rendez-vous pour découvrir l’épopée d’une culture qui mélange les styles, forme et transforme les danses. Le début a des airs de West side story avec des rivalités de terrain pour s’exprimer à travers le hip-hop tout en jouant au chat et à la souris avec les policiers. Un tapis roulant, un des rares artifices, amplifie les courses poursuites. Puis des battles viennent nourrir les affrontements entre équipes avant qu’un coach ne mette les jeunes au pas et prône des valeurs essentielles et universelles : respect, persévérance, dépassement de soi et ouverture d’esprit.

Optimisme

 Le message est simple, optimiste, comme l’aventure de la troupe Pockemon Crew, passée du bitume aux planches des théâtres. Riyad Fghani, directeur artistique depuis 2004, a été le premier danseur de hip-hop à intégrer l’opéra Bastille en 2000. Depuis il a fait émerger le hip-hop, son énergie et sa technicité. La compagnie a apporté au fil des années une énorme contribution au monde du hip-hop. Elle a formé 5 000 personnes aux techniques du breakdance et conquis près de 900 000 spectateurs à travers un répertoire composé d’une douzaine de pièces.

En 2024, ce sera la consécration, le breaking s’inscrira en tant que sport additionnel au même titre que le surf, le skateboard ou l’escalade. Rendez-vous place de la Concorde pour les compétitions les 9 et 10 août. Riyad Fghani pourra regarder les battles avec le sentiment du devoir accompli.

« L’Odeur de la guerre »

Jeanne est prête à monter sur le ring pour sa première compétition de boxe. Dans le vestiaire entre stress et adrénaline défile son enfance dans le Sud-Est,
C’est un seule en scène bouleversant que Julie Duval (Jeanne dans la pièce) propose avec « l’Odeur de la guerre » (Photo Joël Barcy)

C’est un seule en scène bouleversant. Sur les flyers Julie Duval (Jeanne dans la pièce) est représentée avec des gants de boxe, prête à partir à l’assaut de l’adversaire. C’est un uppercut !

Elle vous met KO

Jeanne est prête à monter sur le ring pour sa première compétition de boxe. Dans le vestiaire entre stress et adrénaline défile son enfance dans le Sud-Est, balisée par un père qui aurait préféré un fils, une mère qui n’en a que pour son toutou et un entraîneur qui ne veut que de la sueur et pas de larmes. La comédienne nous tient en haleine tout au long du spectacle. Travail au sac, pleurs, incompréhensions… Jeanne est un personnage touchant, baladé dans un monde sans pitié. A la fois fragile et forte, rebelle et sincère.

Bouleversant et féministe

Sentiments tus, révoltes incomprises, rêves anéantis, viol. Tout ici sent le soufre et est merveilleusement exprimé par une cogneuse renversante dont on devient rapidement supporteur. Julie Duval déborde d’énergie (vouloir tenir son rythme c’est un KO assuré !). Un seule en scène intime et bouleversant, féministe aussi avec ce combat d’une femme pour exister dans ce monde masculin. Tout ici est combat… Une « odeur de la guerre ».

Denali un thriller haletant, tiré d’une histoire vraie.
« Denali » de Nicolas Le Bricquir (Photo Joël Barcy)

 Cette pièce a demandé trois années de travail pour la compagnie Panama. Un thriller haletant, tiré d’une histoire vraie. Elle nous plonge dans le désœuvrement de la jeunesse avec ses conséquences dramatiques. Une histoire sordide où deux iadolescents sont à la fois victimes et bourreaux.

Construction originale

 Comme un pied de nez aux séries à gogo sur les plateformes, l’auteur et metteur en scène de « Denali », Nicolas Le Bricquir, a décidé de monter un spectacle comme si c’était une série, avec ses épisodes. Le résultat est original et surprenant. Tous les codes du cinéma sont présents avec générique, flashback… sauf que nous sommes au théâtre.

Le plateau est divisé en deux parties. Les acteurs passent d’une scène à l’autre.  L’une est destinée à la salle d’interrogatoire où l’on retrouve enquêteurs et suspects. Dans l’autre se tiennent les flashbacks. On voit comment les acteurs du drame ont tenté de raconter l’histoire puis, au fil des interrogatoires, ce qu’il s’est réellement passé. Sur un tulle blanc sont projetés les échanges de textos, les posts sur les réseaux sociaux… toujours les codes des séries.

Une sordide histoire

L’action se passe à Anchorage, petite bourgade au pied du Mont McKinley, appelé aussi Denali. Un lieu où la jeunesse s’ennuie à mourir. Alors Qui a tué d’une balle dans la nuque, avant de la jeter dans la rivière Cynthia, dite Cece ? Une jeune fille un peu attardée et naïve. Les deux dernières personnes à l’avoir vu sont Denali et Kayden. Denali se dit innocente et accuse Kayden mais des éléments sur son téléphone et des posts mentionnent autre chose. Alors comment et pourquoi Denali et Kayden ont pu en arriver au meurtre ? Le mieux sera d’aller voir la pièce vous aurez l’impression qu’un film se déroule sous vos yeux…

Reportage Joël BARCY

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